World falls away... [Pv William]

Un an. Une petite année. Un assemblage de jours plus ou moins identiques les uns les autres. Une journée à tenter de rendre à une petite ville paisible toute sa sûreté, à empêcher les êtres vils de prendre le dessus. Et puis ensuite, un petit détour chez celle qu’on aime, pour la prendre dans ses bras, et dire bonjour à l’être qu’elle porte dans son ventre. Une vie plus ou moins calme et tranquille en perspective. Jusqu’au jour où un père que l’on croyait disparu refait surface. Jusqu’au jour où un frère qui ne vous parlez que quand il le fallait, revient vous trouvez chez cette même femme pour vous dire qu’il faut partir, là, maintenant, tout de suite.

«C’est maintenant où jamais Sam» Sauf que Sam, avait presque réussit à oublier ce foutu démons et les horreurs qu’il avait pu faire à sa famille. Du moins il le pensait. C’est facile d’oublier, d’enfouir quelque chose de gênant dans un coin de sa tête, et puis de faire comme si ce n’était jamais arrivé. C’est plus difficile, de l’obliger à rester dans ce petit tiroir, en espérant que jamais il ne viendra gâcher le semblant de bonheur que vous avez réussit à créer. Dean était sortit, attendant sûrement dehors, appuyé contre la carrosserie de l’Impala. Cette scène il l’avait déjà vécu, quelques années auparavant. Sauf que cette fois, il fourrait ses affaires à la va vite sous le regard inquiet de Meg. Meg.. Il allait la laissé comme il avait laissé Jess. Une fois encore, il tournait le dos à ce qui était le plus important pour lui. Mais après tout son frère est censé être le plus important, non? Apparemment ses priorités avaient changé. Meg et son bébé d’abord, les vilaines bébêtes ensuite.
Relevant enfin la tête, il finit par la prendre dans ses bras, une dernière fois, avant de lui promettre qu’il serait de retour avant que le bébé ne pointe son nez. Promesse aussi fragile d’une toile d’araignée en pleine tempête. Il voulait y croire, il avait tout fait pour que sa voix montre qu’il était sûr de lui, que ce murmure n’était pas que des paroles en l’air, et qu’il serait bien là à temps. Sauf que ni l’un ni l’autre, n’étaient persuadé par ce joli mensonge. Un dernier baiser, tendre, éternel, avant que le chasseur ne quitte sa femme.

La Cleveland qu’il pouvait quitté, il ne la reverrait plus. Une boule au fond de sa gorge l’empêchait de respirer correctement, au fur et à mesure que les lumières de la ville disparaissait dans le rétro. Un sentiment plus que désagréable s’était abattu sur lui et ne voulait pas le laisser tranquille. Quelque chose clochait, il le sentait. Mais quoi, il était incapable de le dire.

«Allez fais pas cette tronche. Je te promets qu’on sera rentré à temps Sammy…» Visiblement la morosité du cadet n’était pas contagieuse. Dean lui, était tout sauf tendu. Enfin il l’était peut être un peu, mais le sourire satisfait qu’il affichait sur ses lèvres et la lueur de détermination qui pouvait brûler dans ses yeux, disaient qu’il était certain de ce qu’il avançait. Lui au moins, croyait en ce qu’il pouvait dire.

‘Les choses ont changés, les fleurs ont fané…’ Une ritournelle qui tourne en boucle dans la tête de Sam. Dean n’avait pas su tenir sa promesse. Ils étaient rentrés à Cleveland. Mais cette ville qu’ils avaient retrouvé n’avait rien à voir avec celle qu’ils avaient pu connaître. Avec celle qu’il avait pu aimer. Ses hauts immeubles n’étaient devenus qu’un tas de débris qui s’étendait à perte de vue. Comment espérer reprendre une vie normale, quand la ville que l’on avait appris à aimer est ensevelie sous les décombres et aux mains de ces créatures que l’on tentait de renvoyer en Enfer? Les deux frères sont de retour en ville que depuis quelques jours. Jours pendant lesquels Sam a tenté de retrouver son frère. Son frère qui est devenu un bon à rien dépressif qui ne fait que dire que tout est de sa faute. Les rôles finissent toujours par s’inverser. Voyant que ses efforts étaient vains, Sam à commencer à tenter de retrouver celle qu’il a laissé dans cette ville pourrie. Par où commencer? Il l’ignore. La raison le pousse à penser qu’elle a périt quand les Portes de sont ouvertes. Son cœur lui, lui dit qu’elle est toujours là quelque part au beau milieu de tout ce chaos.

