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 Killing Moon

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Zachary Wardwell
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MessageSujet: Killing Moon   Killing Moon Icon_minitimeMer 31 Oct - 7:42

KILLING MOON


Episode 1 : Trinity

SCENE I


Elle marchait tout droit dans l'allée que formaient les deux rangées de bancs de chaque côté.
Les beaux et grands vitraux éclairaient son chemin et plongeaient le reste dans une obscurité presque totale.
Elle ne marchait pas seule.
Comme à chaque fois, le loup blanc était là.
Elle ne pouvait pas encore le voir, mais la jeune femme sentait ses yeux bleus et perçants la fixer. Il veillait, silencieux.

Au bout de l'allée, lorsque la jeune femme arriva à la nef, comme à chaque fois, elle était là.
La statue...
Droite, fière et belle, d'un blanc d'albâtre, c'était comme si la pierre avait capturé un ange.
De longs cheveux retombaient sur ses épaules frêles et à son cou pendait une croix. De son bras gauche, elle tenait une bible tout contre son ventre, et de l'autre, une dague.
Au bout de celle-ci, rompant la pureté de la statue, une goûte de sang écarlate brillait dans les rayons colorés qui traversaient les vitraux.

La statue de cette femme lui inspirait une crainte mystérieuse, emprunte de respect et malgré l'absence de traits dans son visage, la jeune femme avait l'impression presque palpable que la statue allait se mettre à bouger, à l'appeler...
Au lieu de cela, la troisième présence se manifesta à elle.

Elle était encore loin derrière elle, dans la pénombre épaisse de la cathédrale et malgré ses efforts, elle ne pouvait pas la voir.
Pourtant elle la sentait clairement.
Malfaisante, perverse, sale, mais pourtant intrigante, comme toujours.
Elle avait peur.
Les ondes qui émanaient de cette présence étaient si fortes qu'elle pouvait à peine respirer.
Son attention fut pourtant déviée à nouveau par un évènement inattendu.
Pour la première fois, le loup s'était approché. Elle pouvait entendre ses pas se diriger vers elle, résonant dans ce silence pesant.
Ses deux yeux d'un bleu intense percèrent la pénombre les premiers, puis la rose qu'il portait dans ses puissantes mâchoires lui apparu.

La jeune femme ne bougea pas quand l'animal s'approcha d'elle plus près encore, puis, à quelques pas de la jeune femme à peine, il s'assit.
Elle l'observa et ébaucha un sourire malgré la peur. Le loup, quant à lui, lâcha la rose qui tomba sans un son sur le sol carrelé de la cathédral, tout comme la goûte de sang qui perlait de la dague.


***


Evey ouvrit les yeux dans un hoquet de surprise. La jeune femme resta quelques courtes secondes, interdite, déjà parfaitement éveillée.
A toute vitesse, elle revisionnait les derniers évènements de son rêve.
Soudain, elle se redressa d’un bloc et tourna immédiatement son regard vers le petit divan de la chambre de motel miteuse qu'elle et son amie louaient pour la nuit.

-« La rose... » Souffla t'elle avant de s’extirper en vitesse des draps sales et de se ruer hors du lit « Lou ! » S'exclama Evey en se saisissant d'un petit ordinateur portable qui traînait sur le tapis sale de la petite pièce.

-« LOU ! Je crois que je sais où on doit aller ! Je l'ai encore fait ! Cette fois il a bougé, je suis certaine que la rose... » Marmonna t'elle avec précipitation tout en fixant l'écran qui éclairait son beau visage d'un halo blanchâtre « Lou ! » Appela t'elle encore « Secoue toi bon dieu ! »
Tout en se faisant, elle continuait de pianoter frénétiquement sur le clavier

Elle sentait qu'elle était tout proche, après tout ce temps à faire ce même rêve étrange et entêtant, elle allait enfin obtenir un indice concret.
Elle pouvait sentir avec certitude qu'elle n'était plus très loin. Jusqu'au moment ou la réponse lui sauta aux yeux.
Là, sur l'écran, sa réponse venait de lui apparaître en toutes lettres.

-« ... j'ai trouvé ! » S'exclama Evey avec bonheur avant de se tourner vers son amie... qui dormait toujours

Son sourire disparu instantanément et elle afficha alors une moue renfrognée. D'un geste vif elle agrippa son oreiller sur le lit derrière elle et le balança sur la silhouette immobile de son amie qui sommeillait dans le divan. S’eu l'effet espéré et Lou se redressa en émettant un borborygme peu raffiné.
Ses cheveux courts hérissés sur sa tête, elle tourna son regard interloqué vers Evey.

-« Kesskispass? » Bafouilla t'elle

-« Je sais où on doit aller ! » Répéta Evey sans se laisser démonter, affichant de nouveau son sourire victorieux

-« Quoi? » Demanda Lou sur un ton plat

La jeune femme blonde leva les yeux au ciel et fit signe à son amie de la rejoindre.
Dans un soupire puis un grognement d'effort, celle-ci s'exécuta, s'emballant auparavant dans sa couverture, sa tête échevelée dépassant seule de l'emballage.
Elle s'assit donc à ses côtés, ou plutôt, se laissa tomber sur le tapis pour s'affaler dos au lit derrière elles.

-« J'ai refais le rêve, celui dont je t'ai déjà parlé, mais cette fois le loup blanc a bougé » Expliqua t'elle

-« Super » Marmonna Lou sans grande conviction

-« Attends, je ne t'ai même pas encore dit ce qu'il a fait ! »

-« Vas-y. A ton aise » Soupira Lou en laissant sa tête reposer contre le matelas, les yeux fermés « Je t'écoute »

-« J'étais dans la même église, et comme à chaque fois je l'ai traversée. Je me tenais devant la statue sans visage, celle qui tient la dague avec le sang, et là, pour la première fois, le loup a bougé. Il est sortit de l'ombre et a déposé à mes pieds... » Evey s'interrompit alors, ménageant son suspense.
Lou ouvrit donc un oeil, vaguement intriguée.

-« Ouais ? » Fit-elle pour l'inciter à poursuivre

-« ...Une rose ! »

Lou ouvrit l'autre oeil pour poser sur l'autre jeune femme un regard perplexe.
-« Et ? »

-« Et ? ... et c'est tout ! »

- « Un vieux clébard te file une fleur pendant que tu pionce et... tu me réveille pour CA ?! » S'indigna la jeune femme aux cheveux courts tout en amorçant un mouvement pour se relever et regagner son sofa.
Evey la rattrapa et la fit se rassoire, la moue incrédule.

-« Attends un peu, tu veux ?! Après ça je me suis réveillée et j'ai fait une petit recherche et j'ai trouvé ça ! » Dit-elle en tournant l'écran d'ordinateur qui reposait toujours sur ses genoux vers Lou.

-« ...Portland ? » Lu la jeune femme

-« Précisément ! »

-« J'avoue... j'suis perdue... »

-« Roh mais ! La rose est un énorme indice ! »

-« Sûrement... » Répondit Lou, juste pour ne pas la contrarier

-« Beaucoup de ville on des surnoms en fonction de leur spécialité. J'ai donc cherché une ville dont cette spécialité est la rose et où il y a une cathédrale ! J'en ai trouvé deux qui aurait pu correspondre, j'ai donc ensuite cherché quelques images de l'intérieur des églises de ces deux villes et j'ai immédiatement reconnu celle de mon rêve ! C'est à Portland qu'on doit aller ! » Conclu la jeune femme au longs cheveux bouclés.

Lou bailla sans retenue, puis hocha la tête à l'affirmative.

-« Ok » Fit-elle « Réveille-moi quand on part » Et encore une fois elle fit mine de se redresser, et encore une fois son amie l'en empêcha.

-« Pas la peine de te recoucher » Dit Evey d’un ton catégorique

-« Et pourquoi ça ? » S'agaça l'autre

-« Par ce qu'on part maintenant »

-« Hein ?! Alors là tu rêves ! »

-« Oh, allons, Lou ! ... allez ! ... une nouvelle chasse au démon, ta moto... partir sans payer la chambre... » Minauda Evey en lui jetant un regard significatif

Il n'en fallait pas plus pour la convaincre et Evey le savait très bien

-« ... la ville des roses tu dis... » Fit-elle, songeuse « Ok, c'est parti ! »

Evey sourit de toutes ses dents, impatiente d'y être et de découvrir enfin ce que cette ville cachait de si mystérieux...
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Zachary Wardwell
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MessageSujet: Re: Killing Moon   Killing Moon Icon_minitimeSam 3 Nov - 4:43

SCENE II


Lorsque le Père Laferty sortit du presbytère de la cathédrale, un vieux grimoire en main, il se dit que plus rien ne serait plus jamais pareil après cette nuit. Pour personne.
C'était sa toute dernière chance.
Il s'était attaqué à plus fort que lui et il savait que sans aide il n'y parviendrait pas. Et le seul qui pouvait l'aider aujourd'hui, c'était Dieu lui-même...

Il referma doucement la porte et se saisit du sac à dos en toile qui était posé tout à côté. Il contenait tout ce dont il aurait besoin cette nuit.
Cela faisait si longtemps qu'il n'avait plus utilisé ce sac. C'était celui là même qu'il emmenait dans ses chasses il y a 20 ans de cela...

Il leva les yeux vers le vitrail en face de lui, qui représentait le Christ crucifié. La lune apparaissait, ronde et lumineuse au travers, éclairant les alentours d'un manteau d'argent. Puis il reporta son regard sur le vieux livre qu'il avait en main. Il était vieux, élimé et poussiéreux, mais il savait que tous ses espoirs reposaient sur quelques-unes des pages de cet ouvrage.
C'était folie, mais que pouvait-il faire d'autre ?
Il savait qu'il transgressait gravement l'une des règles les plus ancestrales de l'église, l'une des plus secrète. Pourtant l'homme d'église avait bien essayé d'expliquer la situation à ses supérieurs, il avait tenté d'obtenir de l'aide, mais ils n'avaient pas écouté, ils avaient refusé. Il devait donc s'en sortir seul, même si cela signifiait sa perte.
Puisque aucun être humain ne pouvait plus rien pour lui, il irait chercher l'aide ailleurs.

La peur au ventre, mais la mine indéfectiblement décidée, il traversa la longue allée de blancs vers la nef, son regard dure fixé sur les trois silhouettes qu'il voyait s'agiter de l'autre côté de l'immense bâtiment.
Une fois arrivé à hauteur des trois hommes, il s'arrêta et contempla leur travail.
Là, devant lui, un trou béant lui faisait face, comme une grande bouche sombre et morbide qui semblait vouloir l'avaler.

Après avoir prit sa décision, plus d'une semaine plus tôt, il avait recruté trois ouvriers de sa paroisse et leur avait demandé dans le plus grand secret de le rencontrer cette nuit.
Il les avait fait pénétrer dans la grande cathédrale et leur avait demandé d'arracher le plancher qui recouvrait le sol. Une fois cela fait, ils avaient décelé une énorme dalle de pierre bleue, et ainsi mit à découvert un escalier secret qui était là depuis la construction du bâtiment.

