Supernaturalsgirls - Family Business

Episode 1 – Story, Bloody Story

Part One

La nuit commençait à peine à tomber. Les rues étaient tranquilles à cette heure-ci de la journée. A peine vingt-deux heures. Les mains dans les poches, une jeune fille d’environ dix-sept ans marchait sur le bord du trottoir, le col de sa veste en jean relevée. Une légère brise soufflait sur les rues de Salem, refroidissant l’air de cette nuit d’été. Les vacances d ‘été, un pied total. Elle passait toutes ses journées chez ses cousines, tantôt chez Avril, tantôt chez Jo… et rentrait chez elle le soir. L’avantage d’avoir ses parents habitant près de chez soi. Pouvoir les voir souvent. A à peine deux pâtés de maison. Là, elle tournait à l’angle de la rue, et elle arrivait à…

Quelque chose n’allait pas. Les grands yeux bleus de la jeune fille rencontrèrent une foule de gens, massés dans la rue. A une heure pareille … Il n’y avait pas de match de baseball. On n’était pas jour de fête national . ça ne pouvait signifier qu’une seule chose : un drame. Les gens adoraient ça. Et, sans savoir pourquoi, ni comment, un mauvais pressentiment déferla sur la jeune fille. Ses mains devinrent instantanément moites, son rythme cardiaque s’accéléra en même temps que son pas. Plus elle s’approchait, plus elle trouvait que … c’était près de chez elle. Trop près de chez elle. Se frayer un passage à coups d’épaules. Jusqu’au cordon de la police. Le camion des pompiers. Et …

Un hurlement s’étouffa dans sa gorge. Sa maison … ses paupières se crispèrent, lui soustrayant cette vision d’horreur. Non, ce n’était pas possible, elle devait cauchemarder … et pourtant… Quand elle rouvrit les yeux, la réalité la frappa de plein fouet. Des flammes léchaient les rideaux du salon. Quel salon ? Il n’y avait plus de salon. Tout le bâtiment était la proie d’un incendie gigantesque. La bouche sèche, elle n’arrivait pas à crier. Foudroyée sur place. Mais … où … ? Affolé, son regard parcourut les badauds se pressant autour. Où étaient-ils ? Où étaient-ils BORDEL ? Ils devaient être là, quelque part, enveloppés dans des couvertures, là, à côté du camion … Mais où étaient-ils ??? Inconsciemment, elle passa la barrière mise en place par les autorités, les cherchant du regard. Une main se posant sur son épaule la fit soudain sursauter.

Je suis désolé mademoiselle, vous ne pouvez pas rester ici …
Mais c’est ma maison …
Ah … Je vois …
Où sont mes parents ? Et mes sœurs ? Ils étaient à l’intérieur !
… Vous ne pouvez pas rester ici Mademoiselle …
Où sont-ils ?
Venez …
OU SONT-ILS ??????

Baby J … Baby J, réveille-toi …

Ses paupières s’ouvrirent immédiatement, et son regard, d’abord, rencontra celui, brun, de Jo, qui la scrutait, soucieuse, retournée du siège avant de la voiture tandis que les prunelles bleues d’Avril la fixaient, en intermittence dans le rétroviseur. Jude se passa une main lasse dans les cheveux, avant de détourner les yeux.

Arrêtez de me regarder comme ça …
Baby J, est-ce que ..
… ça va ? Vous allez me le demander toutes les fois où je hurle dans mon sommeil ? Merde, ça fait trois semaines, laissez-moi le temps …

Elle surprit le regard qu’échangèrent ses deux cousines. Mais son attention se reporta vite sur le paysage défilant à travers la fenêtre. Avec tous ces arbres redéfilaient les trois semaines passées. Non, ce cauchemar n’était pas qu’un simple mauvais rêve. Ça s’était réellement déroulé. Il y avait eu … l’interrogatoire de police. L’enterrement. Ce deuil, impossible à faire. Et puis cet homme, qui avait demandé à lui parler. Qui lui avait dit qui il était. Un chasseur. Mais pas un chasseur au sens « chasse pêche et tradition ». Non. Il combattait les forces surnaturelles. Le surnaturel …. Jude y croyait. Oui, il n’y avait pas de honte à le dire. Mais de là à imaginer quelque chose comme ça … Il lui avait dit que sa famille avait été la victime d’un démon. Il lui avait demandé, si, à sa connaissance, quelqu’un de sa famille aurait eu des « capacités » extra-naturelles. Si elle avait de telles capacités. Réponses négatives. Il lui avait dit qu’il ferait son possible pour l’aider. Et il était parti. Cependant, il n’avait pas été question pour elle de laisser un autre faire le travail à sa place. Quelle que soit la chose qui avait fait ça, elle allait la retrouver … et lui faire payer. Alors … préparation, entraînement, fabrication de faux papiers, arnaque chez les banques … Et elles étaient parties. Toutes les trois. Sur la route. A la recherche de phénomènes paranormaux. Et après, advienne que pourra.

Et un cas elles en avaient déniché un. Denver, Colorado. Cinq morts assez … étranges pour ainsi dire. Des hommes, environ la quarantaine bien sonnée, retrouvés vidés de leur sang dans leur salle de bain, fermées de l’intérieur. Du gore, du gros, du superbe … Exactement ce qui convenait à l’humeur de la jeune fille. Et, pour cette première chasse, elle allait s’en donner à cœur joie.

Quand Avril se gara devant le motel, Jude les retint d’un geste avant qu’elles ne descendent de la voiture.

Désolée … pour tout à l’heure.
Pas grave …
On en parle plus, ok ?
J’vous aime les filles.

Chambre demandée, trois sacs jetés sur trois lits, deux masses s’effondrant sur deux lits et une se dirigeant vers la salle de bains. Jo, évidemment, la reine de la maniaquerie de l’hygiène, première et dernière dans la salle de bains en toute occasion :

Bon, moi je vais me prendre une petite douche si ça vous dérange pas.
J’suis deuz !
Moi j’men fous, le temps que vous me laissez un peu d’eau chaude.

Deux secondes ou quelque chose dans le genre après …

AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHH !!!

Deux soupirs blasés.

Elle a dut voir une araignée.
Comment veux-tu qu’elle chasse des fantômes et ce genre de trucs si elle a peur des petites bestioles ?
Bon, qui se lève pour aller l’écraser ?
SURTOUT VOUS PRESSEZ PAS, TOUT VA BIEN !!!!

Secouant la tête, un petit sourire amusé aux lèvres, ce fut Jude qui se décolla de son matelas, attrapant une basket au passage.

C’est bon, je me dévoue …

Poussant la porte de la salle de bains (heureusement qu’elle n’avait pas fermé à clef, sinon pour le coup, ç’eut été comique), elle vit en effet que sa cousine était collée au mur, livide, les yeux rivés sur… une petite araignée de deux centimètres de diamètre grand maximum. Se retenant de ne pas éclater de rire, elle balançant sa chaussure dessus, écourtant ainsi la vie de cette petite arachnée dont le seul tort avait été de croiser Jo Summer, qui avait, était il encore nécessaire de le préciser, une phobie monstrueuse des araignées. Elle s’autorisé néanmoins une légère pointe de sarcasme (ben oui, sinon ce n’était pas drôle) :

C’est bon, ça y est, super Jude t’as sauvée. Tu peux te doucher maintenant, où il te faut un garde du corps anti-araignées ?

Une serviette en pleine figure et un claquement de porte plus tard, le bruit de la douche se fit enfin entendre.

A suivre …