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 Errance Faustienne

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Ellie Harllowe

Ellie Harllowe


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MessageSujet: Errance Faustienne   Errance Faustienne Icon_minitimeLun 5 Nov - 0:06

Cela portera le nom du premier chapitre... parce qu'en réalité, j'ai pas d'idée de titre... Errance Faustienne 42667
Donc il s'agit d'une fic/nouvelle, qui poursuit la vie d'un de mes vieux persos sur un autre forum.


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Errance Faustienne S33vb7

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Chapitre 1
Errance Faustienne


L’atmosphère oppressante des lieux, il lui semblait la connaître avec trop de précision… comme ces arbres qui s’érigeaient autour d’elle tels de valeureux guerriers qui ne disparaîtraient jamais. Leurs feuillages étaient pourtant d’un vert rassurant, mais sous la lune éclatante qu’elle ne faisait que deviner, son ventre à moitié arrondi, la nuit se faisait si sombre qu’il s’avérait difficile d’en percer l’obscurité. Mais une lampe ne venait pourtant la troubler, seule une arme tranquillisante se trouvait à sa main, tandis qu’elle avançait à pas feutrés. Sa frêle chevelure sombre retombait aux côtés de son visage, ne la gênant à aucune seconde, car en vérité, elle n’était pas si longue, se déposant juste à peine sur ses épaules, encadrant ses traits fins qui se dessinaient délicatement dans la nuit. Et ses prunelles brunâtres veillaient à ce que rien ne lui échappe, malgré qu’elle sente son cœur battre trop vite. Quelque chose n’allait pas. Comme toujours. Comme à chaque fois. Elle voulait faire demi-tour, tandis que ses doigts se mettaient à trembler, mais s’en sentait incapable, l’obligeant à revivre une nouvelle fois ce qu’elle savait se trouver au centre de ces lieux.

Non. Non. Non, se répétait-elle inlassablement, ses lèvres restant pourtant immobiles. Réveille-toi Lyra, réveille-toi !
Mais rien n’y faisait, elles sentaient ses pieds poursuivre leur avancée, et les buissons s’estompaient à mesure que les premiers éclats de voix résonnaient comme dans un mauvais rêve. L’ironie de la situation paraissait indéniable lorsque deux visages se dessinèrent dans la nuit si sombre, dans une petite clairière où la lune triomphait enfin. Le vent fouettait les alentours, malmenant les cheveux si courts des deux hommes dont les silhouettes tranchaient parmi l’herbe verdâtre…

Le regard bleuté de l’un paraissait attirer sa vision, la laissant sourire tristement, alors qu’elle dérivait sur ses traits prononcés, son air insouciant paraissant brusquement avoir disparu, laissant à la place cette détermination douloureuse qui la faisait souffrir. Mais il en était de même pour cet autre visage, si jeune, qui pourtant n’avait jamais été véritablement insouciant depuis si longtemps. Ses cheveux retombaient sur ses traits d’une manière désordonnée, si bien qu’elle avait l’envie de les chasser de son front d’un geste presque maternel… Cela ne pouvait finir ainsi, c’était impossible, elle était partie pour l’éviter, elle était partie parce que…

« Tu croyais que je ne te retrouverais pas Cley ? Tu croyais que j’arrêterais de te traquer si facilement ?
- Arrêtez… murmura la chasseuse restée dans l’ombre, laissant le regard de celui à qui l’on venait de s’adresser bifurquer brièvement dans sa direction.
- Lyra… chuchota-t-il pour lui-même, laissant le jeune garçon observer celle qui se tenait en bordure de la forêt, immobile, son arme braquée droit devant elle, menaçante, sans pour autant qu’elle n’en vise un seul.
- C’est comme avant grande sœur, tu te souviens ? Ton choix est fait aujourd’hui ? Moi ou cette putain de créature ? cracha-t-il dédaigneux en reportant son attention sur le dénommé Cley.
- Je t’avais prévenue, je t’avais dit que je le tuerais sans hésiter si je le croisais… je suis parti Raphaël, qu’est-ce que cela t’apporterait aujourd’hui ?
- Espèce de pourriture ! Tu m’as pris ma sœur ! Tu m’as pris ma famille ! Tu t’es joué de moi !
- Nonnn ! C’est faux, tu le sais très bien ! Cley n’y est pour rien. Je suis partie pour ne pas choisir… je ne peux pas choisir… il n’est pas responsable de la mort de notre famille ! S’écriait-elle comme pour lui faire entendre raison avec obstination. »

Son cœur battait si fort à présent, qu’elle avait l’impression que sa tête se mettait à tourner, tourner, tourner, sans plus jamais s’arrêter.

« Ce n’était pas lui, ajouta-t-elle.
- Alors c’était un de ces semblables, qu’est-ce que ça change ? Tu t’es toujours illusionnée, c’est un vampire Lyra, un putain de vampire ! Qu’est-ce que tu crois qu’il fait lorsqu’il a besoin de sang à ton avis ?
- Je tue, répondit placidement l’être au sang froid avant que la jeune femme n’ait trouvé quoi répondre, c’est bien ce que tu veux entendre pour avoir l’excuse de me tuer ?
- Tu vois il l’avoue, commenta le jeune garçon sous un sourire mauvais. Tu m’as promis de les venger !! Tu me l’as promis !
- Je peux pas… chuchota-t-elle sombrement. Comment tuer l’être qu’elle aimait ? Comment… S’il te plait Raphaël, laisse-le partir. »

Mais tous savaient qu’il était bien trop tard pour ça, que le temps avait tourné, que l’instant était arrivé. Et avant qu’elle n’ait pût tirer sur l’un d’eux, des coups fatals étaient portés. Brusquement elle se redressa dans la moiteur de la chambre d’hôtel dans laquelle elle se trouvait, ses doigts venant frôler son front humide, repoussant quelques mèches collées sous la sueur de sa peau. Son souffle saccadé résonnait dans la pièce si vide de toute réalité, troublait le silence nocturne qui fredonnait sombrement à ses oreilles, tandis qu’elle menait ses genoux contre sa poitrine, laissant ses mains les enlacer, son front s’y recueillir.

Encore et toujours le même, reflet d’une vérité qui se produirait sans doute un jour, qu’elle soit présente ou non. Et elle ne pouvait l’admettre, ce cauchemar, ce rêve qu’elle haïssait pour tout ce qu’il représentait. Pour ce choix qu’elle s’était refusée à faire autrefois, tourmentée devant l’ultimatum de son frère, « c’est moi ou lui », et Cley qui la poussait à privilégier sa famille, se sacrifiant une nouvelle fois. Elle était sortie prendre l’air, juste une seconde, juste un instant, puis sous une impulsion narquoise, sans un au revoir, sans un adieu, elle était montée dans sa voiture et était partie. Quittant tout, l’être qu’elle aimait et qu’elle aurait dût tuer depuis si longtemps, ainsi que son petit frère, la seule famille qu’il lui restait en ce bas monde. Ils étaient les seuls à compter, les seuls à qui elle avait pût faire confiance, et elle les avait quitté pour ne pas assister au déchirement de ce qui était devenu sa famille, ces deux êtres l’étaient, et le resteraient à jamais, même si la réalité vous rattrapait toujours.

Le jour était déjà haut dans le ciel, et tenter de dormir à nouveau serait tout bonnement impossible, aussi se leva-t-elle, repoussant les couvertures humides qui la recouvraient encore, la laissant se diriger vers la salle de bain, tout en retirant la chemise qu’elle portait, la faisant tomber sur le sol sans le moindre regard, avant qu’elle ne se glisse sous l’eau bienveillante. Lyra ferma alors les yeux, tandis qu’elle ressentait la fatigue la quitter peu à peu, revigorant son être sous la chaleur bienveillante qui l’enveloppait alors. Tout était si loin, tellement, et pourtant cela ne cessait de la hanter, malgré que son départ remonte pourtant à deux longues années.

Des coups frappés à la porte la firent sursauter, alors qu’un soupire s’esquivait de ses lèvres. Elle n’avait pas envie de répondre, ne pouvait-on oublier sa présence, imaginer qu’elle soit sortie malgré l’improbabilité de la chose, puisque le jour n’était pas si avancée que cela, peut-être était-il à peine onze heures. Mais les coups se répétèrent, plus insistants, tandis qu’une voix se faisait finalement entendre.

« Mademoiselle Faust ? S’il vous plait, ouvrez. C’est important !
- Merde, grommela-t-elle en sortant finalement de la douche. »

Un homme se permettait de venir la déranger… Bon dieu, mais elle était sensée dormir à cet instant de la journée, ne pouvait-il concevoir qu’elle ait parfois besoin qu’on ne la dérange pas ? Déjà ses doigts se saisissaient d’une serviette qu’elle passait autour de ses courbes pour les dissimuler, alors que marchant près de son lit, elle s’emparait de l’arme à feu qui s’y trouvait, bien que le soleil entrait à flot dans la pièce, certains se moquaient bien de ce genre de détail. Elle vint alors s’appuyer sur le mur voisinant le battant, tandis que sa voix s’élevait de manière audible.