-« On a terminé, Mon Père » Souffla l'un des trois hommes, n'osant parler tout haut dans un lieu comme celui-ci et qui plus est de nuit

Après un soupire, le Père arracha son regard au trou noir et hocha brièvement la tête.

-« C'est très bien » Fit-il.

Puis il plongea la main dans sa soutane pour en ressortir quelques billets pour remercier les trois hommes, mais surtout, pour garantir leur silence sur ce qu'ils avaient fait cette nuit.
Il leur tendit la liasse de billet puis leur fit signe qu'ils pouvaient partir.

-« Allez en paix » Leur dit il simplement avant que les trois hommes ne s'éloigne.

Le Prêtre resta là un long moment, maintenant seul dans l'église, à fixer ces escaliers qui dénotaient dans le décor moderne de la cathédrale, nouvellement rénovée.
Après s'être signé de la croix, l'autre main fermement cramponnée à la lanière de son vieux sac à dos, il s'engageât dans le conduit sombre, quittant à regret la lumière rassurante de la lune pleine.
De son sac il sortit une lampe torche quand la noirceur l'eu totalement engloutit.
D'un pas mal assuré, il descendit les marches de pierre inégales, arrachant les nombreuses toiles d'araignées qui se dressaient sur son chemin.

Il faisait si noir dans le ventre de l'église que sa lampe torche seul ne suffisait pas. Pourtant il n'avait pas le choix, il ne pouvait plus reculer désormais.
Une fois en bas des escaliers, un long et étroit couloir s'offrit à lui, en pente légère.
Il ne se laissa pas le temps d'hésiter et s'y engouffra.
Au fur et a mesure de sa descente, l'air se faisait plus lourd et piquant. Il sentait sur son front et ses joues quelques gouttes de sueur perler lentement et son cœur cogner dans ses oreilles.

Un moment passa qui lui sembla interminable. Durant ce temps, ses pensées vagabondaient sur des sentiers aussi peu agréables que celui qu'il parcourait à présent.
Il ne devait pas y avoir de place pour le doute dans son cœur, seulement pour la foi. C'était sa seule chance d'y arriver sans échouer. Si jamais il doutait, les conséquences seraient dramatiques.
Et tout d'un coup il déboucha dans une grande salle. Une vague d'air humide et poussiéreux le prit à la gorge. Il leva les yeux au plafond, ainsi que le faisceau de sa lampe, mais le plafond était si haut qu'il ne put l'apercevoir.
Il était arrivé à destination. Maintenant il devait trouver la tombe.

Laferty déglutit avec difficulté et s'avança à pas lent, balayant les environs avec minutie.
Le Prêtre passa sa manche sur son front détrempé puis il interrompit son geste. Alors qu'il balayait le sol a quelques mètres devant lui, quelque chose avait attiré son attention.
Il baissa lentement le bras et s'avança de quelque pas.
Là, devant lui, se dressaient, hautes et ancestrales, trois tombes.
Un vague sourire se dessina sur le visage de Laferty. Il était à la fois heureux d'avoir trouvé ce qu'il cherchait, et anxieux de savoir ce qu'il avait à faire maintenant.

Chaque tombe était espacée d'un mètre et demi l'une de l'autre.
Elles étaient faites de pierre calcaireuse et blanche et de nombreuse gravure les garnissaient.
La première avait été détruite en partie et elle était visiblement vide.
La seconde n'avait plus de couvercle et n'était remplie que d'une épaisse couche de poussière et de quelques restes difficilement identifiables.
La troisième, quant à elle, était miraculeusement intacte, comme si le temps n'avait plus d'emprise sur elle.

Il s'avança vers celle-ci, espérant que tout ça n'était pas que légende et que ce tombeau isolé renfermait bel et bien l'aide dont il avait tant besoin.
De son sac à dos, il sortit quelques outils dont un pied de biche. Une fois cela fait, il entreprit de déceler le couvercle de la tombe et du s'acharner un bon moment avant que celui-ci ne cède pour de bon.

A bout de souffle, il effectua un dernier effort pour faire basculer la lourde plaque de pierre où était gravé en bas relief un bon nombre de faciès grimaçants ainsi que quelques inscriptions en latin.
Dans un raclement résonnant et désagréable, le couvercle glissa sur la tombe pour finir sa course sur le sol dans un grand choc sourd dont les échos résonnèrent longtemps dans la crypte.
Mais Laferty n'y prêta pas attention une seule seconde, il ne faisait d'ailleurs plus attention à rien d'autre qu'au contenu du sarcophage qui lui, était maintenant révélé.

Là, sous ses yeux, sous un voile de poussière, recouvert d’un linceul de lin, reposait un corps.
Il en avait le souffle coupé.
Ses yeux écarquillés balayaient frénétiquement la silhouette.
C'était vrai, tout était vrai...

Le cœur battant à lui rompre les côtes, il approcha doucement la main vers le corps immobile devant lui.
Le prêtre l'effleura à peine puis recula d'un bon. Plus aucun doute, quelqu'un, ou en tout cas quelque chose, d'apparemment vivant reposait dans cette cave sordide depuis Dieu seul savait combien de temps déjà.
Laferty savait que cet endroit secret n'avait plus été visité depuis près d'un siècle...
Il avait vu un nombre incalculable de choses étranges et incroyables durant son existence atypique, mais celle-ci faisait indéniablement partie des plus extraordinaires...
Il espérait juste que cet être, quel qu'il soit, serait plus aimable et docile que les gargouilles représentées sur le couvercle.

Il poussa un soupire comme pour se donner du courage puis se saisit de grimoire et l'ouvrit fébrilement.
Les pages étaient jaunies, bouffées par les mythes mais les inscriptions latines étaient encore bien visibles.
Laferty tourna encore une page et contempla la gravure qui venait d'apparaître sous ses yeux.
C'était la même que celle qu’il avait pu contempler sur le dessus de la tombe face à laquelle il se tenait et sur la page d'en face, on pouvait apercevoir des inscriptions.

Après un dernier regard lancé au corps immobile sous son linceul, il débuta sa lecture.
D'une voix sourde, il énonça les quelques psaumes de langue morte.
Le prêtre sentit alors une douce chaleur l'envahir, différente de la lourdeur ambiante. Un léger tournis se fit également sentir tandis que, ligne après ligne, il récitait les anciens écrits.
Et si rien ne fonctionnait ? Ou s’il réveillait un monstre pire que celui qu'il combattait à présent ?
Il devait se reprendre, et ne pas laisser le doute envahir son esprit, il ne pouvait pas se le permettre.
Il sentit son énergie disparaître à grande vitesse, comme pompée par une étrange force.
Et si cela le tuait ?
Il ferma les yeux, son cœur cognant dans sa poitrine, et il s'interrompit une brève seconde dans sa lecture, s’accordant une courte pause, juste le temps de mieux se concentrer à nouveaux.
Puis Laferty reprit.

Au bout de la page, il s'arrêta enfin et le calme épais et étouffant recouvra ses droits sur la crypte.
Il leva lentement ses yeux sombres sur la créature et attendit... mais rien ne se passa...
Le prêtre retenait sa respiration en attendant une quelconque réaction de sa part et lentement, les secondes s’écoulèrent, se transformant bientôt en minutes, mais rien ne bougea dans le sarcophage.
Ca n'avait pas marché.

Laferty déglutit avec difficulté, essayant de ne pas céder à la panique qui le menaçait. Que devait-il faire ?
Après un soupire, il remit le livre dans son sac à dos puis se releva, découragé. Il fit un pas vers la tombe puis lentement, il avança une main légèrement tremblante vers l'être endormit.
Doucement, il effleura ce qui semblait être son visage et un nuage de poussière se souleva, virevoltant doucement dans l'air chargé, puis d'un geste lent, il se saisit du linceul de lin et tira sur celui-ci pour enfin découvrir ce qu'il camouflait.

Il resta bouche-bée un long moment.
Là, devant ses yeux écarquillés, le visage d'une jeune femme venait de lui être révélé.
Elle était d'une pâleur mortelle et ses yeux fermés étaient cernés de bleu. Ses longs cheveux blonds étaient sales et cachaient une partie de son visage.
Le prêtre, subjugué, frôla le visage de la jeune femme et constata que, contrairement à ce qu'il pensait, sa peau était tiède.
Le prêtre l'observa un long moment, elle semblait pourvoir se réveiller à n'importe quel moment, et pourtant sa poitrine était immobile et elle ne semblait pas respirer.
Comme fasciné, il s'approcha doucement, ses yeux rivés sur ce visage sale mais pourtant d'une étrange beauté. Il se mit tout contre son visage pour vérifier si elle respirait et du bien se rendre à l'évidence, ce n'était pas le cas.

Il poussa un soupire de dépit, et se recula encore, un regard triste posé sur ses derniers espoirs déçus.
Elle avait l'air si humaine...comment était-il possible qu'elle soit encore vivante, ou qu'elle puisse l'aider en quoi que ce soit dans son combat ?
Quelle aide une femme à l'allure si fragile pouvait-elle bien lui apporter ? Laferty était presque soulagé que ça n'ait pas marché, et ainsi, de ne pas l'avoir mise en danger pour rien...

-« Seigneur qu'ai-je fais ?... » Murmura t'il

Puis soudain, deux grands yeux bleus s'ouvrirent et le fixèrent. Il sursauta violemment et recula d'un pas dans un hoquet étouffé. Elle venait brusquement d’ouvrir les yeux, comme deux phares éblouissants qu'on allume dans une épaisse pénombre.
Elle se cambra alors dans un profond râle presque plaintif, comme si elle comptait aspirer tout l'oxygène de cet endroit sordide en une seule goulée.
Ses mains plaquées sur sa prison de pierre de part et d'autre d'elle, elle semblait revenir à la vie avec douleur.

Le Prêtre recula encore sous le choc de cette réaction si violente et se retrouva dos à la tombe suivante. Il se laissa tomber sur le sol, fixant avec une peur presque fascinante ce spectacle unique et terrifiant.
Dans un mouvement brusque, la jeune femme blonde se redressa en position assise puis se mit à hurler.

Laferty comprit à ce moment que ce qu'il venait de réveiller n'était pas humain, même si elle en avait l'apparence.
Son cri était perçant, puissant, presque animal.
Il tenta de se relever, paniqué, mais dérapa et fit tomber sur le sol la petite lampe de poche posée sur la tombe dans son dos. La lumière mourut instantanément, les plongeant dans la noirceur la plus totale.
Il tâtonna le sol avec des gestes désordonnés et fini par la retrouver. Après quelques efforts, il réussit à la rallumer et la braqua dans un réflexe vers la jeune femme qui s'était arrêtée de hurler entre temps.
Celle-ci s'étrangla de surprise et leva ses deux mains pâles devant ses yeux éblouis.
Puis brusquement, dans un bon spectaculaire, elle sauta à bas du sarcophage et atterrit souplement sur le sol poussiéreux.
Il eu juste le temps de la voir se mettre à courir à toute vitesse vers l'unique sortie de l'immense pièce.