***

« Sam!» Un hurlement, une voix qu’il connaît trop bien. Un simple prénom, hurlé par une voix féminine affolé. Ce prénom qui a poussé le jeune homme endormi à se réveiller en sursaut, haletant, froid de sueur. Ses nuits d’insomnie recommencent. Il avait réussit à trouver la paix avant de partir. Voilà que maintenant ses cauchemars reviennent. En fait, le même revient toujours. Dean aussi dort moins bien qu’avant. Un regard vers ce dernier. Il dort, plus paisiblement que son cadet. Sam soupire, se prend la tête dans les mains et se lèvre, quittant la chambre pour s’enfermer dans la petite salle de bain de l’hôtel. L’eau est fraîche, mais pas assez pour calmer ces tremblements et empêcher ces sueurs froides de l’assaillir. Relevant la tête, il fixa pendant un bon moment son reflet dans le miroir pourri accrocher au-dessus du lavabo. Ce reflet il ne le connu pas. Cet homme, aux yeux cernés toujours brillants d’une perpétuelle lueur d’inquiétude. Ce visage décomposé qu’il avait cru avoir oublié. La même expression d’horreur que lorsqu’il avait perdu Jess. Sauf que là, venait s’ajouter les heures de sommeil qu’il avait perdu, la peur d’apprendre que celle qu’il aime est réellement morte. La peur de voir ce mince filet d’espoir s’envoler comme un ruban se détache d’une natte et vole au vent. Tentant de respirer un peu plus normalement, de chasser cette voix qui résonnait encore dans sa tête. Enfilant quelque chose de plus décent que son vieux jogging et son t-shirt blanc un peu trop court pour sortir en pleine nuit, Sam quitta la chaleur étouffante de la salle de bain, prenant à la volée sa veste qui était restée gentiment posé sur l’un des fauteuils de la chambre. Dean ne broncha pas quand la porte s’ouvrit en grinçant, il ne fit que se tourner sur le côté, continuant de ronfler comme un ours endormi. Refermant précautionneusement la porte derrière lui, Sam enfouit ses mains dans les poches de sa petite veste marron et sortit de cet hôtel insalubre.

Sa ballade nocturne dans les rues de Cleveland fut assez tranquille. Il faut dire que la partie plus ou moins reconstruite de la ville, avait réussit à rester loin des assauts incessant des démons. Son errance le mena devant la haute silhouette de la cathédrale. Elle au moins était toujours debout, et les changements qui avaient pu s’opérer sur elle, étaient vraiment minimes. Les portes en bois massif étaient grandes ouvertes, laissant filtrer au dehors sur les marches blanches, la lumière jaunâtre des cierges et des autres trucs qui pouvaient servir de sources lumineuses. Sam y entra sans vraiment chercher à comprendre pourquoi. Après tout il n’était pas comme ceux qui étaient assis là, à attendre un quelconque chasseur pour obtenir des informations sur un quelconque démon. Ils n’étaient pas très nombreux ce soir là d’ailleurs. Deux, trois, pas plus. Leur murmures, censés êtres discret, résonnaient sur les hauts murs de l’édifice. Le jeune homme s’avança dans l’allée, évitant de trop s’attarder près des bancs occuper par ses ‘congénères’. Il finit par s’asseoir sur le premier banc, devant l’autel, le fixant sans vraiment le voir. Ce cauchemar était-il une vision, comme il avait pu en avoir? Non, sûrement pas. Ses visions se réalisent toujours, et il aurait déjà entendu parler de l’événement en question si c’était le cas. Et voilà qu’il avait mal à la tête maintenant. Qu’elle nuit de merde, franchement. C’est Dean, l’être amorphe et dépressif, pas lui. Comment ça se fait que le plus perturbé des deux arrivent à ronfler comme un ours alors que l’autre ne peut pas fermer l’œil? Les réponses évidentes, il les a déjà dans sa petite tête. Dean, n’a pas de vision cauchemardesques. Dean, n’ai pas hanté par le souvenir de celle qu’il aime. Dean n’a pas perdu, la seule famille qui pouvait lui rester. Il a perdu son père, Sam aussi. Mais un père perdu de vue depuis un bon moment, ne vaut pas la perte d’une femme qui a vécu auprès de vous pendant presque un an. Une femme et un enfant que vous ne connaîtrez sûrement jamais. L’histoire se répète toujours. Il n’aurait pas du partir ce soir là, il n’aurait pas du revivre cette scène sans y opposer la moindre résistance. Il n’aurait pas dû…

Cleveland. J’ai quitté cette ville il y a des mois et des mois. Je me souviens de tout, du moindre petit détail, comme si c’était arrivé hier. Pas seulement des images, mais des bruits, des voix, des cris, des odeurs. J’en fais encore des cauchemars, un an après. Tout ce que j’étais, tout ce en quoi je croyais, a disparu cette nuit là. Tout ce que j’ai perdu, jamais je ne le retrouverai. Je ne suis même pas sûr de le vouloir. Me suis je trop laissé aller ? Très certainement, mais je doute d’avoir été le seul. Je sais que d’autres ont vécu des épreuves bien pires. Ils ont vu leurs proches être massacrés sous leurs yeux, par des créatures dont ils n’avaient jamais imaginé l’existence. Il paraît que la ville renaît plus ou moins de ses cendres depuis un an. J’en doute beaucoup. Est ce pour ça que je suis revenu ? Non, je n’ai nul besoin, et encore moins nulle envie de vérifier la véracité de ces faits. Ils ont échoué, c’est indéniable, mais je ne peux leur en vouloir. Sont ils encore vivants ? C’est pour ça que je suis revenu. J’ai quitté l’Eglise, j’ai abandonné ma soutane noire et mon col blanc, ainsi que toutes les missions qu’on m’avait confiées. Enfin, pas toutes. Pendant un an, j’ai sillonné les Etats Unis pour des exorcismes, à la demande de chasseurs. Peu d’entre eux aiment faire ça, même si beaucoup y sont contraints. Alors un ex-prêtre qui ‘vend’ ses services, autant en profiter, pas vrai ? Et puis, disons les choses comme elles sont : le taux de survie quand c’est moi qui exorcise est bien meilleur.