« C’est pour quoi ?
- Merci Seigneur, entendit-elle murmurer, l’Eglise a besoin de votre aide…
- Désolée de vous l'apprendre, mais Dieu n'existe pas, ironisa-t-elle. Partez.
- Oh ne dites pas cela, il vous aime, comme il aime toutes ses brebis, n’en doutez pas.
- J’ai dit, partez, reprit-elle d’une voix plus ferme.
- L’Eglise… j’ai besoin de vos talents miss Faust. Reprit-il, l’agaçant sensiblement, la laissant s’éloigner de la porte pour rejoindre sa si chère salle de bain et sa douche. Qui croyez-vous que cela intéresserait de savoir où se trouve la si grande chasseuse ? »

Les poings de Lyra se contractèrent sensiblement, alors qu’elle retournait à la porte, l’ouvrant à la volée, braquant le canon de son arme sur le front de l’ecclésiastique qui se tenait devant elle.

« Vous tenez tant que ça à rejoindre votre salopard de Bon Dieu ? demanda-t-elle sarcastique, en appuyant un peu plus sur la gâchette si sensible.
- Attendez… je ne voulais pas… paniquait-il soudain. Des créatures… je suis venu vous parler d’elles. Nous avons besoin de votre aide, par pitié. Par pitié…
- Vous vous trompez d’adresse, je ne suis pas mère Théréza, barrez-vous.
- Non non… je ne partirai pas avant de vous avoir parlé.
- C’est ce que vous faites je vous signale, commenta-t-elle comme si elle s'adressait à un idiot.
- Le mal se répand… un petit village à côté de Great Falls subit d’abominable perte.
- Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, nous sommes en France.
- Oh je sais. L’Eglise est toute disposée à payer les frais que cette mission pourrait vous occasionner, ainsi qu’un petit supplément.
- Il y a déjà des chasseurs là-bas, essayez donc Kennett, il doit toujours être sur New York.
- Il… il est mort il y a deux semaines.
- Pardon ? demanda-t-elle en abaissant sensiblement son arme. Entrez… et fermez la porte derrière vous. »

La chasseuse se détourna sans plus lui adresser le moindre regard, avant de se rendre dans la salle de bain. Pendant ce temps, le prêtre s’exécuta, murmurant de funestes remerciements au ciel qui lui avait permis d’arriver jusqu’ici, et ce, en vie. Ses iris se déversèrent sur la chambre miteuse où celle auprès de laquelle il était venu chercher de l’aide habitait. Le lit défait attira son regard, lui laissant voir le corps dévêtue de la jeune femme, avant qu’il n’en détourne le regard, trouvant ses pensées pécheresses, remarquant la chemise tombée au sol, les sacs posés dans un coin de la pièce, dont une mallette étrange qui paraissait n’avoir pas été ouverte depuis un long moment, de la poussière s’y étant déposée. Puis le reste se résumait à la chambre d’hôtel, aucune photo ne venant l’orner, pas même le moindre paquet de chewing-gum ou de cigarettes. Les rideaux n’étaient pas tirés, mais il semblait que le lit avait été déplacé pour ne pas que ses rayons puissent venir gêner celle qui avait dormi dans cette pièce.

Tout cela n’avait pas de sens, pas plus que sa foi ne l’ait menée jusque dans la chambre d’hôtel d’une femme qu’il avait rencontrée à demie nue. Ses yeux avaient été brûlés par la courbe de ses hanches, par la démarche lascive mais si lasse dont elle avait usée pour disparaître dans une autre pièce. Lyra chassait le mal, pourtant il était indubitable de constater qu’elle était elle-même une Jézabel, pécheresse insoupçonnée qui devait vendre son corps au premier venu pour un peu de tendresse, comme tant d’autres personnes dans ce monde dissolu. Mais il ne la connaissait pas, sans doute se trompait-il, abusé par le voile du Diable tentateur et perfide qui se jouait de l’esprit des pauvres mortels qui ne cessaient de s’égarer dans l’imperfection de leurs êtres. Ce fut à cette seconde qu’elle ressortit de la pièce où elle avait auparavant disparue, sa lourde chevelure retombant librement sur ses épaules, s’écoulant dans son dos, tandis qu’un débardeur et un jean étaient venus remplacer la serviette alléchante qu’elle arborait un peu plus tôt.

« Qu’est-ce qui vous amène ici ? Pourquoi Kennett est-il six pieds sous terre ? Et surtout, comment le savez-vous ? demanda-t-elle en le poussant à s’asseoir sur le lit, tandis qu’elle s’adossait à un mur, ses mains fouillant dans la poche du manteau déposé sur la commode voisine, en extirpant un paquet de cigarettes.
- Cela risque d’être long…
- J’ai toute la journée, alors commencez. »


Dernière édition par le Lun 5 Nov - 18:21, édité 2 fois
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Ellie Harllowe

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MessageSujet: Re: Errance Faustienne   Errance Faustienne Icon_minitimeLun 5 Nov - 0:12

La journée et tant d’autres si l’on voyait ce qu’elle pouvait faire lorsqu’elle n’arrivait plus à trouver le repos. Ici ses doigts avaient porté la cigarette à ses lèvres, la laissant l’allumer à l’aide d’une simple allumette qu’elle éteignit sous de petits gestes secs, avant de la déposer distraitement au fond du cendrier qui se trouvait sur la commode voisine. Déjà elle tirait une bouffée, avant d’éloigner la fine brindille de son visage sous une sirupeuse fumée qui rappelait les ombres et les démons de la vie qui était la sienne. Depuis combien de temps fumait-elle en vérité ? Près de six ans qu’elle avait essayée, près de deux qu’elle ne pouvait plus s’en passer lorsqu’elle se trouvait dans sa chambre, ou simplement lorsque le soleil resplendissait. De son autre main, elle en vint à ouvrir la fenêtre pour laisser l’air frais chasser l’opacité de son odeur mentholée, son pied venant s’appuyer également contre le mur, elle fixait à présent ses prunelles sur l’homme d’église qu’elle avait laissé entrer dans ses appartements, alors que de son côté, celui-ci glissait son regard à hauteur de sa taille, pour s’apposer sur l’arme qui s’y trouvait, celle qui avait servit à le menacer un peu plus tôt.

« Dites, je n’ai pas l’intention de jouer les chiens de faïence, alors soit vous parlez, soit vous partez, reprit-elle, quelque peu agacée.
- Et si nous marchions un peu, proposa-t-il pour oublier les lieux dans lesquels il se trouvait, pour oublier la saveur parfumée de ses lieux qui paraissaient s’être imprégnés de son odeur.
- Pourquoi pas, maugréa-t-elle, avant de se saisir de son manteau et de ses clés. »

Il sortit le premier, la laissant prendre deux ou trois objets dans l’un de ses sacs, mais il ne vit pas quoi avec précision. Un poignard, de cela il fut certain, même s’il ne vit pas qu’elle le plaçait non loin de sa cheville, puisqu’il détournait les yeux de ses courbes savoureuses. Il y en eut un second qui vint s’apposer à sa taille, ainsi qu’un pieu. Et pour finir, son portefeuille qu’elle plaça dans la poche arrière de son pantalon, il ne contenait pas grand-chose, mais son argent c’était déjà beaucoup d’un certain côté. Ils quittèrent bientôt le motel après qu’elle eut fermé la porte derrière eux.

« Alors ? demanda-t-elle en jetant la cigarette à peine consumée sur le sol, tandis qu’ils longeaient le petit ruisseau voisin. »

La France… c’était un pays qu’elle appréciait, si loin de ce qu’elle avait vu jusqu’ici, si différent de ce qu’elle avait pût côtoyer. Et le Canada lui manquait toujours, mais son souvenir, comme tant d’autres, lui était douloureux et mesquin. Mais son pays de naissance compterait toujours, faisant briller son regard d’une étrange manière lorsqu’elle repensait à ces vastes étendues neigeuses qu’elle avait pût parcourir autrefois.

« Pour Kennett, en vérité, je suis venu le voir il y a quelques jours. Visiblement, lui et son équipe étaient tombés dans un piège, les êtres démoniaques s’organisent.
- Ce n’est pas nouveau, constata-t-elle d’un timbre ambré d’une douce ironie.
- C’est différent.
- Oh et en quoi ?
- Ils se sont alliés pour se débarrasser de lui. »

La chasseuse soupira alors, inclinant sensiblement son visage pour observer cet oiseau de mauvais augure, ce sombre corbeau qui mériterait sans doute de mourir comme tous ses semblables, ces moins que rien qui vendaient de l’espoir en bouteille comme de misérables charlatans, ces faux docteurs de l’âme. Qu’auraient-ils pût lui apporter autrefois ? Qu’avait-elle vraiment envie de faire pour eux aujourd’hui ? Cela se limitait à planter son poing dans son petit visage fallacieux et à le renvoyer par la peau tendre de son petit cul jusqu’à son église qu’il n’aurait jamais dût quitter. Alors pourquoi l’écouter ? Parce qu’elle voulait des réponses et de toute évidence, celui-ci en avait.