-« Non… » Souffla t’il avant de se redresser et de se mettre à sa poursuite.

La noirceur de l’endroit l’empêchait d’être rapide et lorsqu’il arriva enfin en haut des escaliers de pierre situés à l’intérieur de la cathédrale, seule la grande porte en bois avait bougé, mais il n’y avait personne aux alentours.
Il se précipita vers la sortie, désespéré, et sortit en trombe du bâtiment.

La nuit était terriblement calme, aucun son ne résonnait aux alentours, aucun bruit de moteur, ni personne pour venir troubler le lourd silence.
La respiration haletante, le prêtre balaya alors les alentours de sa lampe torche même si la lumière que diffusait la lune pleine était suffisante pour y voir clairement.
Il ne vit personne. L’étrange jeune femme s’était comme volatilisée dans la nuit et elle était partie en emportant avec elle tous ses derniers espoirs de réussite…

Il baissa les bras, complètement découragé, la gorge serrée par ce sentiment d’écrasante défaite.
Tout était terminé, il avait échoué.
Une légère brise fit brusquement onduler sa soutane.
Laferty lâcha sa lampe électrique sur le sol et celle-ci roula lentement jusqu'à s’immobiliser, faisant ainsi revenir ce calme presque surnaturel, seulement troublé par le vent qui soufflait doucement.
Après tout ce temps, il avait laissé s’échapper ses derniers espoirs comme un amateur.

-« Qu’ai je fais… » Souffla t’il dans un murmure, les yeux fermés

-« On se le demande… » Fit alors une voix rocailleuse aux accents moqueurs derrière lui...


TO BE CONTINUED
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MessageSujet: Re: Killing Moon   Killing Moon Icon_minitimeSam 3 Nov - 4:45

Les yeux du père s’ouvrirent pour s’exorbiter d’étonnement, mais surtout de terreur.
Il connaissait cette voix, et elle lui glaça le sang.
C’était celle du monstre.

Laferty resta complètement immobile, transpercé de sueurs froides presque douloureuses.
Le bruit d’un briquet raisonna bientôt dans la nuit, suivi par le crépitement d’une cigarette et enfin, quelques pas claquants qui s’avançaient vers lui.

-« Et bien quoi, James ? On n’est pas heureux de me voir ? » Lança la bête avant d’émettre un rire froid et rauque

Un sentiment de profonde tristesse envahie l’homme d’église. Il avait essayé de lutter de toutes ses forces pour le bien de la communauté, et maintenant, il allait mourir.
Il avait joué et il avait perdu, c’était trop tard pour revenir en arrière.
Rien ne servait de chercher une échappatoire, un moyen de fuir et d’éviter les coups de griffes de l’être abominable qui se tenait dans son dos, il n’avait pas la force physique ni les armes pour lutter contre lui, tout chasseur qu’il était.

Pourtant cette mort évidente et imminente n’était pas la cause de sa tristesse. Tout ceci était un grand puzzle, et il avait été l’une des pièces, c’était ainsi qu’était la vie, il ne pouvait lutter. Mais le prêtre pensait aux gens qu’il laissait derrière lui, et au combat qu’il laissait entre leurs mains sans qu’ils l’aient choisi.
Il baissa les yeux, las, puis se retourna lentement pour faire face.
Laferty n’avait plus peur, il voulait juste en finir.
Il observait maintenant l’être qui lui faisait face. Tout comme la gargouille qu’il venait de réveiller, l’homme qui était devant lui avait une apparence humaine, mais il n’en était rien...

-« Bonsoir Warlick » Répliqua simplement Laferty d’une voix assurée

Il le détailla quelques secondes. De longues mèches noires et épaisses pendaient devant son visage au teint mat qui semblait avoir été taillé dans la pierre. Sa bouche moqueuse et bien tracée s’étira à son salue en un rictus.
Lui donner un âge aurait été impossible, c’était comme si le temps n’avait aucune emprise sur lui.
Il avait comme d’habitude cette apparence si soignée, habillé d’un costume violet foncé impeccable, mais tous ces attraits cachaient en réalité la pire des noirceurs.
Seuls ses yeux le trompaient et révélaient clairement quel monstre il était…

-« Je suis flatté que tu te déplace en personne… » Dit l’homme de Dieu avec ironie

Le lycanthrope tiqua et haussa une épaule avec désinvolture.
-« C’est que, mon cher Laferty, tu es le genre de saleté indécrottable dont il vaut mieux s’occuper soi-même. De toute manière, si tu veux que quelque chose soit bien fait, fais-le toi-même ! … je t’ai envoyé deux hommes a moi la semaine dernière… j’attends toujours qu’ils reviennent »

-« Tu peux toujours attendre… » Cracha James Laferty

-« Je n’en doute pas » Ricana le lycan « C’est bien pour cela que me voici devant toi par cette belle nuit… ce que ces abrutis n’ont pas réussi à faire avant que la situation ne déborde, c’est moi qui vais m’en charger… j’aurais d’ailleurs du faire ça plus tôt. Toute cette histoire est allez bien trop loin »

-« Et bien vas-y Warlick… » Fit le Père en levant les mains au ciel « Fais ce que tu as à faire, si c’est la volonté divine, alors qu’il en soit ainsi… »

-« La volonté divine » S’esclaffa la bête avec moquerie « Tu es désespérant ! »
Le regard de James se durci. Il attendait, la mâchoire serrée.
-« Si ton foutu dieu existait vraiment, tu penses sincèrement que des gens comme moi existeraient ? Tu ne pense pas que si ton stupide dieu avait réellement une quelconque utilité dans ce monde, j’aurais déjà rejoins son copain à la grande fourche ? Pourtant je suis toujours là James… depuis 400 ans je suis là, et je compte bien m’accrocher durant 400 autres années. Et ni toi, ni aucun chasseur de ce monde ne pourra rien y changer »

-« C’est ce que tu crois » Souffla Laferty qui observait le monstre avec haine

-« Si tu parles de ton petit protégé, il est sur ma liste lui aussi » ricana Warlick
Ce fut comme un poignard enfoncé lentement dans le cœur du Prêtre, mais il ne laissa rien paraître.

-« Il n’a absolument rien à voir là-dedans » Articula t’il, contenant avec difficulté la rage bouillante qui semblait lui dévorer les entrailles

-« Peu importe » marmonna le lycan comme s’il s’agissait d’une pure banalité « Qui sait ce que tu as bien pu lui dire. J’ai laissé cette histoire traîner trop longtemps et je suis partisan du nettoyage par le vide »

-« Tu es malade » Lâcha t’il avec un dégoût total…qui fit sourire Warlick, son regard malsain brillant d’excitation.

-« Je sais »

D’un geste vague, il jeta le mégot de sa cigarette, puis se tourna vers le prêtre pour planter dans ses yeux ce regard jaune et fielleux propre aux lycanthrope.

-« Ce fut un plaisir » lança t’il, méprisant

Et la seconde d’après, rapide, tel un souffle de vent, il avait fondu sur Laferty, le saisissant à la gorge avec une puissance phénoménale.
Son visage avait soudain prit des accents animalesque et la beauté relative de son masque humain avait maintenant totalement disparue. Ses crocs acérés et d’une pâleur de mort semblaient avoir surgis de nulle part.
Le prêtre ne touchait plus le sol et il suffoquait.

-« Tu vas crever James Laferty, et personne ne pourra m’arrêter ! Alors ? Une dernière parole avant le grand saut mon Père ? » Rugit la bête

-« … Va… te faire… foutre » Cracha Laferty, l’observant d’un regard emprunt de défis

Un éclair de colère sauvage passa dans les yeux de loup, qui leva ses griffes...


SCENE III


-« Va te faire foutre ! » S’exclama Jake en agrippant son sac à dos posé sur son lit avec rage.

-« Qu’est ce que tu viens de dire ?!! » Ragea sa mère « JAMAIS je n’ai laissé personne me parler comme ça !! JAMAIS !! Et ce n’est sûrement pas mon fils qui va commencer !! Excuse-vous tout de suite Jake Nielston ! »

-« Alors ça, sûrement pas ! » Gronda le jeune homme entre ses dents

-« Si tu me manque de respect encore une seule fois, tu vas le regretter amèrement ! » S’écria Nora

-« Va dire ça a quelqu’un que ça intéresse ! J’en ai ma claque, cette fois je me tire ! »

Sur ces mots, il se dirigea d’un bon pas et franchi la porte de sa chambre pour ensuite traverser le couloir de l’étage et dévaler les escaliers. Sa mère lui emboîta immédiatement le pas, se retenant de toutes ses forces de lui coller une bonne claque qui lui remettrait sûrement les idées en place.

-« Je te préviens Jake, si tu passes cette porte c’est définitif !! »

-« Parfait !! » lança t’il sans se retourner

Il venait de débouler dans le petit salon du chalet et continuait sa route vers la cuisine. La porte qui l’en séparait s’ouvrit toute seule et il passa celle-ci pour se diriger vers celle de l’entrée, qui présentement, était plutôt la porte de sortie…

Sa mère le prit de vitesse et fit le tour de la table de cuisine pour lui barrer le passage, ses bras croisés sur sa poitrine d’un air buté, le fixant sans faillir.
Il savait très bien qu’il avait dépassé et de loin les bornes, mais il n’en pouvait plus, il était décidé et rien, même pas le regard meurtrier de sa mère, ne lui ferait changer d’avis. Pourtant Dieu seul savait à quel point sa mère pouvait être terrible…
Elle n’était ni grande, ni d’une carrure extraordinaire, mais dans le cas de Nora, les apparences étaient trompeuses…

-« Laisse moi passer » Dit-il, asseyant de contrôler le ton de sa voix

-« Sûrement pas ! Maintenant tu vas m’obéir et allez reposer ce sac dans ta chambre immédiatement ! »

En temps normal, il se serait exécuté sans autre forme de protestation, mais là, c’était différent.

-« Non »

-« Non ? » répéta t’elle

-« Cette fois-ci j’en ai ma claque, je me tire de ce coin paumé… et si tu continues … je ne reviendrai jamais ! » menaça t’il sans grande conviction

-« Jake, tu as 22 ans, tu n’es pas capable de t’occuper de toi-même et… »

-« Non mais tu t’entends ?! » Explosa t’il « Je sais parfaitement me débrouiller et j’en ai assez que tu me mettes des battons dans les roues ! Je vais à Portland, là-bas je pourrai faire ce que je veux ! »

-« Tu ne sais pas te maîtriser, et si tu es pris en chasse je ne serai pas là pour te protéger ! » Renchérit tout de même sa mère, l’inquiétude se mêlant à sa colère

-« Mais… PERSONNE ne va me prendre en chasse maman ! Tout ça c’est dans ta tête ! »

-« C’est ce que tu crois ? Vraiment ?! »

-« Ouais ! Tu en cause comme si, à chaque coin de rue allait débarquer je ne sais quel démon ou … ou vampire ou chasseur ou je sais pas quoi ! »

-« Tu penses que c’est si rare que ça ?! Pourtant j’ai enterré Andrew, j’ai enterré Mark et j’ai enterré ton père ! C’est dangereux et tu ne seras à l’abri nul part ! »

-« Mais qu’est ce que tu veux que je fasse alors ? » S’exclama le jeune homme en levant les bras au ciel « Rester ici, au milieu des bois avec toi pour toujours ?! C’est hors de question, j’en ai assez… j’ai pas choisi tout ça, et j’ai jamais eu envie d’être ce que je suis… j’aurai préféré être normal ! J’aurai aimé aller … j’en sais rien moi, jouer au foot avec mes potes le dimanche au lieu d’apprendre comment tirer à l’arbalète et au fusil de chasse ! Maintenant s’en est trop, si je reste ici je vais devenir fou… »

Jake avait terminé son discours sur un ton plus désolé que coléreux. Au fond, il aurait aimé que les choses soient plus faciles et ainsi il aurait pu rester. Mais la situation était devenue ingérable et il sentait qu’il devait partir désormais.