Me voilà devant la cathédrale. Il n’y a plus aucun religieux à Cleveland depuis un an. Un massacre de nonnes et un prêtre qui jette l’éponge, c’est pas une très bonne publicité pour le Vatican. Enfin, tout ça m’indiffère à présent. ‘Vraiment ?’ hurle une petite voix dans ma tête. Non, pas complètement, sinon je ne serais pas ici, à fixer cette grande bâtisse dans laquelle j’ai vécu un bon bout de temps. Qu’est ce que je fais : j’entre ou je reste ici à me les geler comme c’est pas permis. Je sens une angoisse sourde monter lentement. Je repense à tout ce qui s’est passé : le vampire, le massacre de toutes les nonnes, Megalyn qui m’a volé cette foutue prophétie. Je crois que c’est ça qui m’inquiète le plus : ce qu’elle a pu en faire. S’il y a quelque chose de bon en elle, c’est profondément enfoui sous la noirceur qui l’habite. Et pour corser le tout, elle est extrêmement intelligente. Son seul point faible, c’est sa famille. Mais jamais je n’aurais le cœur de m’en prendre à un bébé.

Allez mon vieux, un peu de courage, t’as passé l’âge des gamineries. Je sors ma flasque d’alcool. Eh oui, en plus de ça, j’ai la fâcheuse tendance à boire. Qui va m’en blâmer de toute façon ? Pas de question gênante, pas de réponse désagréable. Après une longue gorgée qui me réchauffe les entrailles, je me décide enfin à gravir les marches en pierre. L’édifice n’est pas vide. Mais en voyant les hommes qui sont à l’intérieur, je me détends un peu. Des chasseurs, dont certains me reconnaissent, malgré mon absence de soutane et une vieille barbe de trois semaines. Ils me saluent, je les salue. Je jette un regard de côté, vers la crypte où j’ai laissé le corps du vampire. Visiblement, personne n’y est jamais retourné et c’est aussi bien. Ça doit sentir le corps en décomposition, alors le malheureux qui ouvrirait serait foudroyé sur place, à mon humble avis.

Je continue à avancer lentement dans l’allée dallée. Ces hommes parlent, marchandent, truandent un peu. Sans baisser la voix, sans hurler non plus. Pourquoi respecter la maison de Dieu, vu que Dieu l’a désertée il y a un an. Si Dieu il y a. Enfin peu importe. Je ne suis ici ni pour prier ni pour me faire pardonner. Seulement pour me recueillir. Des femmes que j’appréciais énormément sont mortes ici. Pour me protéger. J’aurais probablement continué et je serais allé dans ce qu’il reste de mon bureau si je n’avais pas vu le jeune homme assis au premier rang. Sam. Le monde est petit. Il a l’air encore plus paumé que tous les malheureux que j’ai pu croiser depuis un an. Je me souviens brusquement de ce que Megalyn m’avait confié. Il était parti avec son frère, une semaine plus tôt. Serait ce possible qu’il ne soit jamais revenu ? Non, j’ai eu toujours un flair parfait en ce qui concerne les autres, et Sam n’est pas comme ça. D’autant plus que je lui avais longuement parlé, lui expliquant ce que Megalyn elle même ne savait pas. Du moins le pensais je. Je ne peux m’empêcher de passer ma main à l’arrière de mon crâne, à l’endroit où elle m’a rageusement frappé. Et encore, rageusement, je suis encore très loin du compte. Je me demande comment elle a fait pour ne pas m’ouvrir le crâne, et surtout, comment j’ai fait pour me réveiller si vite après un coup pareil. Me réveiller sans être à moitié fou et/ou handicapé. Mais je vois le bon côté des choses : ne jamais sous estimer une femme, et surtout, ne jamais lui tourner le dos. D’autant plus quand cette femme est une jeune mère. Qui a dit que l’Homo Sapiens n’était pas un animal ? Quelqu’un qui ne devait pas côtoyer des femmes très souvent…

Je ne suis pas sûr que Sam m’ait vu ou entendu. Quoi que. C’est un chasseur, il m’a forcément entendu. Mais il ne me regarde pas. La façon dont il fixe un point invisible devant lui me rappelle tant de personnes que j’ai tenté d’aider. Est ce que je fois l’aider, lui ? Je ne vais pas dire que je le connais bien, mais je n’ai pas eu de mal à le cerner. Il s’inquiétait pour elle et je doute fortement que ça ait changé, même un an après. Mais que fait il ici dans ce cas ? S’il s’était disputé avec elle, il ne serait pas dans un tel état d’abattement.

« Je vous aurais bien dit bonsoir, mais ce n’est un bon soir pour personne. »

Oui, en plus, je suis devenu cynique. On se protège comme on peut. Le jeune homme a levé la tête quand je me suis assis près de lui. Il a dû me reconnaître. En tous cas je l’espère, sinon je vais avoir l’air très con. Il fixe à nouveau le mur. Bon, ça sera pas du gâteau. Je lui demande s’il se souvient de moi et il hoche vaguement la tête. Mouais, je sens que je vais galérer. Peut être que si j’abordais le sujet Megalyn, il se montrait plus… Sociable, dans le bon comme le mauvais sens. Ce serait toujours plus agréable que de me heurter à une paroi infranchissable.