« Pourquoi moi ?
- Parce que vous êtes l’une des meilleures. La plupart des chasseurs ayant votre expérience ne valent…
- Foutaise, souffla-t-elle en saisissant l’homme de foi au niveau de son cou, le plaquant contre un arbre sans démontrer la moindre douceur. Arrêtez de vous foutre de moi, compris.
- Je… j’étouffe… réussit-il à dire sous sa difficulté à aligner deux mots, ses doigts persistant à desserrer son étreinte, mais ce fut inutile puisqu’elle y mit un terme presque immédiatement. Ils vous déciment, lui confia-t-il finalement en se massant le cou tout en la regardant avec méfiance. Ils attendent que portés par la nouvelle des disparitions vous veniez tous un à un pour vous tuer à petit feu.
- Et vous voudriez que je me jette dans la gueule du loup ? J’ai l’air d’être suicidaire ?
- Vous avez l’air de quelqu’un qui n’a plus rien à perdre. »
- J’étais donc la candidate rêvée pour ce boulot ? demanda-t-elle d’un ton méprisant.
- Vous ou votre frère.
- Raphaël ? Qu’est-ce qu’il a à voir là-dedans ? laissa-t-elle filtrer de ses lèvres, alors que son regard se plissait sensiblement.
- C’est un très bon chasseur, moins que vous il est vrai, mais si vous refusez de nous aider, nous irons le trouver.
- Espèce de fumier ! s’exclama-t-elle en laissant son poing percuter son nez qui se brisa sous un craquement sinistre. Si vous le mêlez à tout ça, je vous jure que je vous tue.
- Bous b’avez bas le droit, bous protégez les bhommes. »

Un rire clair s’éleva de ses lèvres, alors qu’elle venait d’entendre ses paroles, mais ce n’était ni son air idiot alors qu’il avait mené son mouchoir à son nez pour éponger le sang qui s’en écoulait, ni l’accent ridicule que lui donnait sa nouvelle constitution qui lui paraissait amusant, mais bel et bien ce qu’il venait de lui dire. Protéger les hommes ? Aurait-elle protégé un vampire qui était forcé de tuer pour survivre si elle cherchait à les protéger, eux ? Sacrifierait-elle de pauvres innocents pour parvenir à la réussite d’une chasse, se servant parfois d’eux comme d’appas ? Il était tout simplement risible cet homme de foi qui disait la connaître… Pourtant elle ne s’en cachait pas. Ainsi, s’accroupissant devant celui qui s’était depuis laissé tomber au sol, elle mena ses doigts à sa joue qu’elle effleura tout en douceur.

« Mignon, vraiment. Mais je me moque bien des humains, qu’ils meurent, qu’ils vivent, quelle importance ?
- Alors bourquoi ?
- La vengeance mon père, la vengeance, il n’y a que cela de vrai. »

Ses yeux s’étaient alors agrandis, à vrai dire, il pensait pouvoir toucher son cœur, la pousser à venir avec lui là-bas parce qu’il fallait que quelqu’un agisse. Et on lui avait parlé d’elle, du fait qu’elle ait pris un temps la direction d’un groupe de chasseurs, mais aussi comme de quelqu’un en qui Kennett avait une confiance aveugle même si tout le monde savait qu’elle aurait pût le trahir à chaque instant. Lyra était l’une des meilleures dans ce qu’elle faisait, rapide et efficace, elle ne faisait pas de sentiments, c’était cette nature de tueuse qui l’avait amené à venir la trouver. Mais à présent que la vérité se faisait criante, si injuste, que devait-il faire ? Persister ou partir à la recherche de quelqu’un d’autres ? Mais les meilleurs se volatilisaient peu à peu, et il avait eu peur qu’il arrive également trop tard pour elle, dans sa solitude perpétuelle, celle-ci faisait une cible parfaite pour ceux qui sans doute ne se trouvaient pas si loin.

Déjà elle se relevait, essuyant d’un geste négligeant son poing sur son jean, y laissant de sombres tâches pourpres, alors qu’elle se détournait de lui, pensant déjà à une autre destination pour qu’il ne la suive pas. Il faudrait sans doute un autre pays, assez éloigné d’ici pour qu’il perde sa trace, et ce pour une durée indéterminée. Malgré tout, il se relevait, venant à la rattraper sans oser l’effleurer de peur de se reprendre un autre coup. Etrange comme à présent elle avait subitement perdue de son charme…

« Attendez… ils vont venir vous tuer.
- Je les attends de pied ferme.
- S’il vous plait…
- Rentrez chez vous.
- Je ne peux pas, ces gens comptent sur moi.
- C’est votre problème.
- Ils vont faire la même chose qu’ils vous ont fait subir à d’autres personnes, briser des familles…
- Comment pourriez-vous savoir ce que ma vie fut ?
- Je l’ignore c’est vrai, mais tuer des enfants ou des parents, ils le font chaque nuit. »

Elle s’immobilisa en soupirant faiblement, alors que déposant à nouveau ses prunelles sur l’autre homme, elle put constater qu’il ne tenait plus son mouchoir contre son nez alors que du sang s’en écoulait encore. Ses doigts s’égarèrent dans sa propre chevelure tandis qu’elle se plaisait à laisser dériver ses iris sur l’eau paisible qui s’écoulait non loin d’eux, avant qu’ils ne reviennent se déposer sur lui.

« Tout est pris en charge ? Y compris les armes ?
- Tout.
- On me payera pour le boulot ?
- Absolument, acquiesça-t-il d’un léger signe de tête. Alors vous êtes d’accord ?
- Mouais, grogna-t-elle sombrement.
- Parfait ! Alors nous partirons ce soir à 20h si cela vous va, le vol sera assez long. J’ai deux billets de première classe… »

Il parlait tandis qu’elle ne l’écoutait déjà plus, laissant ses iris se détourner de lui, alors qu’il essuyait de son mouchoir de coton le liquide pourpre qui s’écoulait sur son visage. Elle aurait tout le temps de lui poser des questions durant le vol qui lui paraîtrait comme d’habitude d’une longueur désastreuse. D’autant plus qu’elle n’appréciait pas l’avion.
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MessageSujet: Re: Errance Faustienne   Errance Faustienne Icon_minitimeLun 5 Nov - 19:02

Chapitre 2
A la pâleur d’une messe


« Mon père, c’était merveilleux de vous entendre parler de cet épisode de la bible.
- Merci beaucoup Emilie. »

Emilie Marpple était une femme d’un certain âge, des cheveux bouclés et si blanc qu’ils en auraient fait pâlir de jalousie une neige pourtant naissante. Son visage exprimait une douceur apaisante, de celle qui vous réconforte face à votre plus grand malheur. Et chaque fois que la messe se terminait, elle persistait à venir le complimenter, le laissant sourire sensiblement. Ses doigts fripés agrippés à son bras, ils avançaient côte à côte, alors que le regard du prêtre se perdait vers les vitraux de son église, la laissant poursuivre son babillage, ne l’écoutant que d’une oreille, veillant à ne pas la froisser bien sûr.

- Savez-vous que ma petite fille Jenny est en ville ? Elle nous vient directement de New York, c’est une très jolie jeune fille.
- Mais je n’en doute pas, convenait-il d’un léger assentiment de la tête.
- Tenez la voici… Jenny ! Ouh ouh ! s’écriait la vieille femme tout en agitant l’une de ses mains pour faire signe à la demoiselle en question. »

Il en convenait, elle était plutôt jolie, mais il n’aspirait plus qu’à se retrouver seul, alors que l’église se vidait lentement de ses paroissiens. Ainsi il veillait à les raccompagner vers la sortie, adressant par la même occasion un sourire courtois à la demoiselle qui s’avançait vers eux. Sa lourde chevelure blonde retombait d’une manière éparse sur ses épaules, l’éclat de son regard émeraude venant se perdre dans la pâleur océane des prunelles de l’homme de foi qui se tenait devant elle. Il y saisit d’ailleurs l’intérêt qu’il y suscita, malgré le fait qu’il soit prêtre, plusieurs femmes espéraient le voir renoncer à son sacerdoce pour une demoiselle de la région, de la famille.