-« J’ai fait tout ça pour t’apprendre à te défendre… pour que tu sache réagir si tu es en danger…. Tous les chasseurs ne sont pas comme moi tu sais ! Ils ne savent pas… ils ne savent pas tous faire la différence entre les … »

-« Entre les bons et les mauvais sorciers, oui je SAIS ! Tu me l’as répété toute ma vie maman ! »

-« Tu ne sais pas ce qui t’attends… » Dit-elle avec une pointe de tristesse

-« Je… je ne suis pas totalement IDIOT !! » Hurla Jake qui leva les yeux au ciel puis poussa ensuite un rugissement de frustration.

Un verre qui reposait sur la table de la cuisine explosa alors en mille morceaux, sans raison apparente.

-« Tu VOIS ? » En profita Nora « Tu ne les contrôlent pas ! Tu n’es pas prêt !! »

-« Tu n’écoutes rien !! » Gronda t’il « Tu comprends rien » Cracha t’il encore avec écœurement avant de couper court à la conversation

Il passa à côté d’elle en la bousculant légèrement et franchi la porte qui elle aussi s’était ouverte sans l’aide de personne.
Il descendit les escaliers en bois et se dirigea vers sa vielle Ford bleu délavée d’un air décidé.

-« Jake ! » Hurla sa mère de la porte de la cuisine « JAKE !! »

Mais il ne lui adressa pas un regard et grimpa dans la voiture, balançant son sac sur la plage arrière.

-« Jake !! Reviens ! » Cria encore Nora

Il démarra la voiture et fit une petite marche arrière, les pneus de sa vieille auto crissant dans les graviers qui bordaient la maisonnette.
Il pouvait encore l’entendre l’appeler tandis qu’il se dirigeait déjà vers le chemin de terre qui menait à la minuscule ville où ils habitaient…
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MessageSujet: Re: Killing Moon   Killing Moon Icon_minitimeDim 4 Nov - 6:35

SCENE IV


Lorsqu’elle ouvrit les yeux, c’était le petit matin et il faisait froid.
Elle avait couru longtemps après son réveil, sans savoir pourquoi, ni comment.
Ca ne s’était pas bien passé, pas comme les autres fois en tout cas. Lorsqu’elle avait reprit possession de son corps, tout semblait déformé et horrible. Elle avait ressentit un froid intense et un sentiment de désorientation complet.
Puis cette lumière douloureuse lui avait blessé les yeux et elle n’avait plus pensé qu’à fuir l’endroit, le plus vite possible, sans pour autant en connaître la raison ni où elle se rendait.
Sa tête était complètement vide, comme celle d’un animal pourchassé qui ne pense plus qu’à détaler pour sa survie.

Que s’était-il passé ? Pourquoi personne ne l’avait accueillit comme il se devait ? Pourquoi cela avait-il été si douloureux ?
Le réveil était toujours une expérience désagréable, surtout lorsqu’on avait passé de longues années à dormir et, plus les années passaient, plus le réveil était dur. Mais cette fois-ci, quelque chose avait raté.
Elle avait couru si longtemps droit devant elle qu’elle en avait les pieds blessés.

Elle avait beau regardé tout autour d’elle, là où son regard se posait, elle ne voyait qu’agressivité et menaces. Les lumières étaient étranges, les rues différentes, les rares gens qu’elle croisait semblaient mauvais et d’étranges engins filaient à une vitesse vertigineuse sur les routes, munis de grands yeux lumineux qui l’éblouissait toujours un peu plus.

Elle avait fini par sentir le contacte humide et doux de l’herbe sous ses pas douloureux, puis elle avait vu des arbres, et les lumières s’étaient estompées dans son dos.
Elle s’était alors enfoncée dans un petit sous-bois, le souffle court, le corps rompu, épuisée et perdue.
N’y tenant plus, elle s’était finalement endormie le long d’un tronc, couchée sur un sol de feuilles mortes peu confortable.

Elle observait désormais la cime des arbres feuillus se balancer au gré du vent, ne bougeant pas le moindre muscle, admirant leurs feuilles vertes se découper dans un ciel pâle et légèrement grisâtre.
Le chant des oiseaux accompagnait la scène.

Peu à peu, elle revint à elle, retrouvant sa conscience et son identité oubliée depuis tant et tant d’années
N’importe qui ayant assisté à la scène n’aurait vu là qu’une toute jeune femme frêle et d’une pâleur extrême gisant dans les feuilles morte. On aurait sûrement cru à un cadavre si sa poitrine ne s’était pas soulevée à intervalles réguliers, son souffle tiède se transformant en buée autour de sa bouche délicate.

Au bout d’un long moment, elle se redressa doucement, ses fins doigts s’accrochant à l’écorce de l’arbre mort à ses côtés. La tête lui tourna un peu et tout son corps était lourd, comme engourdit.
Une fois assise, elle posa un regard brumeux sur les environs. Où était-elle ?
Elle n’en avait pas la moindre idée et le seul fait de réfléchir lui semblait un effort énorme.
Tout ce qu’elle voyait autour d’elle, c’était de la verdure. De hauts arbres, quelques troncs couchés sur le sol, et un tapis de feuilles mortes aux couleurs automnales.
La femme cligna des paupières pour éclaircir sa vue et aperçu alors un chemin de terre.
Doucement, elle se dressa sur ses jambes qui lui semblaient en coton, tout paraissant tanguer autour d’elle, puis elle s’engagea tout de même sur le chemin, ses pieds nus et blessées par sa course de la veille s’enfonçant dans la terre meuble.

Au bout de quelques minutes qui lui semblèrent lointaines, comme dans un rêve, elle déboucha sur une pente herbeuse, elle-même suivie d’une route foncée qui semblait briller sous les rayons du soleil.
Elle tourna son regard et aperçu alors la ville.

Un long moment elle garda ses yeux fixés sur ce spectacle si étrange. De hauts bâtiments, qui ressemblaient à de grands châteaux de cartes, reflétaient les rayons dorés du soleil levant dans leurs innombrables fenêtres. Ils étaient immenses, plus haut que tout ce qu’elle avait vu durant ses précédents réveils. Elle avait une vue plongeante sur Portland, mais elle ne la reconnaissait plus...

Elle marcha vers la ville sans arrêter de l’observer de ses grands yeux bleu, à la fois fasciné et effrayée par ce qu’elle découvrait.
Combien de temps avait-elle dormi pour que les choses changent autant ?
Pourtant à la lumière du jour, tout avait l’air bien moins menaçant qu’à la nuit tombée.

Elle marcha un long moment encore le long de l’une de ces routes d’un bleu sale et foncé où filaient à toute vitesse ces engins de métal avec des roues.
Ces mêmes objets lui avaient fait une peur bleue quelques heures auparavant, mais maintenant qu’elle y regardait à deux fois, elle s’apercevait qu’ils n’étaient en fait que des moyens de transport et que des gens y étaient assis et les dirigeaient.
La jeune femme traversa ensuite un très long pont qu’elle ne se souvenait pourtant pas avoir traversé plus tôt, et se dirigea d’un pas encore un pu chancelant jusqu’au pied de ces hauts bâtiments qui lui donnaient le vertige.
Elle déboucha ensuite dans une rue et fut immédiatement plongée dans une foule de gens aussi rapide que ces engins de métal qui filaient toujours sur les voies.

Elle observa ce spectacle un moment. Tous ces gens qui marchaient et parlaient, toutes ces lumières et ces sons autour d’elle, tout ce mouvement perpétuel et ces couleurs, ces distractions, toutes ces odeurs parfois désagréables, parfois entêtantes, elle n’avait jamais rien vu de pareil.
Elle se sentit alors comme enivré par toutes ces nouvelles choses qui venaient s’ajouter à sa fébrilité. Elle reprit finalement sa marche, hagarde, longeant les murs pour ne pas se faire bousculer, essayant désespérément de rassembler ses idées si disparates.
Où devait-elle aller ? Qui l’avait réveillée ? Quelle était sa mission ? Pourquoi se retrouvait-elle seule, perdue dans cette ville pleine d’agressivité ? Où était l’homme d’église qui devait habituellement l’accueillir ? Pourquoi son réveil avait-il été si douloureux et inhabituel ? Que se passait-il pour l’amour de Dieu ?!

Et cette pensée la saisit plus qu’aucune autre : ‘pour l’amour de Dieu’.
Dieu, son créateur, son inspiration, sa raison d’être et sa raison d’agir, son guide, son professeur et son maître, il était tout à la fois pour elle, et Il était sa seule chance d’y voir clair…
Elle plongea une main tremblante sous son corsage gris de saleté et sortit alors une petite croix d’argent, simple et mate.
Elle la frotta contre son pouce pour ôter la trace du temps sur le métal, puis l’observa longuement, son dos appuyé contre un mur dans un renfoncement.

La gargouille lui adressa une prière silencieuse, une larme solitaire roulant sur sa joue crasseuse, y créant une ligne pâle et mouillée.
Cette prière lui redonna courage, elle n’avait besoin de rien d’autre que de sa foi pour accomplir sa mission, et ce malgré la fatigue, la peur, les questions, la faim, la douleur et le froid…

Elle devait retourner à la cathédrale, là où tout avait commencé, là où on l’avait endormie Dieu seul savait combien d’année avant et là où elle s’était éveillée quelques heures plus tôt.
Instinctivement elle leva les yeux, en espérant voir le clocher du bâtiment saint se détaché dans le ciel, mais la vue était complètement bouchée par ces grandes tours grises.
Elle voulu donc en recourir à ses souvenirs, car il fut un temps où elle connaissait cette ville par cœur. Mais tout avant changé et elle n’avait plus aucun repère.

La jeune femme continua donc tout droit en se disant que le Seigneur finirait bien par guider ses pas ou sa chance vers un quelconque indice du chemin à prendre.
Elle marcha donc un long moment, tandis que le soleil continuait sa course dans le ciel, réchauffant les rues et les trottoirs, alourdissant l’air et rendant la lumière plus crue.
Sa foi avait beau être intacte, le corps que lui avait donné le tout puissant était arrivé à bout, si bien qu’après de longues et harassantes minutes de marches, à bout de force, elle se laissa tomber sur de larges et longues marches de pierre qui menaient à une vielle bibliothèque, l’un des seuls bâtiments qu’elle avait reconnu.