« Que faites vous ici, Sam ? Vous ne seriez pas mieux auprès d’elle ? »

Sa réaction me laisse perplexe, il est brusquement tendu comme si on l’avait électrocuté. Aurais je fait la bourde de l’année ? La façon dont il me regarde me laisse encore plus perplexe. Son regard est suppliant. Mais pourquoi ? Il sait pertinemment que je ne lui ferais jamais rien. Enfin, tout est relatif. Si je pouvais, je m’occuperais d’elle, mais je me vois mal priver une enfant de sa mère, surtout en des temps aussi sombres. Et lui ne mérite pas plus de perdre encore une personne qu’il aime. Sauf que plus ça va, plus je me demande s’il ne l’a pas déjà perdue…

Son cauchemar encore présent, toujours accroché à ses paupières, empêchait le jeune homme de penser à autre chose. De faire comme si, ce n’était qu’un simple rêve comme tant d’autre, un simple rêve et non une vision horrible d’un futur proche ou d’un passé plus proche encore. Passé, futur ou présent, les faits sont là. Et de toute façon ce qu’il voit ne fera qu’arriver, si ce n’est déjà fait. Pourtant tout le monde sait,, que notre inconscient peut nous jouer des tours, nous faire voir ce que l’on redoute le plus. Les peurs les plus fortes des êtres humains, sont celles qui nous empêchent de dormir le soir, celles qui nous hantent et qui ne veulent pas nous laisser de répit. La peur de Sam? Perdre sa famille, ou du moins ce qu’il pouvait en rester. Il pensait avoir perdu Meg, et son enfant. Il n’avait pas perdu Dean et se raccrochait à cette petite lueur d’espoir comme un naufragé qui s’accroche à un rocher pour éviter de se faire happer par les flots tumultueux. Petite lueur toujours aussi agaçante malgré l’état de dépression dans lequel elle pouvait se trouver.
Les murmures qui pouvaient se faire entendre autour de lui, le laissait indifférent. Il n’entendait rien, pas plus qu’il ne voyait le mur de pierre qui pouvait se trouver devant lui. Un gouffre sans fond venait de s’ouvrir sous ses pieds, entraînant dans ses abysses tout ce qui pouvait entourer le jeune homme. Cette impression de sombrer, il la connaît depuis qu’il est revenu ici. Depuis qu’il a vu ce qu’est devenu la ville qui avait réussit à lui redonner le sourire. La vie continue, comme le dirait si bien Dean. Sauf que le Dean actuel, est bien incapable de dire une chose pareille. La vie pour lui, comme pour son frère, s’est arrêté. Il s’en veut, pensant que tout ce qui a pu se passer est de sa faute, pourtant ce n’est pas le cas. Il aurait pu, il aurait dû. Après tout, c’est Dean qui a eu la bonne idée de l’éloigner de Meg. Mais cette fois Sam est trop perdu pour pouvoir en vouloir à son frère. A quoi bon, prendre le risque de voir partir en fumée les restes de famille qui ont pu résister à la tempête?
Des bruits de pas avaient finit par se faire entendre, dominant les légers murmures des chasseurs qui pouvaient se trouver autour de Sam. D’abord lointains, les échos de cas chaussures sur les dalles venaient se répercutés sur les hauts murs de pierre, se rapprochant un peu trop de là où était assis le jeune homme. A quoi bon paniquer, les démons ne viennent plus dans cet endroit. Ils seraient bien assez fou de le faire en tout cas.

Continuant de fixer le magnifique mur qui se trouvait devant lui, Sam n’entendit que d’une oreille la remarque cynique qui venait de s’élever près de lui. Il leva tout de même la tête, histoire de s’assurer qu’il n’avait pas rêvé, et que cette voix était bien réelle, et non pas un truc débile que son petit cerveau en compote aurait pu inventé pour lui jouer un nouveau tour. L’homme qui se tenait debout devant lui, lui rappelait vaguement quelqu’un. Il reposa toute son attention sur le mur, essayant vainement de trouver qui était ce bonhomme qui lui était vaguement familier. Mais c’est bien sûr. Le prêtre qui bossait ici avant que la ville ne sombre dans le chaos. Le crétin qui lui avait balancé tout un tas d’obscénités sur Meg, en espérant arriver à briser son couple. Le pauvre, il avait fait tout ça pour rien.
Le prêtre, qui n’avait plus l’air d’en être, finit par demander à Sam si il se souvenait de lui . Encore trop abruti pour pouvoir répondre correctement, c’est-à-dire l’envoyer paître comme il se doit, Sam se contenta d’hocher gentiment la tête. Décidément le mur lui plaisait ce soir.
Et puis, la question fatidique arriva. Qu’est ce qu’il fait là? Et pourquoi il n’est pas avec Meg? Deux simples questions, basiques, plus que basiques même, qui avaient réussit à tordre ses entrailles, comme c’est pas permis. Sortant de la contemplation du mur, Sam posa un regard presque suppliant sur l’homme qui était à présent assis à côté de lui. Se reprendre, à quoi bon ramper aux pieds d’un homme qui voulait voir Meg morte et enterrée il y a un an? Il l’avait perdu, tout ça à cause d’un démon débile qui lui avait pourri la vie pendant trop longtemps. Une fois encore les remords s’emparèrent de lui. Pourquoi avait-il fallu qu’il parte bon sang, il savait très bien que cette histoire se finirait mal…

«J’essaye de trouver un peu de paix au beau milieu de la nuit» murmura-t-il, plus pour lui que pour celui qui se tenait à ses côtés. La question lui brûlait les lèvres. Pourtant il n’osait pas la poser. La réponse que pourrait lui donner son interlocuteur pourrait faire s’envoler en fumée les derniers morceaux d’espoir qu’il pouvait avoir.

