A Cup of Coffee & a Book.

La fine main d'Elliot s'abaissa sur la poignée dont le mécanisme ouvrit la porte du café. Rien de tel qu'une boisson revigorante pour cette terne fin d'après midi...
Ellie avait écumé quelques endroits, avant répondu à toutes les petites offres d'emploi qu'elle avait trouvé. Cependant, aucun boulot n'avait semblé convenir à la brune qui souhaitait avoir des horaires qui pourraient lui laisser une assez grande marge de manœuvre. Car en effet, ce dit-boulot ne serait qu'un simple moyen pour payer sa chambre de motel. Le reste du temps, elle le passerait dehors, à chasser ces infâmes créatures qui empestaient la ville. Alors, pour se préparer à cette tâche, elle devait d'abord se renseigner. Créer des liens. Bien que ce ne soit pas son passe-temps favori - elle n'appréciait décidément pas ces stupides américains -, elle se devait d'avoir des soutiens dans la ville. Car elle se ferait beaucoup d'ennemis, elle en avait comme le sentiment...
Elle poussa donc la porte du bâtiment dans lequel elle entra, faisant un pas dans le café qui lui sembla accueillant au premier abord.
Être nouvelle dans une ville provoquait un étrange sentiment de liberté à la fois, mais aussi cette peur de la nouveauté. C'était un peu paradoxal, il fallait l'avouer. Mais Elliot n'était pas ce type de fille, qui recule devant tout obstacle. Oh non, cette ville, elle allait la dompter, elle avait la rage au ventre, car encore en elle brûlait cette envie de vengeance.
C'est donc d'un air déterminé qui restait tout de même naturel qu'elle alla s'asseoir à un table, croisant les jambes par automatisme avant même d'ôter son blouson en cuir.
Elle posa sa main sur la table, son regard venant balayer la déco assez agréable de l'endroit qui paraissait calme en cette fin d'après midi. Et alors, ses ongles vinrent jouer sur la surface plane, tapotant avec nervosité à intervalle régulier. Toute personne aurait pu croire que la brune voulait recopier un air quelconque d'une chanson à la mode ; mais il n'en était rien. Après tout, on ne pouvait pas dire qu'elle avait une culture musicale très évoluée... C'était juste un moyen de bouger, elle qui ne tenait pas en place. Quelle idée de venir prendre un café aussi ! Cependant, il lui restait toujours de quoi s'occuper dans son sac, un livre qu'elle avait entamé il y avait déjà un mois sans prendre le temps de le finir.
Elle se décida alors à l'entamer à nouveau, s'évitant de cette façon à penser à une quelconque cigarette des plus tentatrices. Elliot ne s'était toujours pas habituée au fait que fumer soit interdit en Amérique, et pourtant cela faisait déjà cinq ans qu'elle vivait dans le pays le plus riche du monde. Il lui avait arrivé à maintes reprises de sortir son paquet, de pincer une clope entre ses lèvres et de s'arrêter juste avant de l'allumer, en se rappelant la stupide interdiction.
Cette sale manie qu'était de fumer lui avait prit alors qu'elle avait passé quelques années à Kinshasa, la capitale du Congo. Car, avide de découvrir la vie citadine, elle s'était empressée de tester toutes ces nouveautés qu'elle avait jamais eut au fin fond de son village africain. Cette intégration culturelle passait en effet par le fait de fumer, et elle s'était mise à apprécier peu à peu le goût d'une bonne cigarette.
Cependant, fumer était interdit dans les bars et bien qu'elle maudissait cette interdiction, elle la respectait.
La brune sortit alors son livre pour s'occuper, plongeant la main dans son sac. Elle chercha à tâtons, tombant tout d'abord sur son couteau de chasse qui était bien sûr recouvert d'une protection, avant d'extraire du sac à dos un livre aux pages cornées.
Elle retrouva alors sa marque en feuilletant le livre, tentant de se plonger tant bien que mal dans le contexte de l'histoire à nouveau, tout en gardant un oeil attentif sur l'ensemble du café.