« Ma Jenny chérie, je voudrais te présenter le révérend Lipziet, un homme très bien.
- Mais je n’en doute pas grand-mère, répondit cette dernière sous un sourire charmeur.
- Enchanté mademoiselle.
- J’espère que nous pourrons nous revoir prochainement.
- Si vous venez à l’office, il ne devrait pas y avoir de problème, se permit-il de souligner, comme s’il désirait lui démontrer que son église était le plus important à ses yeux.
- Impayable n’est-ce pas ? roucoula la vieille femme. Vous viendrez bien sûr manger à la maison lundi soir ? Je vous ferais mon fabuleux rôti que vous appréciez tant.
- Comment refuser.
- Ainsi donc, à lundi soir révérend, ajouta la douce nymphe sous un regard équivoque, avant de partir accompagner sa grand-mère jusqu’à leur voiture. »

Immobile, il les observa quitter le parvis de l’église, à présent silencieux, seul le vent sillonnait les lieux, soulevant par instant quelques feuilles mortes qui s’y étaient déposées un peu plus tôt. Lentement, il referma la lourde porte du bâtiment, tandis que des mains applaudirent sombrement à l’instant où la porte s’avéra close, laissant le prêtre esquisser l’ombre d’un sourire mesquin. Il savait déjà qui se trouvait ici, car comment l’ignorer quand leurs rencontres se faisaient quotidiennes, lourdes de sous-entendus blafards, de souvenirs bien plus noirs. Inutile ainsi pour lui de le regarder, ou même de lui faire la moindre remarque, il finirait par ouvrir le bal des festivités bien assez vite, et il se refusait d’être une nouvelle fois celui qui déclancherait une dispute entre eux, d’autant plus dans la maison du Seigneur. Ainsi, il se signa sous un geste machinal, comme pour demander la patience à ce Dieu capricieux, invoquer sa présence délivrante en ces lieux, avant de se retourner sous les sarcasmes de celui qui se tenait non loin de là, son regard le remarquant immédiatement. Un long manteau, une chemise en dessous, il donnait l’air d’être un homme important en un sens, et sans doute serait-il passé inaperçu si son regard bleuté ne traversait pas étrangement la noirceur ambiante sans la moindre difficulté.

« Et bien, on dirait qu’une nouvelle demoiselle voudrait t’épouser Mattei. Vas-tu pour une fois la contenter dans un lit ?
- Zahn, quelle bonne surprise, on peut dire que tu es toujours aussi drôle, ironisa-t-il.
- Que veux-tu, j’adore ça, ricana l’être qui se détachait de l’ombre des travées.
- Cela fait longtemps que tu es là ?
- Suffisamment pour avoir entendu toutes les conneries que tu débites à ces pauvres ignorants.
- Personne ne te force à y croire, répliqua-t-il sèchement tout en s’avançant parmi la nef.
- Aurais-je froissé notre si précieux révérend ? Tu n’y crois même pas toi-même, alors cesses de jouer ta si joyeuse comédie devant moi.
- Tu ne devrais pas te trouver ici, se contenta-t-il de répondre tout en poursuivant son avancée à travers la nef, jusqu’à finalement rejoindre le chœur pour y remettre un peu d’ordre.
- Nous en avons déjà discuté, scanda l’autre en imitant sa destination, mais contrairement à son frère, celui-ci se plût à s’emparer d’une hostie qu’il porta à ses lèvres comme s’il s’était agit d’un simple morceau de pain, et nous en avons conclu que cela n’avait aucun rapport.
- Certes, soupira-t-il en passant distraitement sa main sur son front.
- Alors pourquoi persistes-tu à me mettre à la porte ?
- Peut-être parce que ta place n’est pas en ces lieux saints, répondit-il en braquant son regard sur le sien.
- Et la tienne petit frère, elle est ici tu crois ? déjà il revenait hanter le corps de celui qui portait le même sang que lui, la même origine, Toi aussi tu es maudits, ne l’oublie pas. »

Agacé, le jeune prêtre se retourna pour se retrouver face à l’obscurité blafarde des lieux, mais sans plus trouver la moindre trace de Zahn. Comment voulait-il qu’il oublie s’il le lui rabachait sans cesse ? Impossible… et s’il paraissait si calme, en paix avec lui-même, les jointures de ses doigts devenaient pourtant de plus en plus blanches en se resserrant sur sa soutane, alors que sa mâchoire se contractait finalement sensiblement sous la colère qu’il pouvait ressentir devant la relation et les conversations qu’il pouvait avoir avec l’être si noir qui venait de s’esquiver sous la naissance de souvenirs anciens qui revenaient hanter l’esprit du prêtre qui partit s’enfermer dans la sacristie, s’asseyant sur la seule chaise qu’il pouvait contenir.

« Seigneur, aidez-moi à être meilleur, pria-t-il pour lui-même, égoïstement, c’était pour cette raison qu’il était devenu prêtre après tout. »

***

« In nomine patris et fillii et spiritus demonio, amen. prononçait un homme vêtu d’une cape des plus sombres, encapuchonné comme les prêtres des temps anciens. »

Un signe de croix inversé était présenté sur un nouveau né qui criait, hurlait son mécontentement et la fraîcheur de la pierre sur laquelle il était déposé à même la peau. Ses petits bras se crispaient, cherchant un souffle qui n’arrivait qu’avec difficulté. De nouvelles paroles prononcées en une autre langue s’élevaient sombrement, reflet d’une malédiction qui gravissait les ombres de la nuit, tandis qu’un poignard venait épancher sa soif sur le torse du pauvre enfant que l’on saignait dans ce cercle de sel. La douleur du bébé n’avait d’équivalent que celle que sa mère avait pût ressentir et qui s’était emparé de la santé de son esprit depuis plusieurs mois déjà, la laissant amorphe et apathique au milieu du campement, ne s’occupant même plus de son premier enfant qui pourtant mériterait plus d’attention.

Puis l’homme abaissa sa capuche, dévoilant des cheveux grisonnant, avant qu’il ne vienne murmurer à l’oreille du nouveau né d’autres paroles, laissant venir à lui une inscription qui se grava dans sa chaire, un pentacle d’une noirceur oppressante, juste sur son omoplate. Lorsque le rituel se termina enfin, le vieillard s’écroula au sol, inconscient, laissant la mort et ses habits de pourpre venir s’emparer de son âme pour la remettre aux enfers salvateurs qui exauceraient son désir le plus cher. Bientôt une famille périrait, bientôt, elle subirait le joug d’une main destructrice et vengeresse, alors que le bébé souffrait de plus en plus pour respirer, laissant son sang s’écouler sur le sol peu à peu alors que le rite était pourtant clos. Ce fut la grand-mère de celui-ci qui s’en approcha, sans un regard pour le patriarche de leur camp, veillant à s’assurer que l’enfant avait cessé de vivre dans l’histoire, mais ce n’était pas le cas. Ses pupilles papillonnaient encore, malgré qu’il ne puisse plus exprimer sa crainte ou sa peur sous sa respiration qui s’avérait difficile.

« Si tu survies, je ferai de toi mon héritier mon petit Mattei… si tu survies, tu apprendras tout ce que tu devras savoir, lui murmura-t-elle en le glissant dans la cape qui l’entourait, l’emportant avec elle. »

Marchant dans la pénombre, elle rejoignit bientôt sa caravane, lieu où elle épongea les plaies de l’enfant, les refermant sous quelques paroles noirâtres, alors qu’elle laissait son propre sang s’écouler sur ses plaies. Il paraissait si pâle et si fragile à cette seconde, haït par le ciel, rejeté des enfers, il avait un chemin à parcourir sur cette terre, et elle comptait bien l’y aider, dessiner son être à sa manière, à son envie.

***

« T’es maudit, tout comme moi sale petit bâtard ! s’écriait le plus âgé des deux garçons qui à cette seconde se ressemblaient terriblement.
- C’est pas vrai ! Grand-mère m’a toujours dit de pas les écouter ! pleurnichait le plus jeune.
- Ah oui ? Alors pourquoi t’as cette marque sur ton épaule ? il se rapprocha sensiblement jusqu’à lui murmurer à l’oreille d’autres paroles. Tu as tué quatre personnes lorsque tu n’étais qu’un bébé, c’est pas donné à tout le monde.
- Non c’est pas vrai ! Tu mens !
- Je peux savoir ce qu’il se passe ici ? interrogea une voix plus forte qui les fit sursauter tous les deux.
- Grand-mère, il dit que je suis un meurtrier…
- Zahn rentre tout de suite à l’intérieur, reprit cette dernière en lui jetant un regard noir, puis de s’asseoir sur un siège qui se trouvait dehors, l’incitant à venir prendre place sur ses genoux. Mattei… il faut que tu saches une chose importante. Ton frère est quelqu’un de particulier et il ne veut pas être le seul à être particulier.
- Alors c’est vrai ? demanda l’enfant en plissant ses yeux si bleus.
- Oui et non. Tu n’es pas maudit, tu portes juste la marque des ténèbres mon petit, celle qui permit de venger ta mère.
- Pourquoi ?
- Ta maman a autrefois fait une mauvaise rencontre qui la blessa, la rendant comme tu peux la voir aujourd’hui. Mais tu es sorti de tout ce malheur, et pour punir ceux qui avaient attaqué notre famille, il fallut passer par toi. Aujourd’hui, tu es le plus puissant de notre clan, mais pas de la plus honnête des manières, ta force te vient du mal. Tout comme pour ton frère, il vibre au fond de votre être.
- Je veux pas ! s’exclama-t-il en cherchant à se dégager des bras de sa grand-mère. C’est pas vrai ! Vous mentez tous !! Tous ! Tous ! Tous ! Tous !
- Mattei ! cria-t-elle en lui donnant une baffe qui le fit cesser immédiatement son manège. La vérité fait toujours mal, mais il faut l’accepter ! »

Son regard se fit noir, bien trop sans doute pour un enfant normal, alors que d’un geste sec il s’esquivait finalement, se mettant à courir jusque dans la forêt qui se trouvait non loin. Lorsque son souffle devint difficile, le petit garçon s’arrêta, se mettant à frapper l’écorce d’un arbre, un coup, puis un autre, laissant son sang s’imprégner de la force du végétal, le nourrir d’autre chose que d’une eau pure et différente que le ciel aurait pût envoyer sur terre. Il n’avait que neuf ans, était si jeune pour pouvoir accepter une telle chose, comprendre que le corps de sa mère avait été souillé par un homme néfaste dont la famille entière avait été punie en conséquence, rejoignant une mort ingrate qui demanda pourtant la vie de l’instigateur de la chose.