«Je serais sûrement auprès d’elle c’est vrai. J’ignore seulement où je pourrais la trouver, et si elle est encore en vie… » Souffla-t-il, cette fois suffisamment fort pour que l’ancien prêtre l’entende. Son regard s’égara une fois encore sur le mur, avant de revenir se poser sur cet homme qui pourrait peut-être lui en apprendre plus sur Meg, et sur ce qui lui était arrivé…

La paix. Et moi donc… Qu’est ce que je ferais pas pour un peu de paix. Il a dit ça si doucement que j’aurais presque pu croire que ce n’était qu’un tour sadique de mon esprit embrumé. Mais non. Il cherche la paix. La suite me laisse plus que stupéfait. Il ne sait pas où elle est, ni si elle a survécu à tout ça. Alors il n’est jamais revenu. Ou n’a pas pu. Plus probable. La façon dont il me regarde fait peine à voir. J’ai la désagréable impression d’être son dernier espoir. Ce qui, au fond, n’est peut être pas totalement faux. Je réfléchis au meilleur moyen de faire passer la pilule. Et… Je n’en trouve strictement aucun. Rien n’est pire que de ne pas savoir. Je suis bien placé pour le savoir. Je ne sais pas ce qui est arrivé aux quatre jeunes gens que j’ai aidés. Ou plutôt, qui m’ont aidé sans vraiment s’en rendre compte. Pour ce qui est de Megalyn, je dirais que je ne me fais pas trop de souci pour elle. Contrairement à Sam.

« Sam, elle a survécu à tout ça. J’étais avec elle cette nuit là. Ma ‘mission’ n’était pas uniquement de la surveiller, je devais la protéger et l’aider également. Quand j’ai compris ce qui allait arriver, je suis allé chez elle. Elle était en plein travail et donc, par ce fait, incapable de se déplacer où que ce soit. Votre fille est venue au monde quelques heures après. »

Je vois une légère lueur d’espoir dans son regard. Au moins, il sait qu’elles sont vivantes. Est ce que je lui dis que sa compagne m’a cogné comme une boxeuse professionnelle ? Remarque, il la connaît bien mieux que moi, autant ça ne le traumatiserait même pas, étant donné qu’il a des soucis autrement plus importants que mon malheureux crâne. Qui va bien, merci de vous en inquiéter mesdames.

« Mais rester à l’appartement s’est avéré trop dangereux. Alors je les ai emmenées ailleurs. Dans un endroit que je pensais sûr, ce qui n’était, hélas, pas le cas. Megalyn a finalement décidé de continuer seule. Je vous avouerais que je ne m’inquiète pas pour elle. Vous la connaissez, ceux qui se sont frottés à elle n’en ont pas réchappé. Cela dit, elle était intimement persuadée que vous alliez revenir, donc je doute qu’elle ait quitté la ville. Il est plus probable qu’elle se cache sous une fausse identité. »

Je soutiens durement son regard. Je ne l’ai pas spécialement épargné, lui jetant à la figure, quasi littéralement, que la mère de sa fille n’a aucun scrupule à éliminer ceux qui se dressaient en travers de son chemin. Sam est quelqu’un de bon, les raisons qui font qu’il est avec une jeune femme aussi différente, voire même radicalement opposée à lui, me dépassent, mais comme qui dirait, l’amour est aveugle. Les opposés s’attirent, c’est peut être ce qui les rend si forts. Sauf qu’un an d’éloignement, ça peut être largement suffisant pour les séparer, d’autres ont jeté l’éponge en moins de temps que ça. Peut être ces couples là n’étaient pas aussi déterminés et entêtés que le sont Megalyn et Sam.

« Je suis sincèrement désolé de ne pouvoir vous aider plus. L’année qui vient de s’écouler a été dure pour tout le monde par ici. Ne baissez pas les bras, vous allez finir par la retrouver, Cleveland n’est pas si grande que ça. »

Je serre les dents. Je parle et je me comporte encore en prêtre. Ce jeune homme me fait tellement de peine. A son âge, il en a vu plus que de raison et pourtant il n’a pas perdu la tête, et surtout, il n’a pas perdu espoir. Je devrais prendre exemple sur lui, ça m’aiderait certainement mieux qu’une flasque d’alcool et une jolie femme différente toutes les nuits…

Il aurait dû savoir que Meg se serait sortit de tout ce merdier sans trop souffrir. Dans son état habituel elle aurait sûrement réussit, enceinte les choses sont plus difficiles à faire. C’est sûrement à cause de cela qu’il s’inquiétait autant pour elle. Le jeune homme avait continué de fixer celui qui allait peut être l’aider à apprendre où se trouvait Meg, et si elle était encore en vie. Elle l’était toujours, il venait de l’entendre de la bouche de l’ex prêtre. Une fille? Bon sang. Emu, heureux, triste à la fois, pleins de sentiments assez contradictoires et qui pourtant arrivaient à le rassurer, à faire renaître de ses cendres le peu d’espoir qu’il pouvait lui rester. Elles étaient en vie, c’était le plus important. Où elles pouvaient être, il finirait peut être par le savoir. Déterminé comme il l’est, il ne baissera peut être pas aussi facilement les bras.

