Dead Promises |SU|

Un an. Une année s’était écoulée et pourtant elle avait du mal à réaliser. Tout s’était passé si vite. Il ne se passait pas un jour sans qu’elle ne pense à lui. Comment aurait elle pu ne pas y penser avec sa petite fille qui ressemblait tant à son père ? Son regard émeraude quitta la fenêtre pour se poser sur le bébé qui gazouillait dans son parc. Sam se souciait il encore d’elle ? Se souciait il seulement de son enfant ? Même si c’était le cas, elle devait avant tout protéger son enfant. Ce qu’elle faisait à la perfection pour le moment. Elle s’écarta enfin de la fenêtre pour se pencher sur l’enfant, qui jouait tranquillement sans se douter le moins du monde au centre de quel enjeu elle était.

Meg s’approcha du canapé et s’installa dessus, ouvrant le vieux livre jaunâtre. La plupart des pages étaient blanches, les autres étaient couvertes de textes en latin et de dessins. Mais ça ne la gênait. Elle était parfaitement capable de déchiffrer le latin. Dire qu’elle n’avait même pas eu besoin de tuer pour obtenir ce grimoire. La jeune femme sourit. Elle s’était bien rattrapée depuis.

Elle entendit Roween qui gazouillait dans son parc et elle repensa au prêtre. Elle n’avait aucun remords à l’avoir laissé pour mort dans cette église, même après tout ce qu’il avait fait pour elle. Lui non plus n’avait pas eu de remords à raconter ses secrets les plus intimes à Sam. Le jeune homme le lui avait bien caché. Mais pas l’ecclésiastique. A lui, elle n’avait pas appris à masquer ses pensées. D’autant que sa grossesse semblait avoir amplifier son pouvoir, lui permettant de lire plus que les pensées, mais aussi les souvenirs et les rêves. Comme si elle avait besoin d’un ange gardien. Envoyé par l’Eglise qui plus est.

Cependant, savoir tout ça ne l’avait pas laissée indifférente. Surtout sachant qu’elle l’avait appris le soir où elle avait donné la vie. Elle s’était prise à espérer que ses parents étaient encore vivants, mais le prêtre était convaincu du contraire. Alors elle avait laissé la colère l’emporter et l’avait assommé. Sans réellement comprendre pourquoi. Elle avait ensuite vu le grimoire et l’avait emporté. Sans jamais regretter son geste.

Roween commençait à pleurnicher, lassée d’être enfermée dans son parc et souhaitant visiblement se blottir dans les bras de sa mère. Meg se leva et se pencha vers l’enfant, dont le regard s’illumina en tendant les bras à sa mère. La jeune femme la souleva et la câlina. Tout en elle lui rappelait Sam. Les traits fins, les cheveux châtain ébouriffés et indomptables, le sourire et le rire, pourtant encore enfantin, de sa fille. Roween n’avait de sa mère que les yeux émeraude au fin liseré mordoré. Megalyn se rapprocha d’une fenêtre, le bébé toujours dans ses bras et regarda la rue paisible d’un air pensif. Qui aurait cru qu’il y avait à peine un an, la ville n’avait été que chaos pendant toute une nuit ? Plus aucun des habitants de Cleveland, qu’ils soient humains ou pas.

Meg serra un peu plus le bébé contre elle. Il ne se passait pas un jour sans qu’elle n’espère que quelqu’un ne frappe à la porte, et que ce quelqu’un soit Sam. Sauf que ce n’était jamais lui. Elle caressa doucement les cheveux du bébé, qui commençait à somnoler dans ses bras. Roween était tout ce qui lui restait. Elle se dirigea vers la chambre d’enfant et la posa dans son lit, la regardant s’endormir. Elle resta un long moment devant le berceau, observant la petite fille qui dormait à poings fermés, avec une sérénité que sa mère n’avait pas connu depuis trop longtemps.




Sam fourra à la va vite quelques affaires dans son sac, sous le regard inquiet de Meg. Il releva la tête et lui sourit. Elle vint se blottir contre lui, enfouissant son visage dans le cou du jeune homme. Elle savait pertinemment qu’il devait partir. Dean avait enfin retrouvé la trace du démon qui avait tué leur mère. Mais elle avait un mauvais pressentiment, et était terrorisée à l’idée de mettre leur enfant au monde sans qu’il ne soit à ses côtés. Elle sentit qu’il passait ses bras autour d’elle avant de l’écarter légèrement. Elle parvint à lui faire un maigre sourire sans conviction avant de l’embrasser longuement.

« Reviens vite… » murmura t’elle.

Il lui promit d’être là quand leur enfant déciderait de pointer le bout de son nez. Elle avait envie d’y croire autant que lui, qui en était intimement persuadé. Mais quelque chose clochait, elle le sentait. Elle n’aurait pas su dire quoi, mais elle savait qu’il ne serait pas là. Et ça la terrorisait. Elle avait peur qu’il ne lui arrive quelque chose. Mais il lui avait assuré qu’avec le colt, Dean et lui ne risquaient rien. De toute façon, il était aussi entêté qu’elle, et si elle ne cédait pas, elle s’en mordrait les doigts. Il allait partir loin d’elle, Dieu seul savait combien de temps, et elle n’avait pas envie qu’il s’en aille fâché contre elle. Leur unique dispute avait failli la rendre folle.

Sam attrapa son sac puis passa un bras autour de Meg, avant que le jeune couple ne descende les escaliers du vieil immeuble. Dean attendait son frère, appuyé contre l’Impala. Meg et lui ne s’étaient jamais adressé la parole, et ce n’était pas pour déplaire à la jeune femme. Malgré l’insistance de Sam, aucun des deux ne semblait décidé à faire le moindre effort. Sam jeta le sac à l’arrière de la vieille voiture avant de se tourner vers sa compagne, caressant doucement le ventre rond…



Meg ne l’avait plus jamais revu, pourtant elle continuait à espérer. Après tout ce qu’ils avaient traversé ensemble, Sam avait forcément une bonne raison de rester loin d’elle et de leur petite fille. Il avait été aussi peu ravi qu’elle d’apprendre qu’elle était enceinte, mais au final, l’un comme l’autre voulait cette enfant. Sam aurait été un père merveilleux, mais elle refusait de croire qu’il lui était arrivé quelque chose, sachant toutefois qu’il serait déjà auprès si ça n’avait pas été le cas. Elle se laissa tomber sur le canapé, non sans avoir attrapé une photo de Sam et elle. Elle se souvenait de ce jour là. Ils avaient passé l’après midi au lac et s’étaient faits surprendre par la pluie. Mais loin de s’en être fâchés, ils en avaient beaucoup ri.

Elle le retrouverait. Même s’il était mort, elle avait besoin de savoir. L’ignorance était pire que tout le reste. Elle n’avait personne à qui se confier. Ce prêtre l’aurait aidée, elle le savait, mais il était introuvable. Mais ce n’était pas un problème majeur, elle était pleine de ressources, spécialement depuis un an…