Elle resta assise là un moment, fixant sans vraiment les voir tous ces gens qui défilaient sans se soucier d’elle.
Elle était sale, éreintée, ses pieds étaient ensanglantés, mais pourtant, personne ne venait à sa rencontre pour lui proposer une aide quelconque.
Pour l’instant, elle n’aimait pas cette époque…

Elle resta comme ça encore longtemps, sans vraiment se rendre compte du temps qui passait, ses pensées étant entièrement focalisées sur toutes ces questions sans réponses.
Mais bientôt, une voix la tira de ses songes à demi-éveillé :

-« Mademoiselle ? … Mademoiselle… vous vous sentez bien ? » Lui dit une voix masculine sur sa gauche

Elle tourna alors son regard pour tomber face à face avec un homme de grande taille assez mince et dégarnit.
Il avait un regard gentil et portait un costume trop petit.
Elle l’observa, faible et hagarde.

-« Vous m’entendez ? … Vous … hem, vous avez mal quelque part ? Vous saignez ! … Vous avez besoin d’un docteur ? » Continua t’il

Mais elle ne savait quoi répondre…

-« Roh bon dieu, Janet ! Janet, viens voir ! » Fit-il à quelqu’un qui se tenait plus haut sur les marches. Des pas claquèrent et une dame fit irruption dans le champs de vision de la femme à la peau plus pâle que la mort, prenant place aux côtés de l’homme.
Elle avait un visage doux, des cheveux courts et bouclés et des lunettes rondes.

-« Que se passe t’il ? » Fit-elle d’une voix inquiète

-« La jeune fille est toute seule et toute sale et elle ne répond pas ! Regarde, chérie, elle saigne là ! Regarde ses pieds, tu vois bien ! »

-« Oh, bah oui, mon dieu, Dave, mais qu’est ce qu’il lui est arrivée ? » Renchérit-elle, consternée par l’état déplorable de la malheureuse

-« Je l’ignore, mais… on ne peut pas la laisser là… »

-« C’est un fait… oui … mais … où veux-tu la mettre ? » Demanda t’elle à son mari avant de se tourner vers la jeune femme à nouveau « … Mademoiselle ? Vous … comment… est-ce que ça va ? » Articula t’elle

-« M’enfin, ne lui parle pas comme ça, Janet, elle n’est pas sourde elle est visiblement sous le choc ! » La raisonna Dave

-« Sous le choc de quoi ? Tu n’en sais rien ! Où veux-tu la mettre, je te le répète ?! »

-« Et bien… A l’hôpital pardi ! » S’exclama t’il

-« … non » Réagit enfin la gargouille d’une voix faible

Le couple se retourna d’un seul mouvement vers elle et l’observa, les yeux ronds.

-« Qu’est ce qu’elle a dit ? » Demanda Janet

-« La… Trinité » Se força la créature affaiblie

-« La quoi ? » Marmonna Janet avant de se faire rabrouer par son mari qui tendait l’oreille

-« La cathédrale… la Trinité » Répéta t’elle à bout de force

-« Ooooh, voilà ! La cathédrale !! » S’exclama Dave

-« Et bien quoi ?! » Fit Janet

-« C’est là bas qu’elle veut se rendre ! » Répliqua t’il, contenté

-« Mais, allons ! Tu vois bien qu’elle a besoin de soins ! Ne dis pas de bêtise ! »

-« Non !... La Trinité » répéta la jeune femme une fois encore, d’un ton toujours faible, mais légèrement plus assuré

-« Là ! Tu vois ! Elle veut aller à l’église ! Alors arrête donc de discuter, et va chercher la voiture !! »


TO BE CONTINUED
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MessageSujet: Re: Killing Moon   Killing Moon Icon_minitimeDim 4 Nov - 6:37

Janet l’observa quelques secondes, agacée, puis elle consenti à s’exécuter, descendant les marches vers la rue où les passants continuaient d’affluer.
Dave quant à lui, s’approcha de la jeune femme, ôta sa veste gris foncée et la déposa sur les épaules dénudées de la gargouille qui ne portait que les sous-vêtements de l’époque où on l’avait endormie, c’est à dire un caleçon long usé par le temps, un corset et une chemise fatiguée. Le tout avait été blanc autre fois, aujourd’hui il était aussi sale que le trottoir.

Elle sentit aussitôt une douce chaleur autour d’elle, et elle sourit faiblement en remerciement, ne pouvant guère faire mieux que cela pour le moment.
Après une ou deux minutes il l’aida à se lever et ils descendirent les marches à leur tour pour traverser le trottoir et se diriger vers l’un de ces étranges engins de métal qui transportaient les hommes d’aujourd’hui.
A cela près qu’elle n’était pas vraiment d’aujourd’hui.

Une peur mordante lui prit les tripes et la créature eu un mouvement de recule, mais Dave prit ça pour une simple faiblesse et l’incita de plus belle. Elle n’eu pas la force de résister.
Un instant plus tard, elle était donc assise sur une banquette douce mais qui avait une drôle d’odeur. C’était confortable mais étroit.
Le couple s’assit devant elle, sur des sièges plus petits, et Janet tenait un disque noire et luisant entre ses mains. Une foule de boutons et de manettes était disposés devant elle et la jeune femme ne put s’empêcher de s’avancer le plus possible pour étancher sa curiosité et voir comment la dame s’y prenait pour manœuvrer une telle machine.

Cette dernière enfonça une clef sous le disque, et un bruit sourd se fit entendre tout autour d’eux, la faisant sursauter.
Elle leva les yeux, les baissa, mais ne su dire d’où provenait ce bruit bizarre.
Puis sans qu’elle s’y attende, la machine se mit en marche et elle fut projetée en arrière contre le dossier.
Les yeux écarquillés, son estomac se souleva en réalisant à quelle vitesse ils allaient ! C’était plus rapide qu’un cheval ou qu’un vélo !! Presque plus rapide que le train ! C’était impossible !

La tête lui tournant affreusement, elle s’allongea sur la banquette et ferma les yeux, se concentrant sur une prière.
Parfois, l’engin tournait et c’était encore pire, elle devait se tenir et serrer les dents.
Elle fini tout de même par ouvrir les yeux, elle était couchée sur le dos et pouvait voir à l’envers la cime de quelques arbres défiler de temps en temps ainsi que les plus haut des bâtiments par les vitres de l’engin.
La gargouille finit par se redresser, et elle s’approcha de la fenêtre à sa gauche, jetant de temps à autre des regards aux deux autres passagers.

Elle pouvait voir à quelques centimètres à peine la route défiler à toute vitesse et les gens dans la rue s’évaporer comme de la fumée colorée. Sans parler des autres machines qui venait en sens inverse et qui passaient si près !!
Elle plaqua sa main contre le verre et se redressa encore, oubliant momentanément tous ses soucis et sa faim, sa soif, et sa fatigue.
Cette époque était décidément l’une des plus étrange qu’elle ait jamais vu…

-« Vous allez bien ? » Demanda Dave qui l’observait, interloqué par son comportement

-« Oui… » Fit-elle doucement, accompagnant ses mots d’un faible sourire

Oui, elle allait bien, ses premiers pas avaient été difficiles dans ce nouveau monde, mais elle s’en tirait plutôt bien désormais. Dieu était avec elle.
Au bout d’un moment, le véhicule ralentit et se stoppa plutôt brusquement. Mais elle n’y prêta pas attention. Elle l’avait vue.
La cathédrale.
Si haute, si majestueuse et éternelle… à l’image de son Seigneur.

Dave l’aida à sortir du véhicule.
Elle fit mine d’ôter la veste pour lui rendre mais il l’en empêcha.

-« Gardez là, vous en avez plus besoin que moi » Lui assura t’il

-« Merci » Sourit-elle avec sincérité de sa voix frêle

-« Dave, c’est une veste que t’as offert ma mère ! » S’exclama sa femme

-« … justement » Grogna t’il en réponse

-« Merci beaucoup de m’avoir aidé » Les interrompit la gargouille, en tournant son regard azuré vers les larges portes du bâtiment.

Tout autour, il faisait calme et silencieux, le brouhaha de la ville était maintenant lointain.

-« C’est tout naturel » Fit Janet avec un sourire chaleureux

-« … on aimerait faire plus pour vous… on … on peut vous donner de l’argent si vous voulez » Proposa l’homme

-« Non… merci »

Elle se tourna vers lui et posa alors son regard dans le sien. Elle le fixa longtemps, un petit sourire aux lèvres et il ne put s’en défaire que lorsqu’elle tourna ses yeux vers sa femme qui elle aussi resta figée, comme hypnotisée par ce regard si étrange, lointain, presque parfumé.

-« Merci » Répéta t’elle

Et elle se retourna pour marcher vers l’église.
Interdit, le couple l’observa quelques secondes sans bouger, encore sous le choc de ce regard étrange et complètement captivant.
Puis Dave réagit enfin et cligna des yeux, comme si il se réveillait d’un rêve.

-« … Hey ! » La héla t’il

Elle se retourna doucement et lui fit face, quelques mètres devant eux.

-« Comment vous vous appelez ? » Demanda t'il d’une voix plate

Elle lui sourit encore.

-« … Kara »

SCENE V


Adossé contre un arbre, il tournait obstinément le dos à la scène, se contentant d’écouter de loin. De toute façon, ce genre de cérémonie, c’était de la merde, il l’avait toujours dit.
Il était juste venu dire un dernier au revoir. Et il pouvait très bien faire ça de loin.
Et puis de là où il était maintenant, le Père Laferty n’en avait absolument plus rien à foutre.

Le jeune homme gardait donc les yeux rivés sur ses vielles boots abîmées, la mine inexpressive, une cigarette fumante entre ses doigts.
Derrière lui, le cimetière et l’enterrement de l’homme qui avait été comme un père pour lui durant toutes ces années, et pas seulement dans le sens religieux du terme.
Il avait traversé pas mal de galère dans sa courte vie plutôt mouvementée, mais celle-là était pas mal dans le genre…

Le pire, ce n’était pas tant la mort de l’homme d’église en elle-même mais plutôt la manière dont ça s’était passé…
Quel genre d’être humain pouvait consciemment infliger ce genre d’horreurs monstrueuses à un autre ?
Il avait côtoyé un nombre phénoménal de connard dans la rue où il avait grandi, mais l’enfoiré de tueur était d’un genre encore inconnu pour lui. Et ça, ça lui foutait une rage pas possible.
Et puis qu’est ce qu’il allait faire maintenant ?
Où allait-il aller quand il aurait trop froid, ou quand il aurait trop faim ?
Il était baisé dans tous les sens et il se retrouvait tout seul à nouveau, comme un parfait idiot…
Il aurait aimé mettre la main sur le fils de chienne responsable du carnage, puis lui faire comprendre la vrai signification du mot « souffrance ».