Sam est resté impassible. Laissant l’homme assis à côté de lui, vider son sac. C’est pas très bon à attendre tout ce qu’il lui dit là mais bon il va faire avec et encaisser gentiment. Connaissant Megalyn comme il commence à la connaître, savoir qu’elle n’a pas hésité à éliminer tous ceux qui, pour elle, représentaient une menace pour sa fille ne l’étonne pas. Il sait ce qu’elle est vraiment, et de toute façon il ne peut rien y changer. Un être mauvais le reste toute sa vie. Sauf que le mal qui peut le ronger, peut s’atténuer, pratiquement disparaître pour rendre cet être vil, aussi pure qu’un être qui est censé être du bon côté. Apparemment, lui seul le comprend. Apparemment, il est le seul à voir que Meg n’est pas si mauvaise que ce que l’on veut lui faire croire. Entêté, mais pas stupide quand même. Franchement, il ne serait pas resté avec elle, si il avait pensé, ne serait-ce qu’une seule seconde, qu’elle pouvait être une menace pour lui et pour les autres. Toutes les mères peuvent se montrer dangereuses quand il s’agit de protéger leur enfant, pourquoi est-ce que Meg, échapperait à cette règle? Sam n’a pas cillé, soutenant le regard dur de William. Le pauvre, il n’a aucune chance de gagner à ce jeu là. Meg avait l’habitude de le fixer comme ça, espérant sans doute qu’il baisserait enfin les yeux. La pauvre, elle n’a jamais réussit à soutenir son regard bien longtemps. Pourtant Dieu sait, qu’elle pouvait rendre l’émeraude de ses yeux froids et durs comme de la glace. Le jeune homme finit pourtant par regarder ailleurs, esquissant un léger sourire forcé quand il entendit la fin de la remarque de son interlocuteur. Pas si grande que ça? Depuis combien de temps il n’était pas sortit de sa cathédrale ou de son appart’ hein? Cleveland à beau être ‘une petite ville’ comme il dit, y retrouver quelqu’un n’est pas chose facile. Honnêtement, si c’était aussi simple, il ne serait pas là à fixer un mur de pierre en se tordant les méninges pour essayer de savoir par où commencer ses recherches, sans se faire chopper par des démons à deux balles.

"Vous m’avez bien plus aidez que vous ne le croyez..." souffla-t-il au bout d’un moment. C’est vrai non, c’est grâce à William si il a appris que Meg et sa fille étaient en vie. C’est pas grand chose, enfin pour certain ce serait vraiment anodin, pour lui ça représente beaucoup. Là, il est certain de ne pas chercher pour rien, quelqu’un qui n’est plus de ce monde. Un petit détail qui lui avait échappé revient faire surface au dessus du brouillard qui pouvait régner dans sa tête. Une fausse identité? Mais c’est super ça! Ca va prendre deux fois plus de temps de les retrouver. En temps normal, il aurait fait un rapide petit tour à l’hosto, histoire de consulter les registres pour voir l’adresse de la jeune femme. Sauf que là les temps ne sont pas normaux, et en plus elle a accouché à la maison. Une partie de plaisir en perspective.
Un mal de crâne horrible venait de refaire son apparition. Bon sang, depuis combien de temps il n’avait pas eu aussi mal? La réponse est simple depuis sa dernière vision. Fronçant les sourcils, le jeune homme se pencha légèrement en avant, prenant sa tête entre ses mains. Sa vue se brouilla doucement. Les dalles de pierre qu’il pouvait voir finirent par disparaître dans un flash blanc.

Une jeune femme rousse lui tournait le dos, debout devant une chose qu’il ne pouvait pas voir. Un nouveau flash vint faire disparaître cette image floue. Une nouvelle, plus nette cette fois. La même femme, qui tenait dans ses bras, un bébé à la chevelure châtain. Bébé qui pleurait et que la jolie tentait de calmer en la berçant doucement. Bizarrement il ne voyait rien d’autre. Juste cette femme, sa femme et sa fille, la pièce dans laquelle elles se trouvaient était plongée dans l’obscurité, l’empêchant de voir si cette chambre lui était familière ou non. Un autre éclair blanc revint lui brûler les paupières, rien ne le suivit cette fois.

Sans s’en rendre compte, Sam était tombé à genou sur le sol, s’appuyant contre le banc, ses mains enserrant toujours son crâne. Pourquoi maintenant? Pourquoi avoir une vision pareille, si il ne peut rien en tirer, hormis le fait de savoir que sa petite famille va bien?