Cessant ses gestes inutiles, l’enfant se laissa finalement tomber au sol, de fines larmes sinuant le long de ses joues avant de s’échouer sur le sol, alors que ses doigts égratignés saignaient toujours, mêlant ce liquide sirupeux à la pureté de son regard à l’instant où il s’essuya les yeux.

« Tu sens bon petit frère, susurra son frère en se plaçant à ses côtés, avant de prélever quelques gouttes de son sang qu’il mena à sa langue pour le goûter.
- Qu’est-ce que tu fais ? s’exclama le jeune garçon en tombant à la renverse sur les fesses.
- Et tu es plutôt bon, tu crois que c’est ta marque qui te rend si bon ?
- T’es un monstre ? demanda-t-il ensuite en ouvrant de grands yeux incrédules, sous le rire amusé de Zahn.
- Un monstre ? Non, je suis un lycanthrope.
- C’est pareil… murmura-t-il en rampant à contre sens sur le sol pour s’éloigner de lui.
- Si j’en suis un, qu’est-ce que t’es toi ? ricana-t-il amusé. »


***

« Un monstre, murmura-t-il pour lui-même au sein de sa sacristie. »

Voilà ce qu’il avait toujours été, le reniant lorsqu’il n’était qu’un tout petit garçon. Petit à petit, il avait compris que l’on avait abusé de sa mère, et qu’il était bel et bien un bâtard qui portait le nom d’un homme décédé bien avant sa naissance, le père de son frère, mais pas le sien. Pourtant les deux garçons se ressemblaient autrefois, et l’expression de leur regard laissait songeur encore aujourd’hui, même si la ressemblance paraissait s’arrêter là, n’étant plus aussi flagrante qu’auparavant. Lentement, il se redressa, ses pas le menant à un robinet dont il tourna l’une des extrémités, laissant une eau salvatrice s’en échapper, avant que ses mains ne s’y noient pour éclabousser ses traits subitement lasses.
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MessageSujet: Re: Errance Faustienne   Errance Faustienne Icon_minitimeMer 7 Nov - 14:07

En vérité, Mattei n’avait pas sût comment échapper à ce qu’il devenait jour après jour, cet être si noir, bien plus que ce demi-frère qui pourtant paraissait horrible à bien des points de vue et qui cherchait indubitablement à le ramener sur ce chemin duquel il avait fuit. C’était lâche, terriblement, pourtant il n’avait aperçu aucune autre solution… aucune qui puisse le satisfaire après le crime qu’il venait de commettre, ses doigts entachés de cette couleur pourpre qu’il avait la sensation de voir à chaque fois qu’il y repensait. Par tous les saints, pourquoi ne pouvait-on choisir librement sa voie ? Mais pourtant… c’était ce qu’il avait toujours fait, se reprochant des choses improbables, une réalité qui n’existait qu’à ses yeux. Repoussant la responsabilité sur ces autres, ces monstres qu’il côtoyait et qui le menaient inexorablement sur cette route qu’on l’avait forcé à emprunter. Mensonges… si pieux, si rassurants, mais ce n’était qu’une hérésie comme une autre. Des pas précipités interrompirent ses pensées, des pas qui résonnaient dans la nef que quelqu’un traversait comme si la mort le poursuivait. Il s’était saisit d’une serviette, essuyant ses traits et ses mains lorsque des coups rapides se firent entendre au contact de la porte, qu’une voix suppliante se laissait percevoir.

« Mon père ! Mon père je vous en supplie ! »

Le battant s’ouvrit alors, laissant un jeune garçon de dix ans s’écrouler dans ses bras, du sang se trouvant sur ses vêtements. Les yeux du prêtre s’agrandirent alors d’effroi, suppliant inconsciemment le ciel que le responsable ne soit pas son frère, qu’il n’ait rien à voir là-dedans. Il était encore si tôt… pourtant le jour s’était envolé à la manière d’un mystérieux mirage. La saison n’était pas propice aux messes du soir, pourtant personne n’avait jamais accepté qu’il puisse ne serait-ce que songer une seule seconde à les supprimer. Six heures… il n’était que six heures ! Mais la lune resplendissait dans sa rondeur parfaite à présent, soyeuse et merveilleuse parmi la voûte nocturne, l’obscurité se faisant amante pour une nouvelle fois.

« Cyp, qu’est-ce qu’il se passe ?
- C’est… c’est… c’est maman… déclara l’enfant en plongeant ses yeux si sombres dans le regard de l’homme de Dieu, de sombres larmes s’échouant le long de ses joues, tandis que ses prunelles brillaient de cette tristesse.
- Qu’est-ce qu’il s’est passé ? demanda-t-il encore, en soulevant le jeune garçon pour l’aider à se relever, tandis qu’il avait la sensation qu’il n’arrivait plus à respirer, que ses traits pâlissaient à vue d’oeil. Pas Sorsha… pas Sorsha… par pitié pas elle Seigneur, pensait-il.
- Elle… saigne… beaucoup…
- Où est-elle ? s’écria-t-il en secouant sensiblement l’enfant sans véritablement s’en rendre compte.
- Près… à… la forêt, murmura l’enfant sous les sanglots qui le secouaient. »

Sans même attendre, sans même se préoccuper du petit garçon, il se vit se relever dans un ralenti de souffrance, le laissant sombrer dans un gouffre dont il n’arrivait à trouver la sortie, avant qu’il ne se mette finalement à courir, plus loin, toujours plus loin. Traversant l’Eglise comme si elle n’existait pas, il ne voyait plus que ces arbres qui paraissaient si lointains à cet instant bien précis de son existence. Jusqu’à ce qu’il aperçoive enfin cette forme grisâtre que la nuit cherchait à lui dissimuler, le laissant s’agenouiller à côté de ce corps qu’il reconnaissait si bien. Ses mains, tremblantes, il l’attira contre lui, permettant enfin à une larme de s’écouler le long de sa joue, à l’image de cet enfant resté dans la maison de Dieu. Ses doigts s’égarèrent dans la pâleur des blés de sa chevelure sans plus chercher à capter le moindre regard, alors que la rage le gagnait, cette envie de meurtre qu’il n’avait pas ressentit depuis si longtemps, son si maléfique tatouage paraissant rougir sur sa peau à l’abri des pans de son habit sacerdotale.

Combien de temps resta-t-il là, immobile sous les reflets argentés de l’astre lunaire ? Une heure, peut-être même deux… se laissant envahir par un passé qui ne cesserait de le hanter. Puis, lentement, il se releva, le corps inerte de la jeune femme dans ses bras, ses lèvres venant ébaucher son front comme il aurait pût le faire avec une petite sœur. Il parût tituber avant de se stabiliser sur ses jambes, de retrouver l’assurance qu’il se devait d’arborer en toute circonstance, alors que son omoplate ne cessait d’être douloureuse. Si seulement elle pouvait l’être moins que la déchirure que connaissait son cœur à cette seconde, il en aurait presque remercié le Diable.

Il mit un certain temps à parvenir jusqu’à l’église, laissant le vent charrier sa chevelure, malmener son être comme jamais il ne l’aurait toléré auparavant. Ses prunelles s’étaient éteintes, à l’image des siennes, perdant cet éclat de douceur qui rassurait pourtant toutes les personnes habitant cette ville, alors qu’il resserrait un peu plus son étreinte sur celle dont la mort s’était déjà emparée, sournoise dans ses habits de soie, elle était venue, glissant parmi les ombres pour lui dérober son âme qui devrait revenir à ce Dieu qu’il ne cessait de prier. Le jeune prêtre repensait à son odeur de fruits mûrs, à son rire délicat qui foisonnait dans l’air, à son sourire qui le laissait tout bonnement être heureux sans en comprendre la raison… ils se connaissaient depuis si longtemps. Comment croire qu’aujourd’hui serait l’une des dernières fois… comment… il ne pouvait s’y résoudre, il ne pouvait accepter cette injustice au goût si âcre.