Aaron ferma les yeux durant une seconde pour contrôler la colère sourde qu’il éprouvait.
Il tira une dernière fois sur sa cigarette avant de la jeter au sol d’un geste vague, pour l’observer fumer pendant quelques secondes encore, sans vraiment la voir.

Dans son dos, la cérémonie continuait, avec une foule de connards ingrats qui chialaient sur un type qu’ils ne connaissaient même pas vraiment.
Lui il savait. Il savait à quel point Laferty était loin d’être ce qu’il paraissait, et combien il avait donné de lui-même pour ce bled pourri bourrés ! Il savait aussi très bien combien il allait lui manquer…
Pourquoi avait-il fallu qu’il meure pour qu’il se rende compte aussi clairement de son attachement à l’homme de dieu ?
La vie était vraiment mal foutue. Surtout la sienne.
La seule personne qui se souciait de lui était partie et il ne savait ni comment, ni pourquoi.
Intérieurement, le jeune homme se fit la promesse de retrouver l’ordure qui lui avait enlevé le vieil homme et de le faire payer par cent fois son crime !

Après cela, Aaron planta ses deux grandes mains dans les poches de son jean sale puis se retourna pour poser un seul et unique regard à la scène.
Il se détourna ensuite pour de bon et parti sans se retourner, les pieds traînant dans les graviers.
Le garçon sortit bientôt du cimetière puis traversa quelques rues, ses yeux clairs et dénués de toute expression fixés devant lui comme ceux d’un zombie.
Il se posta ensuite à un arrêt de bus et patienta jusqu'à ce que le transport arrive.
Le jeune homme monta alors dedans et s’assit lourdement pour garder son regard clair sur le décors urbain qui défilaient rébarbativement par la fenêtre. Il avait la tête vide.
Une fois descendu du bus, il continua de marcher avec automatisme, connaissant toutes les rues qu’il traversait par cœur.

Il essayait de s’empêcher de penser au prêtre, mais c’était peine perdue, les barrières tombaient les unes après les autres, et une triste colère l’envahissait peu à peu. C’était comme si son cœur avait été fait de plomb.
Au bout d’un moment, alors qu’il venait de franchir l’un des grands ponts de la ville et qu’il marchait a présent dans un petit parc vert, il se stoppa tout net.

Aaron resta là, debout au milieu de l’allée de sable durant quelques longues secondes, les yeux exorbités d’horreur.
Bordel de merde, le Père Laferty était mort ! Pour de vrai !
Il ne le verrait plus jamais de sa vie, ne l’entendrait plus jamais le sermonner, c’était terminé !
Brusquement, il recula jusqu'à un banc et s’y laissa tomber, encore sous le choc.
Le poids de cette cruelle vérité semblait fondre sur lui, peser de toutes ses forces sur ses épaules, l’empêchant presque de respirer.
Laferty était mort…

Alors il pleura.
Il pleura longtemps, ses yeux tristes fixés sur la flotte qui continuait de passer sous le pont, inlassablement, comme si rien n’avait changé…
Pourtant tout avait changé maintenant, … Laferty était mort…


TO BE CONTINUED
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MessageSujet: Re: Killing Moon   Killing Moon Icon_minitimeLun 5 Nov - 5:04

**Flash back**


Les sonneries du téléphone et les rumeurs des conversations ne cessaient jamais ici.
Cela faisait près de deux heures que l’enfant était assit sur le blanc le long du mur gris et qu’il attendait.
Mais dans le commissariat du quartier Ouest de Portland, les flics avaient apparemment autre chose à faire que de s’occuper d’un môme de 13 ans.

Aaron garda donc ses yeux bleu fixés sur le coin du bureau face à lui, les levant uniquement pour jeter quelques coups d’œil à l’horloge ou aux putes en garde à vue qui faisaient scandale, menottées à leurs chaises.
Tandis qu’il observait toujours et encore ce même coin de bureau sans aucun intérêt et sans vraiment le voir, quelque chose de grand et de sombre vint lui boucher la vue.
Le jeune garçon fronça légèrement les sourcils puis leva lentement les yeux pour tomber sur un regard noir et sévère fixé sur lui.
Ce visage lui évoqua immédiatement quelque chose mais il n’aurait su mettre un souvenir précis sur cette impression.

-« Bonsoir Aaron » Fit le prêtre qui se tenait là

Le garçon ne répondit rien et se contenta de le fixer d’un air placide.
Un jeune flic se posta ensuite à ses côtés, un petit dossier ocre à la main. Comme tous les types qui bossaient dans cet endroit, il avait sur le visage cet air infiniment blasé de celui qui à déjà tout vu défiler sur ce même banc…

-« Aaron Smith, arrêté dans l’après-midi pour… »

-« Vitrenko. » Le coupa l’enfant d’un ton distant, comme une vieille habitude qu’il aurait prise avec le temps « Aaron Vitrenko »

Depuis qu’il était gosse, le garçon avait toujours voulu entendu que si on voulait s’en sortir dans la rue, il fallait se faire un nom. Il avait prit cette expression au sens littéral du terme et depuis, il insistait pour se faire appeler Vitrenko, comme le héros dans un vieux livre qu’il avait dégoté, et avait adopté un accent russe, plutôt ridicule, mais qui selon lui, en jetait un max.

Le flic lui jeta un regard chargé d’agacement qu’Aaron soutint effrontément, sans ciller. Après quelques instants, lassé de cet échange, l’homme de loi décida de reprendre son discours là où il l’avait arrêté.

-« Arrêté pour vol à l’étalage dans une grande surface du centre. C’est la seconde fois cette année qu’on le ramasse… et on est en mars » Ajouta t’il avec un regard lourd de sens vers le garçon « A part ça… il à 13 ans et… »

-« Ca ira merci » Le coupa l’homme d’église en levant brièvement la main.

Le flic haussa les épaules puis fit signe au jeune garçon de se lever.
Celui-ci s’exécuta avec lenteur, tendant automatiquement les poignets dans sa direction. Le flic se saisit donc de ses menottes dans le but de les mettre au garçon, mais son geste fut arrêté par le prêtre.

-« Que faite vous exactement ? » Demanda celui-ci

-« Et bien… je… »

-« C’est un enfant, les menottes ne sont pas utiles, rangez-les »
Ordonna presque le Père Laferty

-« Comme vous voudrez, mais ce sale gamin à mordu un de mes collège au sang ! Il a terminé aux urgences avec 5 points de sutures ! Alors si j’étais vous… »

-« Merci pour ces précieux renseignements, officier mais ça ira. Où est la salle ? »
Le coupa de nouveau le Père Laferty

Après un soupire désabusé, le jeune policier lui désigna une porte derrière eux.
Ils s’y dirigèrent tous les trois et le flic ouvrit la porte et leur fit signe d’entrer.

-« Je reste là, derrière la porte… alors si vous avez besoin, au cas où… » Fit le flic d’un air entendu

-« Je vous remercie » Lui répondit l’homme d’église avec un bref sourire poli avant de refermer la porte d’un geste sec et sans cérémonie.

Les sonneries et le brouhaha cessèrent immédiatement et le calme s’installa dans la pièce.
Il y avait juste une table, deux chaises, et une vitre teintée. La lumière était fade et l’ampoule dénudée.

-« Assieds-toi » Lui intima le prêtre en lui désignant une chaise.

Aaron obéi tandis que l’homme s’asseyait en face de lui, croisant ses mains sur la table en observant l’enfant.
Il l'examina longtemps, sans bouger un seul muscle, son regard perçant et intelligent le détaillant sans vergogne.
Aaron quant à lui resta silencieux même s’il commençait à sérieusement se demander ce qui était en train de se passer.

-« Tu as deux options » Dit soudain Laferty, en faisant sursauter l’enfant et après un nouveau silence, il continua, sans se défaire de ce regard si particulier « Soit tu décides de continuer sur cette voix et la prochaine fois, tu auras à faire au service de l’enfance, ce qui signifie la maison de correction assurée, soit…tu décides de me suivre moi, de retourner à l’orphelinat, de ne plus essayer de t’enfuir, et ainsi d’avoir une chance de t’en sortir décemment »

Il avait dit tout cela d’un ton très calme mais pourtant dur, ne cessant de fixer le garçon avec intensité, sans pourtant porter le moindre jugement.

L'enfant ne répondit rien. Pas seulement par ce qu'il n'en avait pas envie -ce qui était le cas- mais surtout par ce qu'il ne savait pas quoi répondre à ça.
Puis c'était qui ce type de toute manière ? De quel droit il venait lui faire la leçon ?
Le prêtre attendit encore un peu, puis, ne voyant aucune réponse arriver, continua son argumentation.

-« Tu as 13 ans Aaron, tu peux encore laisser tout ça derrière toi et t'en sortir autrement. Je sais que tu dois penser que je ne sais pas de quoi je parle et que je ne te connais pas mais ces deux raisonnements sont faux »

La seule réaction un tant soit peu visible de Aaron fut un très léger froncement de sourcils.

-« ...Tu venais tout juste de naître lorsque ta mère t’as confié à moi. Je suis un homme de parole Aaron. Lorsque j’entreprends quelque chose, je le fais jusqu’au bout. Quand j’ai appris que tu t’étais enfuit de l’orphelinat, je t’ai cherché mais tu n’es pas facile à attraper » Dit l’homme

Ces paroles rappelèrent alors quelques souvenirs à l’enfant qui se souvint soudain d’où il connaissait son vis-à-vis.
Il venait donner la messe à l’orphelinat.
Aaron détestait rester assit sans rien faire, alors il s’arrangeait pour disparaître avant et réapparaître ensuite histoire de ne pas être puni par les sœurs, ce qui arrivait très souvent.
Quelques fois, ces vielles harpies l’harponnaient juste avant et l’obligeaient à y aller. C’est là qu’il avait vu le prêtre.
Toutes ces bondieuseries le rendaient malade ! Si vraiment il y avait eu un dieu, ça n’aurait pas été des bonnes sœurs qui l’auraient obligé à aller à la messe, mais ses propres parents !
Et si vraiment il y avait un dieu malgré ça, alors il ne devait vraiment pas l’aimer beaucoup…

-« Crois-tu en Dieu Aaron ? » Demanda soudain le Père Laferty comme s’il avait lu dans ses pensées…

Aaron resta muet quelques secondes, puis baissa les yeux.

-« … bof » Répondit-il avec un haussement d’épaules

-« C’est oui, ou c’est non »

Le garçon releva les yeux, la mine un peu boudeuse.

-« … ben oui alors »

-« Bien » Dit l’adulte « Est-ce que tu crois au destin ? »

-« …C’est quoi ? »

-« Un chemin tout tracé que Dieu aurait créé rien que pour toi et duquel tu ne peux pas sortir »

-« Nan, ça c’est des conneries ! » Lança le jeune garçon en croisant ses bras.
L’homme d’église sembla réfléchir quelques instants, comme pour choisir ses mots.