Le jeune homme avait détourné le regard avant de subitement tomber à genoux dans un grand bruit. Les chasseurs stationnées près de la porte se sont retournés en sursautant légèrement, mais je leur fais un signe pour les rassurer, l’air de dire ‘tout va bien les gars, no panic, no stress’. Avant de fixer à nouveau Sam. Il souffre, c’est indéniable. Je n’ai jamais cru toutes ces rumeurs qui disaient qu’il fallait se méfier de lui, sous prétexte que son pouvoir lui venait du démon aux yeux jaunes. Peu d’entre savent que le nom dudit démon est Azazel, et je doute que les Winchester ne le sachent aussi. Sam est medium, certes, mais ça ne fait pas de lui un monstre. Je suis persuadé qu’il se passerait volontiers de tout ça. J’ai entendu si souvent des croyants qui voyaient des choses horribles et se pensaient possédés. Beaucoup de mediums deviennent fous. Sam aurait de bonnes raisons de le devenir. Et malheureusement pour lui, je ne suis pas sûr que le pire soit derrière lui.

Je m’agenouille aux côtés du jeune homme, passant un bras autour de ses épaules pour l’aider à se relever. Malgré la douleur et ses yeux brillants de larmes, je vois bien qu’il a le regard nettement moins vide que quelques minutes auparavant. J’espère que sa vision lui a ôté un poids, et je ne pense pas me tromper en étant quasiment sûr que c’est le cas. Cependant, je préfère ne rien lui demander, estimant qu’il finira tôt ou tard par parler. Pas forcément à moi, mais j’espère qu’il parlera à quelqu’un. Mais pour le moment, il a encore trop mal, et je préfère le laisser se remettre tranquillement. Nous nous rasseyons sur le banc, les autres chasseurs se désintéressant totalement de nous. Ce qui me semble mieux.

J’ose espérer que, en dehors de son frère, Sam n’a parlé à personne de sa relation avec Megalyn. Il se mettrait en danger de façon inutile. Mais tout ça, je pense qu’il le sait déjà. Je pense également qu’il ne se leurre pas sur le sentiment de certains chasseurs. Enfin bref, ils m’ont toujours fait confiance, et le fait que je parle ainsi à Sam devrait les inciter à moins se méfier du jeune homme, à défaut de ne plus s’en méfier du tout. Ledit jeune homme qui reste silencieux. Je pose une main sur son épaule, demandant à mi voix ce qu’il a vu. Il n’est même pas étonné que je sache. Après tout je suis un ancien prêtre, j’en ai vu défiler pas mal en plus de dix ans.

« Sam, vous pouvez me parler. Je ne suis peut-être plus prêtre, mais vous pouvez avoir confiance en moi. Tout ce que vous me direz restera entre nous. Je ne garantis pas que je vous aiderai, mais confiez vous, ça ne vous fera pas de mal, je vous assure. »

Lui qui avait eu l’audace de croire que ces satanés visions étaient parties en même temps que le Démon, il avait eu tort. Pourtant depuis un an, il n’avait rien vu. Aucunes visions, aucuns rêves qui pourrait lui indiquer quoi que se soit concernant Meg, ou une autre chose quelconque. Et là, d’un seul coup, il avait ressentit cette douleur atroce. Lui qui avait voulu passer inaperçu au milieu de tous ces chasseurs un peu trop suspicieux c’est râpé. L’homme qui lui avait tenu la causette les minutes précédentes, avait passé son bras autour des épaules tremblantes de Sam. Sam qui ne voyait plus rien à part ces images étranges qui auraient dû le réconforter mais qui dans un sens arrivait à l’attrister encore plus. Heureux de voir que sa femme et sa fille allaient bien, il était triste de ne pas pouvoir être près d’elles à ce moment précis. William aida Sam a se relever. Revenant s’asseoir sur le banc, le jeune homme tente de recouvrer ses esprits, ne comprendre le sens de cette soudaine vision, dont il ne voit pas vraiment l’utilité. Il n’a rien vu, à part Meg et le bébé. Il n’a rien vu d’utile qui pourrait lui dire si dans la chambre dans laquelle se trouvait les deux femmes était la chambre qu’ils avaient prévu pour le bébé, une chambre d’hôtel quelconque ou une chambre d’un appartement quelconque dans un des nombreux immeubles de la ville.
Une bouffée de colère l’envahi l’espace d’un instant. Il avait finit par penser que ce don était utile, il venait de revenir sur son jugement. A quoi bon voir des choses, si on ne peut rien en tirer? Les murmures des autres chasseurs reviennent peu à peu à ses oreilles. Il commence à se rappeler où il est, et avec qui. L’espace d’un instant il avait tout oublié, se sentant happé par les images de sa vision. L’espace d’un instant, il avait eu l’impression d’être auprès d’elles, dans cette pièce noire.

