Devil Women ... Caution, men [Megalyn]

Encore une mauvaise journée pour Meg. Une journée qu’elle avait passée loin de Roween à cause d’une mauvaise information. Le ‘malheureux’ démon qui avait eu la fort peu judicieuse idée de se tromper avait vu sa misérable et pathétique existence fortement raccourcie par les soins de Megalyn elle même. Les deux années qui venaient de s’écouler avaient énormément changé la jeune femme. Auparavant, elle tuait pour se distraire, sans le moindre état d’âme. Elle n’en avait pas plus à présent, mais elle avait une bonne raison de le faire, du moins de son point de vue. Et cette raison s’appelait Sam Winchester. Elle refusait de croire qu’il soit mort ou qu’il l’ait abandonnée. Pas comme ça. Sam n’était pas comme les autres, sinon elle n’aurait jamais pu l’aimer autant.

Il faisait un froid glacial et avoir tué ce foutu démon ne l’avait nullement réchauffée ou calmée. Elle entra dans la maison, jetant son manteau un peu n’importe où. La nourrice s’approcha d’elle, lui disant que le bébé dormait. Elle allait partir mais la jeune femme la retint. La femme hocha la tête et disparut, sans toutefois quitter la villa. Meg se dirigea vers la chambre de sa fille, regardant l’enfant dormir paisiblement. Elle caressa les fins cheveux châtains, étouffant un soupir de frustration.

Il lui manquait, c’était un fait indéniable. Pendant sept ans, elle avait profité des hommes à sa guise, qu’ils soient riches, haut-placés, influents. Et voilà qu’un homme plus jeune qu’elle, bien plus bon qu’elle même ne pourrait jamais l’être, avait réussi à abattre sans peine les barrières qu’elle avait dressées.

Elle se pencha vers le berceau, déposant un léger baiser sur le front innocent. Mais Roween dormait si profondément qu’elle ne bougea même pas un cil. Sam ne lui manquait pas, étant donné qu’elle ne le connaissait même pas. Se souvenait elle qu’il parvenait pourtant à la calmer, d’un simple contact, lorsqu’elle était encore dans le ventre de sa mère ? Probablement pas.




Il faisait chaud cette nuit là. Bien trop chaud pour la jeune femme qui tentait désespérément de dormir, malgré les martèlements incessants du petit être dans son ventre. Après avoir passé un long moment à se tourner dans tous les sens, empêchant probablement son compagnon de dormir aussi, elle se mit sur le dos, regardant le plafond vaguement éclairé par les lampadaires de la rue. Elle ferma les yeux, tentant de détendre, mais rien n’y fait. Elle sentit que Sam lui prenait doucement la main. Elle tourna la tête vers lui, avant de se blottir dans ses bras.

« Je suis désolée de t’empêcher de dormir… »

Elle sentit qu’il l’attirait contre lui. Meg n’était même pas sûre qu’il l’ait entendue. Il dormait à moitié. Ses insomnies avaient enfin fini par disparaître, et il récupérait le sommeil qu’il avait en retard depuis plus d’un an. Elle écouta la respiration régulière de Sam. Il s’était rendormi et elle même commençait à somnoler. Elle réalisa que le bébé s’était calmé. Elle sourit puis laissa le sommeil l’emporter à son tour.




Meg referma doucement la porte de la chambre d’enfants. Elle avait besoin de sortir, alors que, paradoxalement, toute la journée, elle avait aspiré à se réfugier chez elle. Elle voulait être avec sa fille, mais la petite fille dormait. Alors autant en profiter pour s’aérer l’esprit. Il était tard, il n’y aurait donc que des bars miteux, fréquentés par des chasseurs ou des démons, encore ouverts à cette heure ci. Ce qui n’était pas une très bonne idée. Autant par prudence que pour tout le reste. Elle pensa alors à un petit café, situé dans un centre commercial huppé. Il n’y aurait que du gratin. Du gratin qui ne tenterait rien.

Près d’une heure plus tard, elle poussait la porte de l’espèce de café, moitié restaurant chic, moitié pub. Elle jeta un regard circulaire à la salle, soupirant doucement. La salle était relativement remplie, mais, à son grand soulagement, elle ne reconnut personne. Elle alla s’installer dans un coin à l’écart, observant les occupants. Tous savaient mais chacun choisissait d’ignorer. Ignorer que la ville, que la vie, ne seraient plus jamais les mêmes. Elle buvait une gorgée de son verre, regardant sans vraiment voir tous ces ‘innocents’, quand la porte s’ouvrit sur une ‘connaissance’.