-« Pour ma part… je crois à quelque chose entre les deux. Je crois que Dieu met sur notre route… une série de chemins. Et ces chemins sont les décisions que nous prenons. Il te laisse le choix entre de mauvais chemins, de bons chemins, et d’autres encore qui ne sont ni bons ni mauvais… parfois tu as beaucoup de choix, et d’autre fois tu as l’impression que tu es coincé. Mais c’est faux. C’est une image, tu comprends ce que j’essaye de te dire, Aaron ? »

Le jeune garçon réfléchi, puis acquiesça, intrigué.

-« Je pense que c’est ce qui t’arrive à ce moment précis. Tu as l’impression que le choix que tu as à faire est sans issue. Tu penses qu’il n’y a qu’un seul et unique chemin qui se présente à toi, un chemin que tu n’as pas forcément envie d’emprunter, mais où tu t’engageras quand même parce que tu te sens coincé. Pourtant c’est totalement faux et je suis là pour te le prouver. Il suffit de mieux regarder les opportunités qui s’offrent à toi. Il faut aussi accepter l’aide qu’on te propose et ne pas croire que tu es seul face à tout ça… tu n’es pas obligé de faire tout ça Aaron, il y a d’autre moyen de s’en sortir » Articula l’homme plus distinctement pour que cette phrase soit bien comprise par l’enfant. « Tu me suis toujours ? »

-« …je crois »

-« Bien. Donc je te le répète Aaron : tu as deux options… deux chemins. Soit tu continues sur la voix où tu t’es engagé et qui t’as conduit à commettre un vol et à terminer dans ce poste de police, soit tu décides de venir avec moi, de retourner à l’orphelinat, de ne plus t’enfuir, même si cela te semble difficile. Alors ? Que décides-tu ? » Demanda t’il d’un ton neutre

L’enfant l’observa. Personne auparavant ne lui avait jamais parlé comme ça. Personne ne lui avait proposé son aide ou prit le temps de lui expliquer quoi que ce soit, ou même simplement, lui demandé son avis sur quelque chose. Et là c’était un sacré quelque chose !
D’un côté il avait bien envie d’envoyer le vieux sur les roses, question de fierté, mais d’un autre côté… il n’avait rien à perdre. Et il semblait avoir tout à gagner…
Et s’il pouvait éviter la maison de correction en plus de ça…

Hésitant, il plongea une main dans sa tignasse blonde pour se gratter le crâne, se dandinant nerveusement sur sa chaise.
Sentant son mal aise, le Père lui adressa un faible sourire pourtant confiant et lui tendit la main dans l’espoir qu’il la serre.
Après un soupire, les yeux fixés sur la main tendue vers lui, Aaron tendit sa main à son tour.

-« … bon d’accord » grogna t’il presque, comme s’il faisait une énorme faveur à l’homme

Le soulagement fut visible sur le visage de l’homme d’église, et il laissa échappé un rire sourd, se saisissant à deux mains de celle d’Aaron.

-« Tu as pris le bon chemin, Aaron » lui dit-il simplement

Aaron quant à lui, était juste étonné que sa décision suscite autant de bonne humeur chez quelqu’un.
Evidement, aucun des deux ne le savaient encore à ce moment, mais cette discussion, ils allaient l’avoir encore, et encore, et encore.

Aaron avait toujours été bourrés de bonnes intentions, mais s’y tenir avait toujours été le plus gros problème. Et malgré tous les efforts du prêtre il n’en avait jamais fait qu’à sa tête. Pourtant Laferty ne l’avait jamais plus laissé tomber depuis ce jour et ça faisait toute la différence pour le garçon : il avait quelqu’un.
Et aujourd’hui ce quelqu’un était mort, et il regrettait d’avoir si souvent choisi les mauvais chemins…
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MessageSujet: Re: Killing Moon   Killing Moon Icon_minitimeJeu 8 Nov - 6:05

SCENE VI


-« Evey ? » Marmonna Lou tout en fixant son amie qu’elle voyait à l’envers

Mais la jeune femme aux longs cheveux blonds et bouclés ne l’écoutait pas, elle restait concentrée sur ses recherches, les yeux fixés sur l’écran de l’ordinateur portable dont elle ne se séparait jamais.

Les deux jeunes femmes se trouvaient depuis le matin à Portland, elles avaient voyagé de nuit depuis leur dernier point de chute. La première chose qu’elles avaient fait en arrivant était la même qu’à chaque fois : se trouver une chambre de motel, la moins chère possible évidemment.
Le décor était donc toujours un peu le même depuis plus d’un an qu’elles étaient sur les routes.
Et durant tout ce temps elles en avaient vu des choses.
Des choses que ni l’une ni l’autre ne croyaient possible avant cette fameuse nuit d’automne, dans leur petit coin du Nevada d’où elles étaient originaires.
Cette nuit avait changé la donne de leurs deux vies et ça pour toujours.

Cette nuit là, il ne se passait pas un jour sans que les deux jeunes femmes y pense au moins une fois.
Depuis, elles parcouraient les Etats-Unis à la recherche de présence surnaturelles et malfaisantes pour les exterminer et sauver ainsi la vie de nombreux innocents, victimes de ces phénomènes étranges.

La plus part du temps, elles étaient guidées par les rêves d’Evey. En effet, celle-ci possédait depuis sa plus tendre enfance une sorte de 6ème sens hyper développé.
Il était rare qu’elle l’utilise avant tout ça, ou même qu’elle y prête attention, mais les choses avaient fait qu’aujourd’hui, elle était devenue en quelque sorte, leur radar.

Son dernier rêve en date les avait menées à Portland. Elle le faisait depuis deux bonnes semaines déjà, et il revenait de plus en plus souvent.
L’ennui avec les messages des songes, c’est qu’ils étaient codés, et parfois tellement bien codés qu’ils en devenaient indéchiffrables. Pour le reste de l’enquête, il allait donc falloir qu’elles se débrouillent durant quelques temps toutes seules, jusqu’au moment ou un nouvel élément du rêve viendrait les mettre sur la voie.
Tout cela impliquait donc des heures et des heures de recherches, ce que Lou se supportait pas…

-« Evey ? » Répéta t’elle, affalée sur le lit, la tête en bas, pendante dans le vide « EVEY ! »

-« QUOI ?! » Aboya la plus jeune en réponse

-« Qu’est-ce qu’on fait alors ?! » Gémit presque son amie en se retournant, le monde reprenant sa juste place

-« Lou, ça fait à peine… trois heures qu’on est arrivées ! » L’informa Evey en jetant un coup d’œil à sa montre « Et tu t’ennuis déjà ! Qu’est-ce que tu croyais ? Qu’en arrivant à Portland tout allait nous tomber tout cuit dans le bec ?! »

-« Me cause pas comme si j’avais 5 ans, le caniche ! Je m’emmerde c’est tout ! »

-« Et bien AIDE-MOI pour changer !! » S’exclama Evey, outrée

-« J’ai dis que je me faisais chier ! »

-« C’est une occupation utile ! »

-« Mon cul ! » Grogna Lou en se redressant brusquement, la mine fermée « Je préfère encore me faire chier que de commencer à me prendre la tête sur tes trucs !

-« MES trucs ?? Alors ça c’est la meilleure ! La plupart du temps tu refuses que je t’accompagne en chasse et tu fais cavalier seule ! C’est moi qui me tape le sale boulot, les heures de recherches et les prises de tête ! »

-« Oh, ne recommence pas avec ça ! Faut toujours que tu te plaignes » Bougonna Lou tout en descendant du lit

Elle savait qu’Evey avait raison, mais pour rien au monde elle ne l’aurait avoué.
Son amie du se mordre la langue pour s’empêcher de répondre et d’ainsi envenimer encore la situation. Lou était butée, et elle avait décidé qu’elle ne l’aiderait pas. Evey savait très bien ce qu’elle voulait qu’elle lui dise de toute façon !

Elle l’observa durant quelque seconde d’un air blasé. Lou marchait à pas lents et rasait les murs au papier peint miteux en soupirant, marmonnant et grognant, le regard fixé sur le décor pauvre et minable de leur petite chambre, comme si cela avait un quelconque intérêt…
Evey leva les yeux au ciel.

-« Vas-y si tu t’ennuie vraiment »
Lou se retourna vivement vers elle, l’interrogeant du regard.

-« Tu sais très bien ce que je veux dire. Tu peux aller prendre un verre en ville, de toute façon ça sera toujours mieux que de t’avoir dans mes pâtes » Fit Evey avec la force de l’habitude

-« Oh ! Ca ne te dérange pas, vraiment ? Merci, je reviens dans une paire d’heures, à plus tard ! » Lui répondit Lou sans même prendre le temps de respirer

Et quelques secondes plus tard, elle avait agrippé les clefs de sa moto, son manteau et avait déserté la chambre.
Evey qui était maintenant seule, garda son regard fixé sur la porte qui venait de claquer durant un petit moment encore.

-« Désespérant » Finit-elle par lâcher dans un murmure avant de retourner à ses recherches


SCENE VII


La vielle Ford fatiguée se stoppa dans un bruit de conserve devant le motel. Jake jeta un regard par la fenêtre et observa le bâtiment défraîchi qui lui faisait face.
Lamentable, c’était le cas de le dire.
Mais il n’avait que peu d’argent devant lui et en attendant de trouver un emploi il n’avait pas vraiment le choix…

Il descendit donc de la voiture, son sac sur le dos et se dirigea vers le motel d’un pas traînant, les mains enfoncées dans les poches de son vieux jean.
Le jeune homme traversa le parking, gardant ses yeux bruns rivés sur ses imitations de Convers a 5 $...
Même si il savait pertinemment que de belles heures de galères étaient à venir, il ne regrettait pas sa décision d’avoir quitté le domicile familial.
Il regrettait plutôt la manière dont ça s’était passé. Depuis, sa mère l’avait appelé une bonne dizaine de fois sur son portable, mais il avait nié les coups de fils.

C’était étrange de se dire que c’était terminé. Il avait vécu au chalet toute sa vie, dans le même petit village. D’abord avec ses deux parents, puis avec sa mère seulement.
C’était à partir de ce moment là que les choses avaient sérieusement empiré.
Avant la mort de son père, lorsqu’il avait 15 ans, il supportait assez bien leur vie certes un peu reculée.
Sa mère était une chasseuse, et son père avait quelques dons qui faisaient d’eux des cibles pour chaque camp. Jake n’avait jamais vraiment tout su de leur histoire, mais il savait, ou plutôt il sentait, qu’ils fuyaient quelque chose.
Puis son père était mort. Et tout était devenu pire.

Il savait que c’était pour son bien si sa mère était aussi envahissante. Elle s’inquiétait pour lui et il y avait de quoi. En plus d’avoir perdu Karl, son père, elle avait d’abord perdu son premier enfant, et son premier mari dans des circonstances plutôt affreuses.
Il la comprenait donc, mais détestait que tout lui retombe dessus.

Lorsqu’il avait des amis ou une petite copine, sa mère refusait qu’ils viennent à la maison, et évidement, c’était la croix et la bannière pour qu’elle accepte qu’il sorte !
Lorsqu’il avait été plus grand, vers ses 16 ans, il avait souvent fait le mur, mais cela donnait lieu par la suite à de violentes disputes et ce n’était pas vraiment une solution.
Autant dire qu’il n’avait jamais gardé ni amis, ni petites amies bien longtemps. Il avait fini par s’y faire, mais ça ne voulait pas dire qu’il aimait ça.