[HJ: A qui veut ^^ ]

Il y avait trop de monde dans le café aujourd’hui, vraiment trop. Si en temps normal Jamie arrivait à s’occuper de Lily, son bébé d’un an qui criait toutes les 20 minutes comme un réveil, de faire des gâteaux brûlés mais mangeables, et de servir les clients, aujourd’hui le café devenait vraiment ingérable pour lui, personne faignante, habituée à vivre d'insulte et de fumée. Ce n’était pas autant le nombre que le bruit qu’ils faisaient qui le stressait. Ils se croyaient où, dans un bordel à muffin peut être ?
Des fois, il regrettait vraiment d’avoir ouvert cette boutique débile. Sincèrement, il n’aurait jamais pensé qu’un endroit où on sert du chocolat fondu et des pâtisseries anglaises serait un succès dans une ville de démons. C’était censé être une couverture {merde}, et maintenant il faisait presque des profits de ses ventes.
Il se frotta les mains avant de jeter un regard circulaire dans la salle. Un couple de chasseurs discutait devant un plateau de chocolats. Ce n’était pas difficile de savoir leur véritable nature. Il avait l’œil pour apercevoir les traces de griffes vieilles de quelques années ou l’empreinte sur un jean ayant porté un couteau dans sa poche. Mais finalement, cela ne lui servait pas à grande chose de les savoir chasseurs. Un peu plus loin une vieille dame, certainement parmi les dernière à Cleveland, ajustait ses lunettes pour une meilleure vue. Elle s’appelait Marie McFley, d’origine Irlandaise, sans enfants. C’était une vieille sorcière qui semblait avoir oublié ses pouvoirs. Marie aimait particulièrement la fille de Jamie et Jamie tout court… d’ailleurs, elle avait comme des envies dans son regard…
Jamie secoua la tète. C’est vrai que les jeunes gens veulent être infidèles et ne le peuvent pas et les vieilles choses voudraient l’être mais ne le peuvent plus. C’est une règle de bonne conduite…en quelque sorte. Mais l’éthique du monde s’appliquait-elle vraiment à Cleveland?

Jamie soupira, encore un fois. Combien de fois allait-il soupirer avant de craquer et fumer dans son propre café? Mais après tout, il n’y avait pas de contrôleurs ici. Il y avait cette ville et puis le reste du monde.

Sa fille était assise dans un grand fauteuil de soie beige et bien qu’elle n’avait qu’un an, Lily avait déjà la classe d’une grande chasseuse. L'homme fera tout pour qu’elle ne devienne pas ce type de monstre, mais il en était conscient ; jamais il ne réussira. Il la prit dans ses bras alors que la porte du café s’ouvrit une fois de plus. Une jeune femme aux allures tout à fait normales s’assit à une table et fit ce que toutes les femmes feraient. Croisa les jambes et agita ses ongles sur la table. Voulait-elle vraiment apparaître normale ? Puis elle sortit un livre et là, Jamie pouffa de rire. Il était discret, mais pas Lily dans ses bras, qui commença à rigoler avec une voix d’enfant, si rare à Cleveland.
« - Hey mais tu vas me faire repérer. » Chuchota Jamie, continuant de sourire.
D’un pas agile, il monta les escaliers qui menaient son appartement et descendit aussi tôt. Ni vu ni connu, seulement avec l’odeur de crème-bébé pour preuve de sa paternité.

Il se dirigeant vers la fille qui, totalement absorbé par son livre ne remarqua pas l’exceptionnelle serveur qu’était Jamie. Il attendit quelques secondes, scrutant les cheveux bruns, la peau mate et les doigts plutôt attrayant de sa cliente. Elle avait cet air d’insouciance, si bien imité dans toute son apparence, que l’homme aurait presque cru, qu’elle était tout à fait normale. Mais ici à Cleveland les gens normaux était déjà six pieds sous terre et tous les vivants [et les vampires bien qu’ils soient morts] avaient un paquet de secret à cacher.
Ah ! L’apparence et l’hypocrisie. Jamais on ne pourra survivre sans elles. Sans le mensonge et la politesse forcée encore moins.
C’est pour cela que Jamie, comme à son habitude, allait sourire et demander gentiment que voulâte la mademoizéuh.
« - Voulez-vous quelque chose pour accompagner votre livre ? »

Avec son ton sortit tout droit des pièces de théâtre du XVIIIeme, la question n’aurait pas pu être mieux posée. Ah, l’orgueil, quand ça vous tient.