Mais parvenu à la porte de l’église, quelque chose d’étrange se produisit, il n’arriva à passer la porte. C’était comme si une force le retenait prisonnier du dehors où la lune claironnait sa suprématie. Malgré tout, un vague regard, si noir, bien trop noir, sur la gargouille surmontant le battant suffit à briser le maléfice, lui permettant de pénétrer dans la maison du Christ, sa colère paraissant s’apaiser, la souffrance de son épaule se faisant plus ténue. Il traversa la Nef d’un pas lent, jusqu’à parvenir au chœur, déposant le corps sans vie de Sorsha sur la table de cérémonie, laissant quelques objets sacrés se briser au sol, dont le grand cierge, sous son geste qui tentait de préserver l’enveloppe charnelle de la morte.

« Elle est… ? demanda Cyprian derrière lui.
- Oui, conclu-t-il d’une voix froide sans même se retourner pour voir l’enfant. »

Mais il entendit ses petits pas timides, incertains, venir jusqu’à lui, jusqu’à elle, avant qu’il ne l’enserre, ses doigts se contractant sur sa soutane. Indifféremment, il laissa une main se déposer sur son épaule, sans que son regard n’arrive à s’esquiver des traits immobiles qu’il avait sous les yeux. Puis, brutalement, ses iris se détournèrent, se braquant sur l’enfant qui l’étreignait, mêlant haine et fureur, comme s’il l’accusait de ce qu’il venait de se passer. Cependant, il laissa ses paupières les dissimuler, avant qu’il ne soulève l’enfant du sol, l’enserrant contre lui sous un geste si doux, si contradictoire avec ce qu’il ressentait à cette seconde, avec ce mal qui grondait au fond de lui, cette envie de tordre ce si petit cou pour éprouver ne serait-ce qu’un si léger soulagement.

Sorsha ne l’aurait pas voulu… sans doute fut-ce ce qui lui sauva la vie, ce qui sauva leurs vies à tous deux sous la chaleur malsaine de la nuit. Aucun mot ne trépassa cependant de leurs lèvres, comme si la mort se passait de commentaire pour exister, et puis, qu’auraient-ils pût dire ? Que cela irait ? Qu’ils se comprenaient dans la tristesse qu’ils ressentaient ? C’était inutile… ils le savaient déjà. Et leurs larmes se mêlèrent sous le sang qui les recouvrait, parure et linceul de leurs existences.
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MessageSujet: Re: Errance Faustienne   Errance Faustienne Icon_minitimeVen 9 Nov - 1:11

Chapitre 3
Mickyyyy le Milkiway


« Mickyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyy !!!, hurla une demoiselle plutôt colérique, tapant du pied sur le sol, avec la folle idée de croire que l’adolescent se montrerait plus facilement s’il se sentait… agressé ? »

Oui voilà, c’était tout à fait le mot : agressé. De là où il se trouvait, il pouvait apercevoir sa longue chevelure flamboyante danser sur ses hanches, et entre nous, il n’en était pas déçu. Plutôt que de subir sa foudre, il préférait mille fois se trouver dans ce placard où il espérait qu’elle ne viendrait pas le chercher. Mais voilà qu’elle lui perçait à nouveau les tympans de sa voix un peu trop criarde à son goût… pitié, qu’elle finisse par comprendre qu’il n’était pas là. Instinctivement, il mena ses mains à ses oreilles, tout en comptant silencieusement, laissant juste ses lèvres esquisser les chiffres qui ne s’évadèrent pas de celles-ci.

« Mickyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyy !!! Répond tout de suite !!! »

Nyah nyah, quand les poules auront des dents ouais, pensait l’adolescent qui faisait tout son possible pour ne pas faire de bruit. Le problème lorsque l’on restait ainsi, sans bouger depuis de trop longues minutes dans une position des plus inconfortables, digne des meilleurs contorsionnistes à son humble avis, c’était bien évidemment de risquer… une crampe. Ainsi, il ferma les yeux, allant jusqu’à en plisser son front et mordre ses lèvres pour s’éviter de dire la moindre chose tant la douleur était forte. Il paraît que lorsque l’on a dix-neuf ans, on n’est pas plus un ado, et on n’est pas encore un adulte, alors qu’est-ce qu’on est ? Une sorte d’hybride infernal qui est tout simplement insupportable ? Pour Camille, la jeune furie rousse, il était tout à fait d’accord, mais en ce qui le concernait, ce n’était pas vrai du tout. Il était même plutôt cool à cet âge là lorsqu’on le connaissait, tous ses potes en convenaient volontiers, comme quoi, il faut toujours faire confiance à ses amis.

« Mickyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyy !!! »

Elle allait finir par le tuer à crier comme elle le faisait… d’autant plus qu’il s’était tellement concentré sur sa douleur qu’il en avait presque oublié sa présence. Et lorsque son nouvel appel retentit, il en perdit l’équilibre, incapable de trouver quoique ce soit à quoi se retenir. Il était maudit, voyant sa chute se dérouler dans un ralenti désagréablement long, s’étalant finalement de tout son long sur le sol comme une misérable merde de vache. Sa jambe, ce qu’elle pouvait lui faire mal, claqua sur le sol en un bruit sourd, tenant compagnie à son menton qui frappa le sol sans ménagement, ce qui venait de le sonner quelque peu.

« Wowww… marmonna-t-il alors à l’image des hommes de Neandertal après s’être vautré littéralement sur le carrelage.
- Pourquoi tu répondais pas ? Hein ? Abruti ! Idiot ! Crétin ! Pauvre nouille ! … »

Et à chaque insulte elle le frappait à la tête à l’aide d’un livre. Une véritable hystérique… et après elle osait lui demander pourquoi il se cachait ? C’était plutôt risible lorsque l’on voyait à quel point la situation se révélait presque douloureuse lorsqu’il ne se dissimulait plus. A moins que cela soit justement le fait de se cacher qui agaçait la demoiselle colérique qui ne cessait de le frapper sans ménagement. De toute manière, il ne faisait que ponctuer ses attaques par de petits « aïe » qui se répétaient sans arrêt, avant qu’il ne place sa main entre le bouquin et son crâne, le laissant hurler à son tour sur la folle qui se penchait au dessus de lui pour l’attaquer.

« Malaaaaade !!! T’as fini ouaiiiis !! Tu m’fais maaaal !!
- Nonnnnn !!! Tu me fais chierrrr !!! Pourquoi tu réponds jamais quand on t’appelle ?? »

Préférant ne pas répondre, restant fidèle à ce qu’il avait décidé pour l’instant, il rampa tant bien que mal jusque sous la table qu’il espérait ériger comme un rempart suffisant entre elle et lui. Il était déjà passé de l’autre côté lorsqu’il se releva, à bout de souffle, sa jambe lui faisant toujours aussi mal, sans parler de sa tête à présent qui tambourinait un air détestable qu’il ne supportait plus. D’une main, il se gratta le sommet du crâne tout en la regardant de travers, sous le nouveau silence qui s’établissait entre eux. On aurait dit qu’ils s’apprêtaient à se battre en duel dans les secondes qui suivraient, l’air devenant de plus en plus lourd, oppressant même pour une personne qui ne les connaissait pas. Malgré tout, cela paraissait quotidien, comme si cette pièce se rejouait sans cesse, le laissant finalement sentir sa crampe se faire moins présente à mesure que les secondes s’écoulaient. Bouger était une solution, même s’il avait la sensation d’avoir une colonie de fourmis qui s’amusait à arpenter sa peau pour la lui dévorer. Il n’aimait pas vraiment cela, ce qui le rendait encore plus irritable en vérité.

« Pffff, souffla-t-il en se massant la tête à présent, avant qu’il ne la voit commencer à esquisser quelques pas dans sa direction. T’approche pas !
- Oh mais mon roudoudou, tu t’es fais mal… roucoula-t-elle en lui adressant un petit regard attendrissant, tout en continuant à grignoter la distance entre eux.
- Ouais ben c’est ta faute ! s’écria-t-il en la regardant avec méfiance.
- Je suis désolée mon bisounours…
- J’m’en fou, bougonna-t-il tout en reculant, boitillant encore sensiblement sous l’impression que sa jambe allait se dérober sous lui à tout instant.
- Mais mon Milkiwayyy… pleurnichait-elle à présent.
- Pffff, t’es chiante tu l’sais ? marmonna-t-il alors qu’elle se serrait contre lui à la manière d’un chien un peu trop encombrant, maintenant qu’elle avait pût le rejoindre.
- On sait tous les deux que tu le penses pas, claironna-t-elle sous un grand sourire.
- S’tu l’dis, continua-t-il sur le même ton que précédemment. Mais euhhh, lâche-moi ! reprit-il en tendant de s’extirper de son étreinte plutôt collante. Qu’est-ce que tu m’voulais d’abord ? »

C’était toujours pareil avec elle… Mimille arrivait, elle faisait tout un cinéma, en oubliant la raison pour laquelle elle venait. De toute manière, si elle ne lui tapait pas dessus, elle n’était pas contente. Le jeune garçon avait beau l’adorer… même le plus doux des bisounours avait ses limites. Quelles étaient les siennes ? A vrai dire, c’était comme s’il les oubliait à chaque fois. Ils se disputaient, se chamaillaient, et finissaient toujours par se faire de gros câlins, que ce soit à l’instant présent ou par la suite. On pourrait facilement les qualifier de grands enfants turbulents, mais l’un n’allait pas sans l’autre, car même si elle ne paraissait pas très utile, Camille, de son vrai nom, restait une personne adorable sur laquelle il pouvait se reposer lorsqu’il arrivait à saturation, ou tout simplement qu’il avait besoin d’elle.