Le jeune homme avait tenu le plus longtemps qu’il pouvait. Mais maintenant tout ça était terminé. Il n’arrivait pas à croire qu’il l’avait enfin fait ! Il était parti !
Un choque violent le fit sortir de ses pensées. Quelqu’un venait de lui rentrer dedans et pas qu’un peu !

-« Hey, bouge du gland ! » marmonna une jeune femme aux cheveux courts qui portait d’énorme botte de moto

Il allait lui rétorquer quelque chose mais ses yeux s’attardèrent sur ses fesses joliment moulées dans son pantalon de cuire tandis qu’elle continuait son chemin sans se soucier de lui le moins du monde.
Il sourit faiblement, songeant que maintenant, plus rien ne se dresserait entre lui et toutes les plus jolies filles qu’il allait croiser...

-« J’peux t’aider fiston ? » Fit une voix rauque derrière lui

Le jeune homme se retourna pour tomber nez à nez avec un grand bonhomme mal rasé et a la tignasse grise effrayante, tout entourée d’un halo de fumée de cigare.
Jake arqua un sourcil. Il préférait mater la fille…
Il se racla la gorge, posant brièvement ses yeux marron sur les tatouages de femme nue qui ornaient les jambonneaux, ou plutôt les bras, de son interlocuteur.

-« Hem… une chambre s’il vous plait… pour la semaine… » Répondit-il, sceptique

L’homme émit un grognement bizarre, sa respiration sifflante suggérant un arrêt immédiat de la cigarette plutôt utile.

-« T’veux vec’ vue sur le parking ou sur l’autoroute ? » Lui demanda l’homme derrière son comptoir de sa voix rauque

Jake ne répondit rien et se contenta de sourire…

TO BE CONTINUED
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MessageSujet: Re: Killing Moon   Killing Moon Icon_minitimeJeu 8 Nov - 6:05

Une fois dans la chambre, il déposa son sac et observa le décor.
Le lit trônait au milieu de la pièce, sur sa gauche une petite table basse et un divan vert caca d’oie ; sur sa droite une petite commode et une étagère sur laquelle était posée une petite télé de poche surmontée d’une antenne plus grosse qu’elle. Et à côté enfin, la porte qui menait à la salle de bain.
Il s’y dirigea d’un pas nonchalant et alluma la lampe. Un néon clignota et la minuscule pièce d’eau apparu : évier, douche et toilette où il manquait la planche.
Il soupira de dépit et retourna dans la chambre après avoir éteint la lumière.

C’était petit, ça n’était pas très propre, il y avait une tâche sur l’oreiller et de drôles de traces sur les murs, sans oublier que ça sentait un peu le moisi… mis à part ces détails, le verdict était bon !
Jake déglutit avec difficulté, écoutant les hurlements étouffés d’une japonaise apparemment très en colère dans la chambre d’à-côté…
Doucement, il se prit la tête dans les mains.

-« Qu’est-ce que j’fou la ? » Souffla t’il en repensant a la sécurité douillette de sa chambre, à son lit propre et aux voitures de courses de son papier peint … non en fait ça, ça n’allait pas lui manquer.

Son père le lui avait choisi quant il avait 13 ans et même a cette époque, il avait trouvé ça un peu nul …
Mais bref, il était dans la panade…
Son téléphone sonna alors. Cette fois, il se précipita pour dégainer son portable et fut soulagé de voir qu’il s’agissait encore de sa mère.
Il décrocha.

-« Oui ? » Soupira t’il en prenant le ton du type super occupé qu’on dérange

-« Jake ! J’ETAIS MALADE D’INQUIETUDE !! Pourquoi tu ne répondais pas à ton téléphone !?? »

-« Baaaah, je réponds là ! »

-« Je t’ai appelé 13 fois ! »

-« J’en avais compté que 10 » marmonna t’il

-« Ne fais pas le malin avec moi ! Où es-tu ?! »

-« … pourquoi ? Tu comptes venir me chercher ? » Demanda le jeune homme, suspicieux

-« …non »

-« Menteuse !! » S’offusqua t’il

-« C’est une sécurité, Jake ! Une sé-cu-ri-té ! Si il t’arrive quelque chose je saurai ou commencer mes recherches ! »

-« … quelles recherches ? Maman mais de quoi tu parles ?! »

-« Ca me rassure, Jake, alors dis-moi où tu es où je retourne tout Portland pour te mettre la main dessus et quand je t’aurai trouvé, crois-moi, tu regretteras d’avoir vu le jour ! »
Il leva les yeux au ciel puis soupira.

-« Dans un motel… près du pont est, direction Greshan. Le ‘Lougaty’ ou quelque chose comme ça … » Dit-il enfin

Il y eu un silence. Jake ne pouvait pas le voir, mais de l’autre côté du fil, sa mère pleurait presque de soulagement. Ne pas savoir où il était, c’était comme une torture.
Elle se racla la gorge et soupira.

-« Très bien » Fit-elle en contrôlant le ton de sa voix. Il y eu un nouveaux silence. « Tu vas bien, mon lapin ? » Demanda t’elle ensuite

Jake fit la grimace. Il avait envie de répondre ‘Non pas du tout mais si tu n’étais pas aussi chiante je pourrais revenir à la maison !’
Pourtant il se contenta d’un…

-« Ouais »

-« Tu es sûr ? »

-« Mais ouiii ! Si ça n’allait pas je te le dirai quand même ! »

-« Si il y a bien une personne à qui tu ne dirais pas ce genre de chose, c’est moi, Jake Nielston »

-« Recommence pas ! » grogna le jeune homme

-« D’accord, d’accord, ne t’énerve pas… bon, qu’est-ce que tu compte faire ? »

-« Comment ça ? » Demanda t’il dans un soupire en s’allongeant sur le lit

-« …ma question est claire ! »

-« Non, je ne rentre pas » Répondit-il d’un ton morne
Il entendit un juron marmonné dans le cornet.

-« Très bien ! » Fit-elle d’un ton sec malgré ses efforts pour ne pas faire transparaître sa déception

-« … ça veut pas dire que je viendrais plus jamais te voir tu sais maman… » Lui dit Jake sur un ton plus doux pour la consoler

-« J’ESPERE BIEN QUE TU VAS VENIR ME VOIR, NON MAIS QU’EST-CE QUE TU CROIS ??!! » Beugla soudain sa mère au jeune homme qui avait reculé le portable de son oreille pour ne pas finir sourd

-« Bah si tu hurles comme ça, ça va pas être pour tout de suite ! »

-« J’hurle par ce que tu dis ça comme si tu me faisais une faveur ! »

-« Roh mais non, enfin, je viendrais samedi, d’accord ? »

-« Non » Lui fit sèchement sa mère

-« …hein ? »

-« On dit pas ‘hein ?’ on dit ‘quoi ?’ et tu ne peux pas venir me voir par ce que le samedi, tu travailles ! »

-« ... déjà, on dit pas ‘quoi ?’ on dit ‘pardon ?’ et ensuite je comprend RIEN de ce que tu dis ! T’as craqué ou quoi ? »

-« Si tu veux habiter seul et faire ta vie à Portland, ok ! Mais mon fils ne deviendra pas l’un de ces parasites sans travail ! Tu n’as aucune idée de comment gérer un budget, tu joues avec l’argent et tu n’as aucune idée de sa valeur ! Tu ne sais pas te retenir ! Dans trois jours, a 10 contre 1 tu n’as plus un seul sous sur toi ! Et si on compte sur toi pour chercher ACTIVEMENT du travail on n’a pas fini de compter !! Donc j’ai pris les devants et j’ai téléphoné à Anton. Il accepte de te prendre comme serveur »

-« … c’est une blague ? » Demanda Jake en se redressant lentement, la tête ahurie

-« Absolument pas ! »

-« … MAMAN !! T’ES PAS MALADE ?! De quoi tu te mêles ?! J’ai même pas eu le temps de chercher, je viens d’arriver, comment tu peux êtres aussi sûre que j’allais tout foirer ?! » S’exclama t’il, complètement estomaqué

-« Je ne le sais pas, mais je ne préfère pas prendre de risques »
Jake ne trouva rien à répondre à ça et se contenta de pousser un grognement colérique.

-« Oh tu peux pester autant que tu veux, ça n’y changera rien ! »

-« Je veux pas aller travailler chez ce type !! » gémit-il, horrifié

-« Oh allons, ce n’est qu’à mi-temps ! Tu ne vas pas en mourir ! Et puis tu le connais bien !»

-« A peine ! » La contredit-il, sa voix défaillante d’incrédulité

-« M’enfin Jake ! C’est l’un de mes plus vieux amis ! Il était venu passer Noël à la maison quand tu avais 6 ans et il s’était déguisé en père Noël pour toi !! » Fit-elle en omettant bien sur de préciser que Anton était vraiment très saoul ce soir là, et qu’il avait fait tellement peur à Jake que l’enfant en avait fait des cauchemars pendant plusieurs mois

-« J’m’en souviens pas » Soupira celui-ci au grand soulagement de Nora

-« C’est quelqu’un de très bien, et j’ai confiance en lui » Argumenta t’elle encore

-« Oui mais c’est un chasseur ! »

-« Pas du tout » Nia outrageusement Nora

-« Oh, maman, j’t’en prie… » Répondit Jake sur le ton de celui à qui on ne la fait pas

-« Il ETAIT chasseur, mais il a perdu une jambe, alors maintenant il tient un bar ! »

-« Ouais, c’est trop logique » Marmonna le jeune homme

-« S’il te plait, Jake, fais un effort, va là-bas et regarde un peu comment ça se passe ! De toute façon ça ne te prendra pas tout ton temps ! Tu ne seras pas payé des montagnes mais au moins tu auras un revenu stable en attendant de trouver quelque chose d’autre. Tu peux faire un essai par exemple ! Travail là-bas une semaine et vois comment se présentent les choses. Tu vas peut-être t’y plaire, te faire des amis, qui sait ?! Anton est quelqu’un de très … communicatif ! Je suis certaine que vous allez vous entendre tous les deux ! Si c’est d'être barman qui t’embête, dis-toi que c’est ton première emploi et que tu ne peux aller qu’en montant ! Et… »

-« Raaaah ça va, ça va ! Tais-toi ! J’ai compris, c’est bon j’irai mais par pitié … tais-toi ! »

-« D’accord je me tais ! Mais sache quand même qu’il t’attend ce soir, tu as un bic ? Je vais te donner l’adresse »

-« Ouais » Marmonna le jeune homme avec tout l’entrain dont il était capable, c'est-à-dire : aucun « Et comment il s’appelle son bouge ? » Demanda t’il ensuite tout en cherchant de quoi écrire dans son sac

-« Le Devil’s Creek » Répondit sa mère

Jake s’interrompit dans son mouvement et leva sa main libre au ciel. Le Devil’s Creek… avec un nom comme ça, ça promettait d’être marrant…
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