« Tiens tiens, qui voilà donc… »

Le désir des hommes … Une odeur si particulière. Douce et amère à la fois. Persistante. Un mélange entêtant de quelque chose comme de l’orchidée et du jasmin. Avec une pointe de rose. C’en était la base, la plus fleurie et la plus neutre. La composition finale dépendait entièrement de la personne. Et de la nature du désir. Ceux qu’elle cherchait étaient aussi divers que variés. Et représentaient une sacrée palette de fragrances. Habituellement, en boîte de nuit, elles rappelaient la bière, le réglisse et quelque chose comme un arrière parfum d’essence. On trouvait parfois de la poussière et de la vanille pour les plus distingués. Genre les intellos qui sortaient pour la première fois depuis longtemps. Mais ils étaient très rares. Ces odeurs donnaient parfois une terrible migraine. Et puis, franchement, quelle femme aimerait savoir que l’effet qu’elle a sur un homme se résume à une odeur pas franchement valorisante ? Ainsi allait le monde, les sentiments mis à la porte, la luxure mise en avant. Prendre du bon temps sans arrêt. Comme si leur vie ne tenait qu’à un fil. Et c’était bien ça, la réalité : ces déchets d’humains avaient une vie tellement éphémère et sans grand intérêt … La moindre des choses était de s’illustrer dignement une dernière fois. Et encore … que de déceptions bien souvent. Et en plus de cela, la lassitude. Un an et quelques mois de ce traitement. Et l’esprit commençait à en avoir assez. Stop. Assez de gamins sans intérêt et sans originalité. Et à vrai dire, elle ne regrettait pas le voyage.

Parce que les parfums qui parvenaient à ses sens étaient d’une toute autre nature. Fleur d’oranger. Ambre. Encens … Bergamote. Une odeur qu’elle avait toujours apprécié. Ah, que c’était bon de se faire remarquer par des gens un peu plus raffinés. De sentir cette vague de désir brûlant et en même temps si modéré. D’imaginer ce qu’ils étaient en train de se dire. « pourvu que ma femme ne me voie pas ». Ça, ce devait être à peu près ce que se disait cet homme d’âge mûr, dont la femme tournait le dos à l’entrée et qui venait de lui jeter un de ces regards … La table là-bas, cette bande d’hommes d’affaires en costard qui venaient tous de la gratifier d’une œillade appréciatrice. Combien qu’ils étaient en train de se demander comment mettre fin le plus vite possible à la réunion barbante qu’ils subissaient pour pouvoir l’inviter à sortir ? C’était tellement … simple. Elle ajoutait au charme naturel et à la plastique impeccable de son hôte un charisme en or et … quelques petits trucs bien sympa qu’elle avait appris de démons de passage. C’était tellement facile, et c’était tellement agréable. Bon, lequel ? Un de ses sourcils parfaitement épilé se leva et ses lèvres esquissèrent une moue aguicheuse. Mmmh, pourquoi choisir ? Ils se battraient pour l’avoir … Et puis inverser les rôles pour une fois ne serait pas trop mal. Elle n’avait qu’à s’asseoir à une table et voir qui serait le premier. Les joutes de chevalier … elle regrettait de ne pas être née assez tôt pour les connaître. Il n’y avait rien de pareil dans les quelques siècles qu’elle avait traversé. Longtemps qu’elle était là. mais éviter d’y repenser. Trouver une table. Et, au même moment …

Tiens tiens, qui voilà donc…

Une voix familière. Mais … elle n’arrivait plus à savoir d’où. Son regard balaya la salle et tomba sur … une jeune femme aux cheveux flamboyants dont la vue lui tira un sourire ravi.

Tiens, tiens, oui … Vous ici ?

Elle s’approcha de la table, s’asseyant en face de la jeune femme, la détaillant du regard.

Tu n’as pas changé … Meg.

Ça faisait longtemps. Depuis … un peu plus d’un an. Un peu avant l’Apocalypse. Un peu avant que cette crétine de Jude ne décide de partir. Elle ne pouvait plus se nourrir, puisque Jude portait le deuil d’Emma ( sa mort avait attristé l’esprit légèrement, elle l’aimait bien, la seule des trois filles qui avait vraiment du style et qui avait compris comment ça se passait avec les mecs …), donc bref, son hôte ne sortait pas en boîte. Et elle devait se contenter de ce qu’elle trouvait dans la rue. Plus question des boîtes de nuit, si elle se faisait prendre par quelqu’un la connaissant, ça risquait de revenir à ses oreilles une fois sa conscience retrouvée, et c’était un risque qu’elle ne voulait courir en aucun cas. Trop prudente ? Peut-être. Mais un exorcisme mal placé … ouais, elle tenait plus du démon que de l’esprit maintenant … une longue histoire. Bref, toujours était-il que elle s’était retrouvée, déambulant dans les rues comme une âme en peine (pour quelqu’un qui avait vendu la sienne, c’était comique), quand elle était tombée sur elle. La conversation s’était vite engagée, et elles avaient sympathisé. Et Megalyn avait aidé l’esprit à trouver de quoi se nourrir. L’esprit … mmmh. Elle s’était donné un nom, pour oublier le sien se rapportant à sa nouvelle vie. Eterna. C’était ainsi que la connaissait Megalyn. Ça faisait bizarre de la retrouver. Elle lui avait dit ce que projetait Jude, et qu’elle ne serait peut-être plus là. mais elle n’avait pas vraiment eu l’occasion de lui dire au revoir. Et les voilà toutes deux assises à la même table. Après passage du serveur et commande d’un chocolat liégeois pour elle, elle croisa ses mains sur la table.

Ça fait plaisir de te revoir … Un an...

C’était long. Très long.

Alors ? Qu’est-ce que tu es devenue ?