Une main vient se poser sur son épaule, le sortant complètement de sa transe. Sam, qui regardait devant lui, posa son regard encore brillant de larme sur William. Les mots se bousculaient dans sa tête et contre les portes closes de ses lèvres, mais rien ne voulait sortir. Il n’était en aucun cas surpris de voir que son interlocuteur savait tout. Après tout, son ‘petit secret’ est connu de tous les chasseurs. Secret qui lui a valu pas mal d’ennemis, il le sait, et qui fait de lui une proie assez facile étant donné qu’il est soit-disant ‘lié’ au Démon. Chaque problèmes en son temps. Les rumeurs et autres commérages ne l’impressionnent pas, et il a toujours eu l’habitude de faire la sourde oreille devant ce genre de truc, même si ceux qui peuvent courir sur lui en ce moment, arrivent à l’effrayer.
Le jeune homme secoua légèrement la tête, regardant un nouvelle fois ailleurs. Il poussa un léger soupir, se passant la main sur le visage. Geste de lassitude qui était devenu une habitude chez lui ces derniers temps. En plus d’être las, il était crevé, et commençait à penser qu’il aurait resté dans son lit au lieu de venir ici. Mais bon, il est là maintenant, et il se serait peut être mieux pour lui de parler à cet ex-prêtre plutôt que de toute garder pour lui, et finir par craquer devant son frère. Frère qui n’avait pas besoin de voir son cadet, fondre en larme ou se lamenter. Un seul démoralisé et défaitiste dans la famille ça suffit amplement.

« J’ai vu Meg, et ma fille…» murmura-t-il au bout d’un moment, fronçant légèrement les sourcils pour essayer de se rappeler du moindres détails de ce rêve qui commençait déjà à partir en fumée. « Vos dires étaient corrects, elles vont bien. Je n’ai rien vu d’autre. La pièce dans laquelle elles se trouvaient était plongée dans le noir, et les quelques détails que j’ai pu voir me sont inconnus… » Il s’arrêta net. Il savait que si il continuait, il allait finir par laisser sa colère l’emporter sur son calme légendaire. Et s’emporter dans un endroit pareil c’est pas vraiment une bonne chose, surtout en ces temps noirs et incertains….

« Sam, avez vous vu l’immeuble où vivait Megalyn ? Il n’en reste plus rien. Elle s’est très certainement trouvé un autre endroit où vivre, et c’est ce nouvel endroit que vous avez vu. De ce côté là, je suis persuadé que vous n’avez aucune inquiétude à avoir. »

J’exerce une légère pression sur son épaule, à la fois pour le calmer et pour le rassurer. Il est extrêmement tendu, prêt à exploser. J’espère qu’il va se détendre mais j’ai bien peur d’avoir un gros travail à faire. D’après le peu que j’ai pu voir entre maintenant et l’année dernière, le cadet des Winchester est le digne fils de son père. Dois je lui dire que je connaissais vaguement son père ? Je ne pense pas, étant donné qu’il est mort. Enfin, ce n’est qu’une rumeur, mais elle est très insistante.

« Y’a t’il un moyen qui vous permettrait de la retrouver ? Certes, il y a beaucoup de déménagements à Cleveland depuis l’année dernière, mais il doit y avoir peu de nouveaux arrivants. Comme je vous l’ai déjà dit, elle a très certainement changé de nom, mais je sais, par expérience, qu’elle a probablement utilisé un nom qui vous aiderait à la reconnaître. Il se peut qu’elle ait fait ça inconsciemment, mais je suis prêt à parier qu’elle l’a fait. »

La cathédrale est silencieuse tout d’un coup. Un bref coup d’œil en arrière m’informe que les quelques chasseurs qui étaient là ont déserté les lieux. Je songe au trousseau de clefs qui attend sagement au fin fond de ma poche. L’une d’entre elles ouvre mon bureau. La porte est fermée mais il se peut qu’elle ait été forcée. Depuis le temps. Le seul ‘problème’, c’est Sam. Je ne peux pas lui demander de déguerpir comme ça, et je ne sais pas si je peux l’emmener avec moi. Tant pis, je n’ai guère le choix. Je me lève et lui fais signe de me suivre. Espérant intérieurement que ce que je cherche y sera toujours. Elle a l’original mais j’avais eu la prudence de faire une copie, cachée là où personne n’aurait jamais songé à la chercher. Nous sommes devant la vieille porte en bois. Sam est à côté de moi, légèrement perplexe. On le serait à moins. Dois je lui dire ce qu’elle fait avec leur enfant ? Peut être bien, mais plus tard. Je pose la main sur la poignée, la tournant doucement. C’est fermé. Je ne peux m’empêcher de soupirer de soulagement. Je sors les clés de ma poche et déverrouille la porte. Ma ‘joie’ est de courte durée. Ils sont entrés par la fenêtre et ont tout saccagé. Les livres sont déchirés ou à demi brûlés dans l’ancestrale cheminée. Non mais qu’est ce que j’espérais ? Beaucoup trop visiblement. Les étagères sont renversées, les tiroirs du bureau gisent un peu partout dans la pièce. J’entre, ramassant un livre qui semble avoir résister mieux que les autres. Ont ils aussi trouvé les journaux de mes prédécesseurs ? Je m’agenouille, poussant le vieux tapis. La latte du plancher ne semble pas avoir bouger. Je la soulève et plonge ma main dans le trou béant, non sans une certaine appréhension. Il y a toujours eu des rats, malgré les coffrets qui protégeaient le tout. Les boîtes sont toujours là, couvertes de poussière. Si je ne les sors pas toutes pour les ramener à ma chambre, qui me dit que Sam ne reviendra pas les chercher ? Rien. Je devrais faire plus confiance au jeune homme, mais c’est une période trouble pour nous tous, et je ne peux me permettre de me tromper…

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