« Ah oui… William a dit qu’il arriverait avec la fille d’ici demain, il faudra aller les chercher à l’aéroport.
- Ouais… ben dis-lui ok, marmonna-t-il une nouvelle fois, alors qu’il s’asseyait devant son ordinateur, se remettant à pianoter sur son clavier.
- Comment tu sais qu’on est toujours au téléphone ? lui demanda-t-elle sans singer une fausse surprise, persistant dans une innocence qui en aurait attendri plus d’un, mais pas lui.
- Mimille ! Dit lui et laisse-moi bosser, merde ! »

Boudeuse, elle quittait déjà la pièce pour aller poursuivre sa conversation qui avait dût de ce fait paraître des plus coûteuses pour le pauvre prêtre. Mais tant pis pour lui… il la connaissait aussi bien que Mickey, et s’il n’avait pas eu envie de débourser de l’argent pour rien, il aurait dût trouver une autre solution pour les contacter. De toute manière, il ne répondait jamais à ces appareils qu’il détestait, alors il s’avérait impossible de passer par lui pour ce genre de chose. On y restait pendu pendant des heures et cela ne servait strictement à rien, selon lui. Ah si, peut-être à parler, à échanger des informations, mais il préférait grandement Internet pour ce dernier détail. Un univers qu’il maîtriser avec une dextérité plutôt rare, puisqu’il était capable d’obtenir à l’aide de son petit clavier tout ce qu’il voulait savoir. Et puis devoir partir demain l’ennuyait, il était bien dans son laboratoire, pourquoi ne pouvait-il pas leur fournir ce dont ils auraient besoin à distance. Mais non, William avait décidé, alors il fallait absolument le suivre, sinon Camille en aurait fait une crise de nerf. Que lui avait-elle dit déjà ?

***

« Mon Milkyway d’amour on ne va pas laisser tonton Willy se débrouiller tout seul quand même. Tu sais très bien qu’il est très maladroit.
- Comme certaine, avait-il alors maugréé, avant de se prendre un coup de louche sur la tête. Aïeeeeee !!!
- Répète pour voir ?
- Ca va… j’ai rien dit… avait-il bougonné en se frottant d’un air maussade le sommet de la tête. »

Il était parti se rasseoir sur sa chaise, délaissant les hanches délicates de la jeune fille qu’il n’avait brusquement plus envie d’enlacer durant sa petite séance de cuisine. Et à présent il griffonnait sur son carnet des formules totalement incompréhensibles pour la dite demoiselle, qui de toute manière était retournée à la préparation de son potage, recette dont elle était très fière et qui lui venait de sa mère. C’était un pur délice, il était parfaitement d’accord là-dessus, mais il se souviendrait de ne plus jamais la contredire alors qu’elle se trouvait armée d’un ustensile de cuisine, encore heureux qu’elle n’avait pas eu de couteau entre les mains.

« Tu comprends Micky chéri, si on le laisse tout seul, il va encore une fois réussir à dépenser bien trop pour le budget de l’église et avoir ses supérieurs sur le dos, reprenait-elle en ajoutant un nouvel ingrédient avant de faire tourner sa cuillère en bois à l’intérieur de la casserole. Et puis tu le connais, il serait capable de dire à un vampire qu’il en cherche un et de lui demander s’il ne saurait pas où il pourrait en trouver. Il a beau être quelqu’un de très bien, il restera encore et toujours un tout petit garçon, le petit WillyFly de maman. Oh tu savais que quand il était tout petit il avait d’abominables tâches de rousseur sur tout le visage. On le surnommait Poil de Carotte. Il a bien changé maintenant… hum, il faudrait que je vois si je ne pourrais pas retrouver une photo de cette époque dans ses affaires, ajouta-t-elle en menant l’un de ses doigts préalablement trempé dans la mixture à ses lèvres, la laissant finalement esquisser un léger sourire. Puis elle vint avec sa louche à moitié remplie vers Mickey, qui, il fallait bien l’avouer, ne fut pas vraiment rassuré. Goûte !
- Nan j’pas envie.
- Goûteee ! répéta-t-elle d’un ton péremptoire.
- Ouais ouais… finit-il par dire, tout en menant le liquide à ses lèvres, avant de se mettre à pester. Mais c’est chaud !!
- Tu croyais que mon potage serait froid ? ajouta-t-elle les lèvres pincées.
- Mais j’me suis brûlé !
- Oh mon pauvre roudoudou, vient donc ici que je te fasse un petit bisou… à condition qu’on aide William, ajouta-t-elle, un petit éclat de malice au fond des yeux, ses doigts glissant sur ses lèvres, alors qu’elle minaudait tout près de lui.
- Bon d’accord… mais j’fais pas ça pour lui. »

Déjà ses bras enlaçait la fine demoiselle qu’il attirait sur lui, la faisant s’asseoir sur ses genoux alors que ses lèvres venaient effleurer les siennes, Camille glissant ses doigts dans les cheveux du jeune garçon, un sourire victorieux venant orner son visage, alors qu’ils s’enlisaient dans une histoire qui laisserait sans doute brûler le savoureux potage…


***

Un fin sourire ornait ses lèvres à ces souvenirs qui en auraient agacés plus d’un dans la manière dont il se faisait avoir à chaque fois, mais qui pouvait donc résister à la jeune fille qui ne le laissait à aucun instant indifférent. De toute manière, ils avaient toujours eu des relations compliquées, lui, le petit orphelin dont on ne savait pas quoi faire, qui passait de famille d’accueil en famille d’accueil, elle la petite gosse du pasteur. Il avait suffit d’une nuit pour qu’ils se rencontrent, du haut de ses douze ans, il avait sauvé la vie à cette agaçante gamine qui s’était mis à le suivre partout comme un petit chien. Et puis un beau jour, elle l’avait embrassé sans qu’il ne s’y attende, elle avait déposé ses lèvres sur les siennes, accolé son corps au sien alors qu’il ne voyait pas plus loin que son ordinateur. Il s’était contenté de la repousser avec dureté, et puis quoi encore, il n’était pas un jouet dont elle pouvait disposer à sa guise.

C’était depuis ce jour que tout était devenu étrange, d’autant plus lorsque… Ce soir-là, Mickey avait cédé pour la première fois à la demoiselle qui prétendait avoir peur du noir et vouloir qu’il la raccompagne. A d’autres… il savait bien qu’elle était loin d’être une froussarde, mais elle l’avait tellement ennuyé qu’il n’avait pût que répondre oui, dans l’espoir qu’ensuite, il pourrait enfin terminer le devoir qu’il avait à rendre pour le lendemain. Et si Camille se fit entreprenante sur le chemin du retour, elle changea bien vite de comportement en apercevant la porte entrouverte de sa maison, le jeune garçon la suivant à l’intérieur alors qu’elle ne cessait d’appeler ses parents. Ce fut lui qui les vit le premier, leurs peaux pâles comme celles de statues de marbre… elle avait croisé le regard vitreux de ceux qui l’avaient toujours protégée avant de venir se réfugier dans ses bras, sans qu’il ne la repousse, ses lèvres venant ébaucher son cou sous une douceur nouvelle, ses bras enlaçant ses courbes délicatement fragiles.

La police était venue… concluant à un cambriolage. Mais rien ne manquait, et depuis quand des voleurs dérobaient le sang de leurs victimes sans en laisser une seule goutte ? Les mensonges n’étaient pas loin et ils le comprirent bien rapidement, alors que lui se rapprochait de cette gamine ennuyante. Oui, il avait fini par s’éprendre d’elle sous la découverte d’un monde si dangereux soit-il, s’apercevant qu’en réalité il avait toujours tenu à elle, mais que dans sa désastreuse fierté, il ne s’était préoccupé que de lui-même. Et ce soir, même si elle l’avait à nouveau frappé, même si elle s’était montrée insupportable, il recherchait inconsciemment la dernière fragrance de son parfum dans la pièce, détournant brièvement son attention de l’ordinateur sur lequel il travaillait depuis des heures. Puis il laissa s’esquiver un bref soupir de ses lèvres, sous une constatation manifeste d’être incapable de travailler ce soir.

« J’ai besoin d’une bière. »
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Ellie Harllowe

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MessageSujet: Re: Errance Faustienne   Errance Faustienne Icon_minitimeVen 9 Nov - 1:20

Grimpant les marches rapidement, il ne lui fallut guère longtemps pour atteindre la porte du réfrigérateur, le laissant se pencher pour se saisir de l’une d’elle, tandis que la sonnerie du téléphone retentissait en fond. Bientôt, il entendit la voix de Camille résonner faiblement, le laissant ouvrir sa bouteille dont il porta le goulot à ses lèvres, marchant d’un pas dégagé jusqu’au salon où elle se trouvait encore, ses prunelles s’égarant sur sa taille délicatement soulignée par la jupe qu’elle portait. Mais ce fut le timbre qu’elle employait qui lui fit arquer sensiblement un sourcil, alors qu’une toute autre idée lui trottait à présent dans la tête.

« Non, je ne savais pas… disait-elle d’une voix triste. »

Puis elle resta silencieuse, écoutant attentivement ce que lui disait son interlocuteur, tandis que Mickey portait à nouveau la bouteille à ses lèvres sans prononcer un traître mot. Il pouvait la voir tortiller l’une de ses mèches entre ses doigts, le laissant constater qu’elle paraissait subitement inquiète. Et c’était plutôt rare de la voir réagir ainsi, chose qui agaçait sensiblement le jeune chercheur qui ne supportait pas de voir son visage exprimer ce sentiment, même si à cette seconde, il ne pouvait que l’imaginer. Lentement, sans qu’il ne fasse le moindre bruit, il se rapprocha, sombre félin nocturne dont les doigts se crispaient sur l’objet de verre qu’ils enserraient.

« C’est faux… sanglotait-elle à présent. »

Il n’en supporta pas plus, déposant la bouteille sur la table voisine, il combla la distance qui le séparait d’elle, de sa présence, de son odeur, de son contact, sa main glissant sur sa taille en douceur, il lui prit le combiné des mains. La jeune fille venait de tourner son visage vers lui, ses yeux verts cherchant refuge dans son regard, alors que des larmes sinuaient sur son visage aux traits si doux. L’attirant finalement contre lui, il mena le téléphone à son oreille, se mettant à écouter la voix à l’autre bout du fil, laissant Mimille se recueillir sur son torse, retrouver la sécurité de son odeur.

« …et vous savez ce qu’on fait aux petites traînées dans votre genre ? On les lapide sur la place publique. Des Jézabel de bas étages, de misérables putains qui écartent leurs cuisses en échange d’un peu de fric. Tiens, tu protestes plus ? T’as fini par comprendre que…
- Ecoute-moi bien sale petit con, si ta bobonne te contente pas, va voir une pute ça t’décoincera. Mais si jamais tu recommences à emmerder Camille, je viens chez toi et je te fous deux balles dans ta caboche de connard pour te mettre du plomb dans le crâne, t’as compris ?
- Tu sais même pas…
- Ah ouais ? Et toi tu sais combien c’est facile de retrouver les p’tites fientes dans ton genre avec un pc ? ricana sombrement Mickey.
Tut, tut, tut, tut, etc. »

Il laissa tomber le téléphone au sol sans même s’en préoccuper, reportant son entière attention sur la jeune fille, ses doigts vinrent encadrer ses traits, s’emparant de son visage entre ses paumes, alors qu’il effaçait ses larmes à l’aide de ses pouces. Un doux baiser effleurait son visage, cherchant à en chasser la tristesse et la douleur qu’il pouvait toujours y lire.

« T’aurais pas dût… murmura-t-elle.
- Depuis quand ça dure ?
- Un mois… peut-être deux… répondit-elle en détournant les yeux.
- Pourquoi tu m’as rien dit ? s’enquit-il d’une voix où se mêlait la colère et l’inquiétude.
- C’est pas si grave…
- Ah ouais ? Alors pourquoi tu pleures ? Merde ! Si quelqu’un t’fais chier, tu me l’dit et j’m’en occupe.
- Tu vas t’attirer des ennuis…
- T’inquiète pas pour moi. Tu sais qui c’était ?
- Townroard, répondit-elle faiblement après avoir hésité, mais de toute manière, il aurait pût le savoir autrement s’il l’avait voulu.
- Le sale… ! Il te mâte à chaque fois qu’on sort, et après il t’insulte parce qu’il peut pas t’sauter… sa mâchoire se contractait sensiblement sous la colère qui palpitait au fond de lui.
- Micky, on part demain, ça va nous faire du bien de partir loin d’ici.
- Ouais… mais j’aime pas t’vois pleurer.
- Je t’aime tu sais… lui souffla-t-elle en déposant un doux baiser sur ses lèvres, lui redonnant implicitement le sourire.
- Ah oui ? J’suis pas si sûr que ça… paraît qu’tu m’trompes.
- Espèce de… s’exclama-t-elle en ouvrant de grands yeux, tandis qu’il lui souriait malicieusement comme un gamin.
- De ? demanda-t-il en l’embrassant, ses mains serpentant sur ses hanches, alors qu’il la faisait reculer peu à peu.
- De… »

Mais les mots lui manquèrent, et déjà elle basculait sur le canapé sous un rire amusé, le jeune homme s’avançant au dessus d’elle, lui dérobant un nouveau baiser. Personne ne lui ferait du mal, sinon il le regretterait amèrement. Et si ce soir il paraissait oublier l’homme qui venait de les appeler, il n’en était rien, le laissant déjà réfléchir à un moyen de lui rendre la monnaie de sa pièce. Il regretterait de s’être attaqué à eux, et avec un peu de chance, peut-être même qu’il penserait que c’était un jugement de Dieu, une punition divine s’il se débrouillait bien. Sa petite princesse à la peau de soie, si délicate et fragile quoiqu’il en dise. Alors que penser de leurs disputes perpétuelles, que penser de sa manière de réagir quand on pouvait voir à quel point il se montrait intransigeant avec les autres lorsqu’ils l’agaçaient sincèrement ?

Lui qui ne se préoccupait pas de grand-chose, se laissait facilement aller sous les assauts de la demoiselle, la laissant gagner ou bien même le frapper tout à loisir, même s’il pestait, cela faisait parti de leur couple. C’était même à croire que cela pourrait lui manquer si cela venait à cesser. Et puis, cela signifierait aussi qu’il y aurait un problème, que Mimille était préoccupée par quelque chose, comme elle l’avait été un peu plus tôt au téléphone, et il était hors de question que quelqu’un d’autre que lui la fasse pleurer, il était le seul à avoir cette autorisation qu’il se donnait, même s’il ne le faisait jamais, ou bien involontairement.

Demain ils quitteraient la ville, après avoir fait un détour par l’aéroport où William et la chasseuse qu’il était allé cherché devait arriver. Et si lui ne connaissait pas l’horaire, la jeune fille le savait et le lui dirait le lendemain, lorsqu’ils seraient temps de partir. De toute manière, il ne mettrait pas bien longtemps à emballer ce dont il aurait besoin, puisqu’ils avaient prît leurs dispositions bien avant pour obtenir un local là où ils devaient se rendre. Camille avait veillé à tout, connaissant ce dont il aurait besoin sur le bout des doigts, on pouvait facilement la prendre pour une empotée qui ne servait à rien mis à part répondre au téléphone, mais c’était totalement faux. Et puis, elle s’était arrangé pour trouver une excuse à leur départ prochain, y compris pour le travail de Mickey dont les employeurs n’avaient finalement pas rechigné à ce qu’il prenne des vacances après tout le travail qu’il avait réalisé ces derniers temps. De toute manière, sa dernière famille lui avait laissé un petit capital qu’il gardait bien au chaud en cas de coup dur, bien que dans ce cas précis, il serait là aux frais de l’Eglise, alors bon, peu importait en vérité.

Ainsi, ils seraient bientôt partit, peut-être même qu’il finirait par se dire que de commencer une nouvelle vie autre part ne serait pas si mal. Peut-être même qu’il se déciderait à l’épouser sa petite princesse, bien qu’il n’ait guère l’envie de finir avec la bague au doigt. Malgré tout, depuis le temps qu’ils étaient ensembles, il se demandait… Il verrait bien de toute manière. La vie était parfois si courte qu’il fallait savoir en profiter au maximum, comme à cette seconde, ses lèvres sinuant dans son cou, les mains de la jeune fille faisant glisser la chemise qu’il portait, dévoilant ses épaules à la lune tardive qui s’étirait sous un pli du rideau les dissimulant au dehors.

A présent, ses doigts esquissaient un chemin sous le débardeur de la demoiselle, effleurant la saveur de sa peau, alors qu’il se perdait dans ce parfum de jasmin qui était le sien… il n’y avait rien de brutal dans leurs gestes, cela ressemblait plus à une danse, presque timide et effacée, de celle que l’on étreint si rarement, comme s’ils se redécouvraient à chaque instant, que leurs mains arpentaient pour la toute première fois les lignes de l’autre. C’était rare comme attitude… si rare… et pourtant…
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